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Nouakchott : la crise de l’eau, un défi structurel / Par Amadou Ba, Expert en Gouvernance et Droit de l'Homme
Nouakchott traverse aujourd’hui l’une des crises de l’eau les plus graves de son histoire récente. Pourtant, ce problème n’a rien de nouveau. Habitant le quartier Zaatar depuis plus de dix ans, je ne me souviens pas d’un seul été sans pénurie sévère d’eau.
Ces dernières années, l’accès à cette ressource vitale est devenu quasi inexistant.
Le constat est clair : la crise est profonde et structurelle, comme l’ont reconnu les autorités à tous les niveaux.
Contrairement à ce que l’on peut entendre dans certains médias, je suis convaincu qu’il existe, au sein de la SNDE et des ministères concernés, des compétences techniques capables de résoudre ce problème de manière définitive. Le Premier ministre, Moctar Ould Diaye, a d’ailleurs félicité le Président de la République pour avoir trouvé une solution durable.
Mais une question demeure : pourquoi en sommes-nous arrivés là, malgré nos ressources humaines et financières ? Pourquoi n’avons-nous pas disposé du niveau de prévision nécessaire pour éviter une telle crise ?
Deux obstacles, à mon sens, freinent la prise de décision :
1. La gouvernance — Une gouvernance fragile, marquée par le non-respect des responsabilités et l’absence de recours aux compétences appropriées, empêche l’élaboration de solutions réfléchies et durables.
2. La transparence — À l’heure où l’information est à la portée de tous, il est trop facile de construire un récit qui ne correspond pas à la réalité. Dire la vérité, même si elle dérange, est une obligation morale. Il faut savoir cibler le public, adapter le message et choisir le bon canal de communication. Les responsables doivent se rappeler que leur mission première est de servir le citoyen et de l’informer en temps utile.
Cette crise a durement frappé les populations de Nouakchott, majoritairement vulnérables, et l’élan national de solidarité à leur égard a été, hélas, insuffisant. N’était-ce pas l’occasion pour les hommes d’affaires, les cadres et les grandes entreprises de prouver leur engagement en matière de responsabilité sociale ?
Quoi qu’il en soit, saluons son Excellence le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pour avoir trouvé une issue à cette crise — même si, comme le dit l’adage, « il n’y a pas de mérite à accomplir son devoir ». Félicitons également les habitants de Nouakchott pour le retour de l’eau dans les foyers… en espérant que, cette fois, ce soit pour longtemps.
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