Cridem

Lancer l'impression
20-06-2020

19:25

Déclaration du FONADH à l'occasion de la journée du réfugié

FONADH - A l’instar des défenseurs de droits humains à travers le monde, les militants et responsables du FONADH, célèbrent la Journée mondiale du Réfugié, le 20 juin de chaque année, la Journée mondiale du Réfugié, pour manifester notre solidarité à tous les réfugiés sur notre planète.

Cette année, nous célébrons la Journée mondiale du réfugié dans un contexte de forte mutation sociale. Une pandémie a éprouvé notre résistance et mis en lumière des inégalités chroniques. Elle nous a également permis de créer d’autres types de relations.

En effet, la Mauritanie accueille, depuis quelques années des milliers de réfugiés : des dizaines de milliers de réfugiés maliens, des Subsahariens, des Syriens, etc.

Les Maliens, seuls accueillis dans un camp à l’est du pays (M’Berra), connaissent des conditions difficiles, en dépit des efforts d’assistance de la part des autorités mauritaniennes et de la communauté internationale. Les autres, en particulier les Subsahariens vivotent en ville, à Nouakchott notamment, dans un dénuement quasi-total. Ces derniers et les Syriens vivotent parmi nous, dans la grande indifférence.

Outre la solidarité de principe des militants des organisations membres du FONADH, plusieurs de ces derniers, anciennement réfugiés au Sénégal, ressentent avec commisération la situation de ces victimes.

C’est pourquoi chaque année, le 20 juin est aussi pour nous l’occasion de rappeler à l’opinion publique nationale et internationale, le sort non enviable de milliers de citoyens mauritaniens déportés vers le Sénégal et le Mali à l’occasion des douloureux évènements de 1989. Plus de vingt mille personnes souffrent encore aujourd’hui l’exil forcé, au Sénégal et au Mali, dont la plupart ne demandent qu’à regagner la mère patrie.

Leurs compagnons d’infortune, rapatriés dans le cadre du Programme Spécial Insertion Rapide (PSIR) de 1996 à 1998 (environ 35 000 personnes) et ceux qui s’étaient auto – rapatriés (environ 15 000 personnes) ont un sort encore moins enviable. En effet, non seulement ils n’ont bénéficié presque pas d’assistance, mais souffrent pour beaucoup d’entre eux de non accès aux pièces d’état civil. Même les rapatriés dans le cadre de l’Accord tripartite (24 536 personnes) restent insatisfaits des actions insuffisantes, en leur faveur, pour leur installation et leur insertion économique et social.

Et, comble de malheur, un nombre important de ces derniers restent sans pièce d’état civil, privant ainsi, des dizaines d’enfants de scolarité et de possibilité de déplacement aux adultes. C’est ce qui a fait dire à certains que ces personnes sont devenues « des réfugiés dans leur propre pays ».

La déportation des citoyens mauritaniens vers le Sénégal et le Mali constitue une des violations les plus graves des droits humains du siècle dernier. Dès lors, il convient de lui trouver des solutions sérieuses, durables et consensuelles.

En effet, comme pour les victimes des exécutions extra - judiciaires (passif humanitaire), les solutions apportées sont jusqu’à ce jour incomplètes et partiales. Non seulement tous les réfugiés ne sont pas rapatriés, mais encore les activités d’insertion durable sont nettement en – deçà des seuils minima de réparation. On a la pénible impression de solutions superficielles, pour tromper la vigilance de l’opinion publique.

C’est pourquoi le FONADH, à l’occasion de cette journée commémorative,

• s’incline pieusement devant la mémoire des disparus, victimes d’une véritable déportation par les autorités mauritaniennes ;

• demande aux autorités, en accord avec le HCR, une plus grande attention en faveur des réfugiés accueillis sur notre territoire ;

• dénonce le manque d’actions en faveur des rapatriés depuis la création de TAAZOUR ;

• exige le rapatriement du reste de réfugiés encore au Sénégal et au Mali ;

• exige que tous les rapatriés recouvrent entièrement leurs droits, en particulier celui des terres de culture et une réparation juste et conséquente ;

• exige la mise en œuvre d’un programme d’insertion durable, en faveur de tous les rapatriés, pour leur insertion harmonieuse dans le tissu social de notre pays ;

• exige la reconstitution de carrière des fonctionnaires et agents de l’Etat victimes des évènements 1989.

Fait à Nouakchott, le 20 juin 2020

Les signataires :

Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH),

Collectif des Anciens Fonctionnaires de la Police Victimes des Evénements de 1989

Collectif des Rescapés, Amnistiés, Détenus Politiques Civils Torturés(CRADPOCIT)

Collectif des Veuves,

Comité de Solidarité avec les Victimes des Violations des Droits Humains en Mauritanie(CSVVDHM),

Groupes d’Etudes et de Recherches sur le Démocratie et le Développement Economique et Social (GERRDES),

Ligue Africaine des Droits de l’Homme (Section Mauritanie),

Regroupement des Victimes des Evénements de 1989- 1991 (REVE),

SOS – Esclaves,

Association de la Femme Citoyenne Engagée (AFCE)

Association des Femmes Chefs de familles (AFCF),

Association Mauritanienne pour la Promotion de la Langue et de la Culture SOONINKE (AMPLCS),

Association pour la Renaissance du Pulaar en RIM (ARPRIM),

Association pour le Renforcement de la Démocratie et de l’Education Citoyenne (ARDEC),

Association pour le Développement Intègre de L’Enfant (APDE),

Association pour la Promotion de la Langue Wolof en RIM (APROLAWORIM),

Association d’Appui au Développement à la Base (SALNDOU).

Ligue Mauritanienne des Droits de l’homme (LMDH),

Union Nationale des Rapatriés Mauritaniens du Sénégal (UNRMS)





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org