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12-07-2025

19:29

Incendie à Las Palmas : 60 personnes évacuées, les « victimes » mauritaniennes touristes invisibles

LA DÉPÊCHE - Un incendie s’est déclaré tôt mercredi matin 39, rue Docteur Miguel Rosas, en plein cœur du quartier populaire de Las Canteras, à Las Palmas de Gran Canaria.

Le feu, qui a ravagé un immeuble d’habitation, a nécessité l’évacuation de 60 personnes. Douze blessés sont à déplorer, dont un enfant de trois ans hospitalisé au Materno Infantil et un adulte dans un état grave pris en charge à l’hôpital Negrín.

Mais au-delà du drame humain, ce sinistre met en lumière une réalité sociale souvent ignorée dans les discours officiels : parmi les personnes évacuées, 48 étaient des ressortissants mauritaniens, arrivés avec des visas en règle, de l’argent, et l’intention de consommer dans les commerces locaux. Pourtant, leur présence ne semble pas entrer dans le cadre traditionnel du tourisme tel qu’il est promu par les institutions.

Des touristes invisibles

Dans une ville qui valorise ses visiteurs européens et leur pouvoir d’achat, ces touristes africains sont rarement qualifiés comme tels. Aucun chiffre officiel ne les mentionne. Aucune campagne de communication ne les cible.

Pourtant, selon des sources du tissu commercial local, ces visiteurs originaires de Mauritanie injecteraient chaque semaine jusqu’à 600 000 euros dans les commerces de la zone de Mesa y López. Un apport économique ignoré par les grandes enseignes et institutions qui préfèrent « communiquer en français » et accueillir le numérique et les nomades occidentaux comme les ambassadeurs modernes de la ville.

Un silence institutionnel troublant

L’origine de l’incendie reste à déterminer. Si certaines hypothèses évoquent un mégot de cigarette ou des travaux en cours au rez-de-chaussée, d’autres sources locales parlent d’un acte potentiellement volontaire. La Police scientifique a ouvert une enquête.

Mais ce que dénonce une partie de la population locale et associative, c’est surtout le silence des autorités. Aucun protocole d’urgence n’a été déclenché pour la relocalisation rapide des victimes. Aucun représentant institutionnel ne s’est exprimé officiellement sur la situation des touristes mauritaniens, certains d’entre eux étant partis précipitamment, abandonnant leurs valises et leurs effets personnels, craignant — à tort — une intervention policière ou des représailles.

Une tragédie révélatrice

Ce drame révèle un malaise plus profond dans la gestion de la diversité à Las Palmas. Dans une ville où l’image touristique est soigneusement calibrée pour plaire aux marchés européens, certaines vies semblent peser moins que d’autres dans la balance médiatique et politique.

Si un tel incendie s’était produit dans un complexe hôtelier de Maspalomas, impliquant des visiteurs allemands ou britanniques, les chaînes nationales auraient sans doute relayé l’information dès les premières heures.

À Las Palmas, ce qui brûle hors du cadre institutionnel et promotionnel semble destiné à rester dans l’ombre.

Cet article est traduit avec l’aimable autorisation de la source.





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