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17-09-2020

18:16

Un mécanisme efficace crédible d’alerte et d’investigation pour les cas d’esclavage

Ce jeudi 17 Septembre, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) a organisé une journée d’échanges et d’information sur son approche au sujet de la question des droits de l’Homme.

La rencontre a réuni un partenaire de personnalités du pays. Parmi elles, on peut citer le député Khlil Ennahaoui, l’ex-diplomate et ancien ministre Ahmedou Ould Abdallah, l’ancien ministre de la justice, Ball Amadou Tijane, l’ancien président de la CENI Sid’Ahmed Ould Babamine, le président de la Convergence Démocratique Nationale (CDN) Mahfoudh ould Bettah, l’ancien président de la Communauté urbaine de Nouakchott (CUN) Ahmed Ould Hamza, le président des Forces de Progrès et du Changement (FPC) Samba Thiam…

Etaient aussi présents : Giacomo Durazzo, Ambassadeur de l'Union européenne, Michael Dodman, Ambassadeur des États-Unis, Mme Gabriella Linda Guellil, ambassadrice de la République Fédérale d'Allemagne.

Nous vous proposons l'intervention de Maitre Bouhoubeyni, président de la CNDH :

[...]

Nous avons mis sur pied un mécanisme opérationnel en partenariat avec le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme comme conseiller technique et en partenariat avec le FONADH et l’AMDH, l’organisation Save Children qui nous a accompagné une fois.

Ce mécanisme fait en toute impartialité, crédibilité et sérieux les investigations nécessaires à chaque fois qu’un cas d’esclavage est signalé. Plus jamais les O.N.G. ne pourront déclarer de faux cas d’esclavage comme les en accusent les autorités.

Plus jamais les autorités administratives ou judiciaires ne pourraient traiter avec complaisance des cas d’esclavage comme les en accusent les autorités. L’issue des investigations sera rendue publique et tout sera mis en œuvre pour que la justice suive son cours normal afin de punir le plus sévèrement les auteurs et prendre en charge les victimes si les cas d’esclavage sont avérés.

Ce mécanisme est ouvert, nous vous invitons à le rejoindre, vous les chancelleries accréditées en Mauritanie, le PNUD, l’UNICEF, le BIT et à travers vous, nous invitons les organisations Human Right Watch et Amnesty International qui ont l’habitude d’opérer en Mauritanie et les ONG actives dans le domaine de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie à venir nous rejoindre.

En précisant les dates et les lieux de nos prochaines caravanes, nous facilitons la tâche aux O.N.G. et défenseur des droits de l’homme qui souhaitent nous aider à identifier, localiser, atteindre et libérer des personnes réduites à l’esclavage. Notez que nous opérerons dans la wilaya de l’Assaba du 1er au 15 octobre, dans la wilaya du Hodh El Gharby du 15 au 30 octobre, dans la wilaya du Hodh Chargui du 30 octobre au 15 novembre et dans la wilaya du Tagant du 15 au 30 novembre avec une permanence ouverte à Nouakchott et nous sommes évidemment indépendamment de ce calendrier prêts à intervenir en tous lieux et à tout moment dès lors qu’un cas ou des cas d’esclavage sont signalés.

Au retour de nos missions, nous présenterons le bilan des cas d'esclavage identifiés et des actions engagées.

Notre objectif n’est pas de démentir ceux qui pensent que la Mauritanie renferme des centaines de milliers d’esclaves peut-être ont-ils raison.

Nous allons simplement transformer le débat sur la question de l’esclavage en Mauritanie en chantier d’investigation pour libérer le dernier esclave, en action concrète sur le terrain pour en finir avec les slogans et avec les débats stériles.

Le partenariat avec la délégation Taazour
Indépendamment des enquêtes sur les cas éventuels d’esclavage, les caravanes organisées par la Cndh ont permis de constater la situation des citoyens que la précarité, la vulnérabilité, la pauvreté et l’ignorance exposent à toutes les formes d’exploitation, de marginalisation, de discrimination.

La solution des problèmes auxquels sont confrontés ces citoyens ne peut être obtenue à travers la seule lutte contre l’esclavage car pour utiliser leur propre formule "notre problème n’est pas l’esclavage, sans doute que le poids de l’histoire de l’esclavage y est pour quelque chose, mais notre problème s’appelle l’eau que nous puisons encore avec grand effort de loin, la santé nos femmes accouchent et parfois perdent la vie en charrettes en direction du plus proche mais néanmoins loin point de santé, notre problème s’appelle l’école dont nos enfants ont perdu le chemin dans un désespoir mobilisateur et vous savez pertinemment que le désespoir est dangereux quand il devient mobilisateur, vous savez pertinemment que ces enfants sur les charrettes et ces petites bonnes sont immanquablement de futures esclaves, le logement, le travail, la sécurité sociale, l’accès aux services sociaux de base, le matériel agricole, les coopératives pour nos femmes, l’accès au service public, l’égalité des chances, l’égal accès au service public, l’égal accès aux fonctions publiques, l’état civil, et parfois plus simplement la radio, la télévision, nos problèmes sont des problèmes économiques, les solutions doivent être des solutions économiques rapides car le temps presse comme vous ne pouvez pas l’imaginer".

C’est dans ce cadre que nous avons signé un accord avec la délégation générale Taazour à la solidarité nationale et la lutte contre l’exclusion qui considère désormais la commission nationale des droits de l’homme comme un conseiller stratégique pour l’orienter, pour l’aider à identifier les problèmes posées aux citoyens, accompagner la réalisation des revendications légitimes de ces citoyens en matière de droits économiques, sociaux et culturels ainsi que leur mise en œuvre et enfin suivre en aval l’impact des actions menées.

C’est le lieu encore une fois d’inviter les O.N.G. et les défenseurs des droits de l'homme pour nous accompagner dans le ciblage que nous allons faire afin de faciliter l’accès aux populations les plus vulnérables aux services sociaux de base pour rompre la chaîne héréditaire de la pauvreté, l’exclusion, la marginalisation et la discrimination.

En effet, les progrès en matière de droits de l’homme supposent l’alliance entre trois acteurs. L’Etat sans lequel on ne peut rien faire étant le premier responsable et comptable des droits de l’homme, les militants et les professionnels.

Les militants des droits de l’homme doivent dès lors nous accompagner Nous souhaitons que le combat de tous soit orienté vers la mise en œuvre des moyens disponibles pour réduire la fracture, les inégalités, les injustices, la discrimination plutôt que les discours stériles.

C’est l’occasion de remercier la délégation Taazour pour ce partenariat, de remercier le ministre de la santé pour ses actions ponctuelles dont la dernière en date est l’ambulance de MBOUT, de remercier le ministre de l’enseignement et de l’hydraulique pour leur réactivité et disponibilité à traiter les cas soumis par la Cndh, qui témoignent aujourd’hui de notre vrai statut de conseiller du gouvernement, de remercier la société civile pour sa confiance, de remercier l’ambassade d’Allemagne qui a accepté d’accompagner notre partenariat avec la délégation Taazour, l’ambassadeur d’Espagne qui a bien voulu nous mettre en rapport avec l’ombudsman espagnole avec qui nous envisageons une bonne coopération et surtout l’Union européenne et le bureau du haut commissariat des nations unies qui ont bien voulu nous financer un projet de nature à renforcer les capacités de la Cndh pour mieux jouer son rôle de promotion et de protection des droits de l’homme en Mauritanie.

Telles sont les trois axes stratégiques de l’action de la commission nationale des droits de l’homme que j’ai eu l’honneur de vous présenter :

- Les caravanes de sensibilisation

- Le mécanisme d’investigation pour identifier et traiter les cas d’esclavage

- Le partenariat avec la délégation Taazour pour la réalisation de droits économiques et sociaux en priorité en faveur des populations les plus vulnérables.

Je m’adresse à vous partenaires du développement, amis de la Mauritanie pour vous inviter à accompagner cette dynamique dans ses trois volets et dans son ambition de faire de la commission nationale des droits de l’homme une force de proposition et de visions alternatives pour enrichir et densifier le débat sur la question des droits humains, améliorer les méthodologies de mise en œuvre des politiques publiques de promotion des droits humains et favoriser des consensus nationaux autour des impératifs de protection et de promotion des droits humains.

D’accompagner la Cndh dans son agenda transformationnel des droits humains en Mauritanie, l’intégration effective des droits humains dans les instruments nationaux de politique et stratégie de développement et enfin la lutte contre les pratiques et normes sociales préjudiciables et attentatoires et l’habilitation des groupes vulnérables et leur familiarisation avec leurs droits pour qu’ils les connaissent et sachent les défendre.

Je vous remercie de votre présence massive et de votre écoute attentive et je remercie les personnalités ici présentes qui sont notre appui et conseil de tous les jours.

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