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"On était battus comme des ânes" : la police s’acharne sur les employés de l’ENER en sit-in devant la Primature
Les travailleurs de l’ex-ENER étaient en sit-in devant la Primature ce mercredi 15 Juillet. Cette manifestation a fini par être dispersée violemment par la police, plusieurs blessés ont été admis dans un hôpital de Nouakchott.
« Nous souffrons…cela fait 30 mois que nous sommes dans la rue et on n’a pas toujours reçu nos droits. Ce mercredi matin, alors qu’on était en sit-in de rappel, on a été pris d’assaut. Cela a commencé par des verbalisations, puis par des brutalités, des coups. Ils ont tapé les gens, ils ont frappé les femmes, ils ont brusqué les gens. Ils les ont même mis à terre.
On a été pris de court. En tombant, je me suis blessée. Je me suis rendue à la clinique pour faire un bilan. Car, je n’arrivais pas à respirer correctement. J’ai des cicatrices au bras », explique l’une travailleuses de l’ex-ENER, Anna Haidara.
« Je suis tombée des nues aujourd’hui. Je ne pensais pas qu’en ce 21e siècle, dans un pays comme la Mauritanie qui se dit un Etat de droit, que ce genre de choses pouvait arriver. La police nous est tombée dessus avec agressivité sans égale, alors que nous réclamions juste nos droits. Nous lançons un appel au Président de la République. Est-ce que nous devons être battus comme des ânes alors que nous demandons nos droits ? Si, on ne peut pas revendiquer nos droits dans notre pays, on va le revendiquer où », ajoute Mme Anna Haidara.
Lors d’une conférence de presse dans les locaux du FONADH, les travailleurs de l’ex-ENER ont annoncé avoir déposé une plainte contre la police pour usage de force disproportionnée.
Pour rappel, en 2018, le gouvernement mauritanien fait tomber la sentence : il procède au renvoi sans aucune forme de procès 137 travailleurs de l’ancien établissement national de l’entretien routier (ENER).
Dans la foulée, les autorités de l’époque décident de fusionner l'ENER avec l’ATTM, une filiale de la SNIM avec l’engagement de reverser tous les travailleurs à cette société qui se chargera de l’accomplissement des missions anciennement dévolues à la défunte entreprise publique. Depuis, c’est le branle-bas de combat du côté des travailleurs de l’ENER pour recouvrer leurs droits.
L’Union pour la Cohésion Nationale dénonce…
Dans un communiqué transmis à CRIDEM, le président de l’Union pour la Cohésion Nationale, UCN, Mohamed Dellahi, a dénoncé les violences policières sur les travailleurs de l’ENER qui étaient en sit-in devant la Primature.
« Devant une situation inqualifiable, face à de tels actes, nous les membres de l'Union pour la cohésion nationale condamnons énergiquement cette agression. L'Union pour la cohésion nationale rappelle que cette ère d'impunité est révolue, car notre pays, la Mauritanie a amorcé un virage l'orientant vers une atmosphère de justice, de paix, d'égalité et surtout de droit. Ces malfrats ne peuvent pas ralentir l'élan patriotique que la majorité du peuple a enclenché, rien ne peut freiner notre volonté de vouloir aller de l'avance, dans le cadre d'une paix gage d'une nation stabilisée, où chaque citoyen se sent pleinement mauritanien à part entière », réaffirme Mohamed Dellahi.
« L'Union pour la cohésion nationale considérant que toutes les citoyennes et citoyens ont le droit de manifester, de réclamer, de dénoncer, soit leur droit ou l'injustice, du fait que ces droits sont garantis par la Constitution, et s'ils ne sont pas respectés, cela peut saper la stabilité du pays, exigeons que toute la lumière soit faite sur cette agression ignoble, et que les auteurs endossent toute leur responsabilité », poursuit le communiqué de l’UCN, citant leur président, Mohamed Dallahi.
Du côté des travailleurs de l’Ex-ENER, on ne compte pas baisser les bras jusqu’à l'obtention de leurs droits, interpellant dans la foulée le président Ghazouani.
Par Babacar Baye NDIAYE, pour Cridem