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02-06-2020

12:30

Youssouf Fall dévoile ses ambitions pour le basket mauritanien sur Sport News Africa

Sport News Africa - Réélu à l’unanimité à la tête de la Fédération mauritanienne de basketball (FMB), le 1er février dernier, Youssouf Fall veut donner une nouvelle dimension au basket mauritanien. L’ancien international s’est confié à Sport News Africa (SNA) sur les grandes ambitions de ce deuxième mandat de quatre ans. Entretien.

SNA : Vous avez été plébiscité le 1er février, avant de revenir sur vos ambitions pour ce second mandat, parlez-nous d’abord du premier. Quel bilan en tirez-vous ?

Youssouf Fall : Durant ce premier mandat, nous avons d’abord pu construire un siège social équipé et fonctionnel qui est aujourd’hui la propriété de la Fédération. Toutes nos réunions statutaires s’y tiennent régulièrement depuis 2015. Ensuite, nos statuts ont été revisités en 2017.

En 2018, nous avons participé aux réunions majeures de la FIBA et payé tous nos arriérés cumulés de cotisation, créé un site web (www.fbbrim.com). Le championnat national a été rétabli et se dispute régulièrement. Nous avons participé en 2017 et 2018 à l’Afro basket 3X3 et obtenu de la FIBA deux nouveaux terrains synthétiques, nos clubs bénéficient chaque année d’une dotation en ballons offerts par la FIBA. Et ces réalisations ne représentent même pas 5% des actions prévues dans notre Plan stratégique 2017-2020.


Actualité oblige, comment gérez-vous cette période d’arrêt des activités sportives, en raison de la pandémie de Covid-19 ?


En bons sportifs, respectueux des règles et consignes de nos dirigeants, nous avons demandé à nos sportifs de respecter les règles édictées par nos autorités pour lutter contre cette pandémie et de contribuer à l’effort de sensibilisation des populations. Pour cela, nous avons utilisé nos canaux d’information habituels, les réseaux sociaux et notre site www.fbbrim.com où des messages sont affichés en permanence. Nous avons mis à contribution cette période pour faire avancer nos dossiers administratifs, concevoir nos futurs projets pour le développement du basket national. Nos entraîneurs ont aussi fait parvenir à leurs joueurs des programmes de travail qu’ils exécutent à domicile.


On sait qu’en Mauritanie, le sponsoring est un grand problème pour le sport, comment arrivez-vous à organiser et boucler vos compétitions nationales ?


La mobilisation des ressources nécessaires à la réalisation de nos programmes est un vrai parcours du combattant. Très peu de sponsors investissent effectivement dans le sport. Par ailleurs, rares sont les ministres en charge du Sport dans notre pays à avoir compris et accepté que le développement du sport incombe à l’Etat, au même titre que l’éducation, la santé, etc. et que les fédérations ne sont que délégataires de pouvoirs que l’Etat doit assister dans leur mission régalienne. Les budgets annuels alloués par l’Etat à notre Fédération ne sont pas réguliers. Durant mon premier mandat, outre une subvention annuelle dérisoire de près de 40.000 euros, nous n’avons enregistré qu’un petit appui financier de l’UNFPA d’environ 2.700 euros et un autre, non négligeable, de l’Union Européenne, d’un montant de près de 53.000 euros.


On constate que la saison a connu des retards depuis votre réélection. Qu’est-ce qui explique cette situation ?


La saison 2020 est arrivée juste après les changements politiques intervenus dans notre pays en 2019, avec un nouveau président de la République et un nouveau gouvernement. Pour notre Fédération, il y a eu aussi l’Assemblée générale qui m’a reconduit à la tête de la Fédération. Tous ces changements ont rendu difficile la mobilisation des ressources pour le démarrage du championnat national 2020. Et un mois après notre élection, le COVID-19 est venu bouleverser tous les calendriers sportifs. Ce sont les raisons du retard du démarrage de la saison. J’espère qu’à la fin de cette pandémie, nous pourrons reprendre normalement nos activités.


À quand la généralisation de la pratique du basket sur toute l’étendue du territoire mauritanien ?


Nous sommes déjà présents dans 13 des 15 régions administratives du pays. Seuls l’Inchiri et le Tagant ne sont pas encore concernés par nos activités. Mais notre objectif à court terme est d’étendre la pratique du basket dans ces deux. Et pour le long terme, nous souhaitons l’introduire dans tous les départements administratifs.


Qu’en est-il de l’absence de la Mauritanie des compétitions continentales ? La dernière participation du pays remonte au tournoi de la Zone 2 en 2012 à Praia, au Cap-Vert. Comment l’expliquez-vous ?


Mieux, la dernière participation de nos seniors garçons à l’Afro Basket remonte à 1985. Notre Fédération a tenté en 2017 et 2018 de renouer avec la scène internationale après plusieurs années d’absence en participant à l’Afro Basket 3X3 hommes et dames où nous avons enregistré de bons résultats. Malheureusement, cet élan a été brisé par le manque de ressources. Les causes essentielles de la non-participation de nos équipes peuvent se résumer ainsi : volonté politique encore faible, absence quasi-totale de ressources pérennes malgré l’existence d’un Fonds spécial dédié au financement du sport. Tant que l’Etat ne votera pas un budget spécifiquement dédié au sport pour financer la préparation et la participation de nos athlètes, l’organisation des stages et la formation des cadres, la construction d’infrastructures sportives, l’achat d’équipement et les récompenses des sportifs de haut niveau, nos résultats resteront maigres et une grande partie de la population sera privée de son droit à la pratique sportive que lui confère la loi de 2016 sur le développement du sport.


La Mauritanie ne dispose toujours pas d’une salle de basket, à quand la réalisation de cette infrastructure tant attendue par les acteurs ?


Nous sommes le seul pays maghrébin et l’un des rares pays africains au Sud du Sahara à ne pas disposer de salle. C’est une vieille doléance de la famille sportive dans son ensemble, car cette salle servira plusieurs autres sports. Elle servira également à la culture, à la politique et au social. Le projet était bien avancé, il a été cité au moins à deux reprises dans la Déclaration de politique générale du Premier ministre du régime précédent. Les plans d’architecture ont déjà fait l’objet d’appel d’offres. La construction d’une salle couverte Omnisports peut s’inscrire dans le cadre de la « Réhabilitation, mise à niveau et construction d’équipements sportifs » prévues au Programme électoral du chef de l’Etat. La Fédération a déjà renouvelé cette doléance auprès des nouvelles autorités et a bon espoir que ce projet se réalisera sous peu. C’est mon vœu le plus cher. J’en appelle donc à l’Etat, aux partenaires et aux chefs d’entreprises afin de soutenir financièrement la Fédération et de manière pérenne, dans la réalisation de ses programmes en faveur des jeunes de Mauritanie.


Propos recueillis par Hachim El Yemani






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