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06-07-2025

20:30

Pour le général Maayiv, l’armée mauritanienne souffre de nombreux maux

SHEMS MAARIF - « On ne peut pas gérer une crise avec des têtes vides, des mains nues et des poitrines exposées. » Cette déclaration percutante émane du général à la retraite Lebatt Ould Maayiv, ancien directeur du renseignement militaire, dans une interview largement relayée sur les réseaux sociaux.

Dans cette sortie rare et remarquée, Ould Maayiv dresse un constat sévère sur l’état de l’institution militaire mauritanienne. Il dénonce des carences structurelles profondes, alimentées par une corruption endémique, une opacité totale dans la gestion des ressources et l’absence d’un commandement compétent.

Selon lui, l’équipement et la modernisation de l’armée sont confiés à des circuits privés relevant de réseaux familiaux liés au pouvoir, bien loin des standards professionnels. « Il est impossible de bâtir une force nationale sérieuse lorsque les contrats d’armement sont monopolisés par des intérêts claniques », affirme-t-il. Il cite à ce propos un ancien président — sans le nommer — qui aurait lui-même critiqué la gestion actuelle de ces marchés sensibles.

Toujours dans l’interview, Ould Maayiv alerte sur un climat de peur qui entoure les questions militaires, où toute tentative de débat est étouffée. Il estime que la dissimulation des dysfonctionnements aggrave les vulnérabilités de l’institution, notamment en cas de crise.

« Les vraies faiblesses apparaissent dès qu’un imprévu survient. C’est à ce moment que l’on mesure l’ampleur du vide, aussi bien dans le commandement que dans les moyens », souligne-t-il.

Pour illustrer son propos, le général prend l’exemple des États-Unis, où l’armée — pourtant la plus puissante au monde — fait l’objet de critiques régulières et de débats publics. « Là-bas, l’examen de la force militaire est considéré comme un droit citoyen ; ici, poser une question sur un pick-up militaire acheté à Dubaï, ou sur un lot d’armes déclassées, suffit à être accusé d’atteinte aux secrets d’État », regrette-t-il.

Selon lui, il est urgent que la Mauritanie rompe avec cette culture du secret et de la soumission, et engage une réforme structurelle du secteur militaire. « Il faut cesser la fuite en avant et reconnaître l’échec. C’est le seul chemin vers un redressement crédible », conclut-il.





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