Mohamed Ould Mohamed El Hacen - J’écris ces mots alors que je suis encore sous l’effet d’un choc terrible. Pour préserver ma santé, je laisserai, dans une première étape, libre cours à mes sentiments, mes émotions, à la fureur...،

Viendra, peut-être, dans quelques jours, le temps de l’analyse, de la réflexion et de la recherche des leçons et des solutions. Et pour causes, de terribles nouvelles nous parviennent dans nos lieux de confinement respectifs.

Défiant tous les systèmes de contrôle et toutes les valeurs morales et professionnelles, de vulgaires faussaires de monnaies ont pu violer, de l’intérieur et de l’extérieur, l’Outil de notre souveraineté monétaire, le Régulateur de notre sytème bancaire et son contrôleur à travers des systèmes et des garde-fous qui doivent être normalement efficients, l’Emetteur de notre monnaie fiduciaire, billets de banque, le Banquier de notre Trésor public, la Banque de toutes nos banques et le Gardien exclusif des avoirs en devises et en or de notre pays : la BCM, Banque Centrale de Mauritanie.

Citoyen mauritanien, je pleure ma patrie.

Econonomiste, spécialiste de finances-monnaie- banque,ancien, de surcroît, de la Banque centrale de Mauritanie, je pleure l'Ouguiya, notre monnaie nationale.

Je ne pleure pas beaucoup les Dollars authentiques remplacés par des faux dollars, ni la perte de quelques centaines de millions de MRU ou O.

Je pleure, plutôt et avant tout, l'honneur et le prestige de l’Institution et de ses fondateurs vivants . Je salue la mémoire de ses martyrs.

Je pleure et je salue ces hommes qui étaient la "bonne monnaie" de notre pays. Cette institution, pour laquelle je me suis tant dévoué, aux côtés de mes honorables aînés Messieurs Ahmed ould Daddah, Moustapha ould cheikh, Mohamedou, Sid Ahmed ould Bneijara, Dieng Boubou Farba Moustapha ould Khlifa Ahmed ould Zein, Ba Adama et bien d’autres encore, était l'endroit le plus propre, au sens propre et au sens figuré, l'Institution la plus performante, la plus efficace la plus fiable, la plus respectée et la plus FIERE dans notre pays, et peut être, dans toute la Sous-région.

Citadelle inaccessible, préservée et immunisée contre toutes les maladies qui peuvent atteindre les entreprises,les hommes et la Société, par ces (ses) premiers fondateurs, la première institution économique financière et monétaire de notre pays a été depuis de nombreuses années, convoitée, puis sabotee. Depuis des années, elle est aussi l'objet de critiques timides et de suspicions qui n'osent pas trop s'afficher, tellement le crédit reçu en héritage de ses fondateurs, était inépuisable.

Aujourd’hui, elle est et nous avec elle victime d’une une agression flagrante et au gran jour!

S’agit - il d’un cas isolé ou une partie d’un iceberg ou bien, il s'agit du maillon d’une chaîne et d’un processus?

Tout ce qui touche à la monnaie et la Banque centrale relève souvent des intérêts majeurs de la Nation et parfois de la raison d’Etat. Je ne peux qu’être prudent et réservé en attendant que les enquêtes aboutissent. Je recommande à tous mes compatriotes, en l’occurrence, sur les réseaux sociaux, la même attitude d'attente et de retenue!

Dans cette triste affaire qui vient s’ajouter à des centaines d’autres scandales décennaux qui minent notre économie, nos finances, notre système bancaire, et par conséquent qui sapent notre moral, il y a des motifs de consolation. La première raison qui pousse à l'optimisme est l’avènement, avec la Commission d’enquête parlementaire, d’une, espérons le, nouvelle ère dans laquelle, les Décideurs publics seront tenus de rendre des comptes et de répondre de leurs agissements.

La deuxième raison réside dans le fait que l’actuel Gouverneur, nommé récemment par le Nouveau President de la République est l’un des meilleurs économistes du pays et un professionnel de banque centrale.

Enfin, le fait que l'affaire n'a pas été escamotée nous fait espérer un niveau inaccoutumé de transparence.

Courage!

Mohamed ould Mohamed El Hacen

Directeur de l’institut 2ires

Ancien Inspecteur à la BCM

faardgs@gmail.com