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Esquisse du portrait-robot de la configuration gouvernementale
Mohamed Yahya Hamoud Abdel Wedoud -
Les Mauritaniens attendent, depuis jeudi dernier, la formation de l'équipe gouvernementale que choisira le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, sur proposition du tout nouveau Premier ministre Mohamed Ould Bilal.
Les Mauritaniens sont unanimes sur la nécessité pour cette équipe de refléter les aspirations populaires d'une réponse efficace aux effets économiques de la pandémie de Corona.
Un secret absolu entoure les consultations présidant à la formation de l'équipe gouvernementale. Qu'à cela ne tienne, il est clair qu'il y a urgence à former un «nouveau type de gouvernement» davantage capable de diriger et de surmonter la situation difficile que traverse le pays depuis plusieurs années, situation qui s'est aggravée à cause de la pandémie.
Les suspects out.
Dans une interview accordée à un média local, le président d'un parti d'opposition affirme attendre de tous les «ministres de la dernière décennie» qu'ils déclinent l'offre d'entrer au prochain gouvernement, pour épargner à la future formation gouvernementale les répercussions qui résulteraient de «l'enquête pénale» amorcée par les autorités judiciaires, sur la base du rapport de la commission d'enquête parlementaire.
Le leader opposant en question s'attend à ce que certains ministres du gouvernement précédent ne soient pas reconduits à leurs postes ou à d'autres au sein de la nouvelle équipe, pour leur implication dans des affaires de corruption, selon le rapport de la commission d'enquête parlementaire qui les incrimine.
D'autant que le futur gouvernement doit être composé de ministres efficaces et capables de répondre promptement aux préoccupations des citoyens.
Rééquilibrage.
Quant à ce qu'il appelle des «équilibres», la même source s'attend à ce que des «déséquilibres liés à l'absence de certains partis mauritaniens du gouvernement» soient corrigés, soulignant que le nombre de ministres de la frange «Haratine» pourrait être revu à la hausse, de même que celui des négro-africains et des femmes.
L'homme qu'il faut à la justice.
Il a ajouté qu'il s'attend au choix d'un "nouveau" ministre de la justice qui soit en mesure de diriger ce département en cette période critique qui nécessite de mener la réforme de la justice, de manière à opérer l’indépendance du pouvoir judiciaire par rapport à l'exécutif.
Ce qui suppose la sélection d'un praticien du droit qui soit loin des interactions entre les divers intervenants dans les divers appareils du pouvoir judiciaire.
Priorité à l'économie.
D'autre part, un analyste insiste sur l'urgence de "former une équipe économique forte, qui soit le noyau solide du gouvernement", qui puisse en être la locomotive, considérant que cette équipe devra comprendre "un ministre du pétrole compétent, un ministre de la pêche fin négociateur, un ministre de l'économie expérimenté et un ministre du Développement rural au fait de ce secteur vital". Tous quatre devront être intègres et honnêtes.
La même source a ajouté que les critères de compétence, d'intégrité et d'efficacité devront être privilégiés lors du choix des membres de l'équipe économique du gouvernement plutôt que les considérations politiques, régionales ou tribales», indiquant, toutefois, que certains sièges du gouvernement pourraient être attribués à des ministres «politiques» chargés de défendre le gouvernement et ses programmes, tandis que «l'équipe économique» devra vaquer au développement et à l'amélioration des conditions de vie du citoyen avec diligence.
Consultation et liberté de manoeuvre.
Cette source s'attend à une sorte de «stabilité» à l'égard des ministères de souveraineté, tels que l'intérieur, les affaires étrangères, la défense, la justice, l'économie et les finances.
Concernant le mécanisme de formation du gouvernement, un observateur, qui se veut avisé, a déclaré que le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, accorde au nouveau Premier ministre le pouvoir de choisir les ministres avec lesquels il juge de pouvoir travailler, tandis que le Président se réserve le choix des ministres en charge des départements de souveraineté.
D'ailleurs, le nouveau Premier ministre consulte "étroitement" la Présidence au sujet de la formation du gouvernement, comme c'était le cas hier, mais aucune information n'a fuité de cette réunion.
Contacts... à distance.
En définitive, des contacts ont lieu avec certaines personnalités pour leur éventuelle entrée au gouvernement, mais "à distance", crise de Coronavirus oblige, car aucune personnalité n'a été convoquée au palais présidentiel, et un secret total entoure ces contacts, dans l'attente de l'annonce officielle du gouvernement.
Selon un observateur, aucun changement ne sera probablement opéré à la structure du gouvernement, si ce n'est le "porte-parole du gouvernement", qui reviendra en toute logique au ministre en charge de l’information. Un autre affirme, en revanche, que cette possibilité serait "à l’étude par un "comité d'experts" qui plancherait sur la question.
Par Mohamed Yahya Hamoud Abdel Wedoud (journaliste, écrivain, traducteur)