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22-06-2025

14:34

Mission économique britannique à Nouakchott : Nouveau tournant dans la relation bilatérale?

La Dépêche - Alors que les échanges commerciaux de la Mauritanie restent largement tournés vers l’Union européenne, un rapprochement stratégique avec le Royaume-Uni semble se consolider.

En témoigne l’annonce d’une mission économique britannique à Nouakchott, prévue pour les 30 juin et 1er juillet 2025, qui pourrait marquer un tournant dans les relations bilatérales post-Brexit.

Depuis sa nomination, le nouvel ambassadeur du Royaume-Uni à Nouakchott, SEM Guy Harrison, multiplie les rencontres avec les institutions économiques mauritaniennes dans une volonté claire de diversifier les partenariats économiques avec le pays. Une coopération loin de donner encore toutes ses promesses.

Attirer les investisseurs british

C’est dans cette dynamique qu’il s’est entretenu avec Aïssata Lam, directrice générale de l’Agence pour la Promotion de l’Investissement en Mauritanie (APIM). L’objectif affiché: attirer davantage d’investisseurs britanniques vers les projets porteurs du pays.

Ce dynamisme s’inscrit dans une logique de diversification des partenaires économiques de la Mauritanie, encore fortement dépendante de l’Europe continentale. En 2023, l’Union européenne représentait 76,7 % des échanges commerciaux européens du pays, avec en tête l’Espagne (42,8 %), suivie par la France (14,6 %), la Suisse (9,8 %) et la Belgique (9,5 %)…Londres cherche encore sa place sur ce podium où son image est déjà associée au levier des investissements gaziers britanniques (GT/Ahmeyim).

L’implantation de British Petroleum (BP) en Mauritanie constitue, en effet, un atout de taille dans ce rapprochement. La présence d’un géant énergétique tel que BP donne une crédibilité supplémentaire aux relations économiques bilatérales et offre un point d’appui pour élargir les partenariats, notamment dans le secteur des hydrocarbures et des énergies renouvelables.

Une mission économique comme catalyseur

Pour donner un socle à cette volonté de diversification économique, la mission de commerce britannique, prévue fin juin, est la suite logique d’une volonté exprimée à Londres en décembre 2024, lors d’un forum d’affaires organisé à cet effet. À cette occasion, les autorités mauritaniennes –ministre de l’économie et des finances et la DG de l’APIM- avaient mis en avant leur vision stratégique de développement.

Pour booster la coopération économique bilatérale, une autre rampe de ce rapprochement concerne le secteur financier avec la relation privilégiée de la Banque Centrale de Mauritanie avec la Bourse de Londres, dans la perspective de créer une bourse nationale à Nouakchott. Une pierre à l’édifice pour une coopération financière accrue qui vise à améliorer l’accès au financement pour les entreprises locales et à attirer des capitaux étrangers, en particulier britanniques.

Ce recentrage partiel vers le Royaume-Uni traduit une volonté politique mauritanienne d’ouvrir ses marchés à de nouveaux acteurs, tout en consolidant sa souveraineté économique. Du côté britannique, il s’agit de conquérir de nouveaux espaces économiques en Afrique francophone, longtemps délaissés au profit de la zone anglophone.

La réussite de la mission économique pourrait ouvrir la voie à un partenariat plus structuré et durable, intégrant aussi bien l’investissement privé que les institutions financières. Un test grandeur nature pour cette nouvelle relation.

Alors wait and see.





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