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À la Une: le sommet du G5 Sahel à Nouakchott
RFI Afrique - « Six mois après le sommet de Pau, c’est une rencontre sur la consolidation du 'sursaut militaire' qui s’est tenue hier dans la capitale mauritanienne, pointe L’Observateur Paalga au Burkina, en présence des chefs d’État du G5 Sahel, de leur homologue français, Emmanuel Macron, du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki, de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, du Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez.
Ont également participé à cette rencontre grâce à la magie de la vidéoconférence, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président du Conseil italien, Giuseppe Conte.
Du beau linge de nouveau au chevet du Sahel. Un semestre donc après les engagements de Pau, où en est-on ? », s’interroge L’Observateur Paalga.
Succès militaires et catastrophe humanitaire
Si l’on en croit les participants aux retrouvailles de Nouakchott, des progrès importants auraient été enregistrés… À commencer, pointe le quotidien burkinabé, « par le renforcement des effectifs de Barkhane qui passent de 4.500 à 5.100 hommes, la mise en place d’un état-major commun, un meilleur partage des renseignements et des succès militaires dans la zone dite des 'Trois frontières' où sévit l’Etat islamique au Grand Sahara. »
En effet, « sur le plan opérationnel, des territoires entiers ont été repris aux terroristes dans ce triangle de feu et de sang (…). Cerise sur le gâteau, s’il en est, Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, a été neutralisé début juin au Mali. Pour autant, estime L’Observateur Paalga, on aurait tort de se gargariser de ces succès qui apparaissent comme autant de coups d’épée dans l’eau tant la réalité sur le terrain reste des plus préoccupantes. »
En effet, sentiment d’abandon des populations, insécurité constante et des millions de personnes déplacées au Burkina Faso, au Mali et au Niger…
Trop d’exactions de la part des soldats
Et il y a aussi les bavures militaires… Dans une tribune publiée par Le Monde Afrique Corinne Dufka, directrice Afrique de l’Ouest de Human Rights Watch, appelle les bailleurs de fonds à dénoncer les violations perpétrées par les forces de sécurité. Pour elle, « les atrocités commises par des militaires favorisent le recrutement par les groupes armés. (…) Les gouvernements, l’UE et l’ONU, poursuit-elle, qui dénoncent régulièrement et à juste titre les atrocités commises par des islamistes armés, ont globalement gardé un silence honteux et gênant sur les abus perpétrés par les forces de sécurité, malgré de nombreuses allégations crédibles portées contre elles. Cette attitude timorée a non seulement semblé enhardir les forces gouvernementales mises en cause, mais a aussi déçu les victimes et les militants de la société civile. »
Bouchées doubles
En tout cas, pointe Aujourd’hui, à Ouagadougou, « les différents katibas recrutant au sein de populations à l’évidence délaissées, l’Alliance pour le Sahel devra mettre les bouchées doubles pour concrétiser les projets structurants, les projets de développement, pour ceux qui se considèrent comme des damnés de la terre, pour qu’ils se sentent des citoyens à part entière. Du reste, Macron l’a souligné avec force, les populations déplacées, meurtries devront retrouver leurs terres, leur chez soi. Derechef, il faut que les bailleurs de fonds daignent mettre la main à la poche, or sur ce plan, si la France, les Arabes et quelques autres ont libéré leurs promesses, beaucoup reste à faire. »
« Ne répétons pas l’Afghanistan ! »
Et qui plus est, relève Jeune Afrique, l’aide financière devra être mieux utilisée… Comme l’exprime un acteur de l’aide, cité par l’hebdomadaire « ce ne sont pas les ministres avec qui il faudrait parler, mais avec les maires de villages qui savent mieux que tout le monde si leur école a besoin de bancs, de livres ou de murs. Ne répétons pas l’Afghanistan où 100 milliards de dollars ont été dépensés en dix ans en pure perte. Nous pourrions faire mieux et moins cher en ciblant les opérateurs de terrain, collectivités locales et associations, et en acceptant de donner plus de souplesse à l’exécution de nos projets. C’est la seule solution pour qu’on ne nous dise pas : vous prétendez dépenser des milliards, mais rien ne change. »
Par
Frédéric Couteau