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14-08-2025

15:27

M. Diop Amadou Tidiane, président du FRUD Espoir Mauritanie et de son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale: « Il n’y a pas de crise interne au FRUD »

Le Calame - Que se passe-t-il au FRUD, deuxième force de l’opposition mauritanienne, traversé par comme une espèce de tumulte ces derniers temps, l’adoption par le parlement d’un nouveau règlement intérieur a remis une couche, les divergences sont apparues de plus belle au sein du parti ?

Diop Amadou Tidiane : Soyons clairs dès le départ : il n’y a pas de “crise interne” au FRUD. Les rumeurs qui circulent relèvent avant tout d’une campagne de diabolisation, soigneusement montée de toutes pièces et sans la moindre preuve, par certains cercles politiques et médiatiques. Ces derniers préfèrent fabriquer des histoires plutôt que de débattre franchement avec nous sur le fond de nos idées et de nos propositions pour la Mauritanie.

Ce qui est présenté comme un “tumulte” n’est en réalité que des débats normaux, sains, dans un parti démocratique qui vit et qui assume la pluralité des opinions en son sein. Dans une formation politique dynamique, il est naturel que les points de vue puissent s’exprimer librement avant de converger vers une position commune.

L’adoption du nouveau règlement intérieur de l’Assemblée nationale a simplement offert à nos détracteurs un prétexte pour ressortir leurs vieilles accusations. Pourtant, notre position sur ce texte était limpide et sans ambiguïté.

Le 31 juillet 2025, lors du vote, les députés du FRUD se sont levés – rompant avec la procédure habituelle en position assise – et ont levé la main pour marquer clairement leur opposition. Ce geste symbolique, visible par tous, a été volontairement choisi pour ne laisser aucun doute sur notre position.

Si certains persistent à feindre de ne pas l’avoir vu, faut-il que nous brandissions des pancartes ou utilisions des mégaphones à l’avenir ? Ce serait presque comique si la désinformation n’était pas devenue, chez certains, une méthode politique.

En résumé, aucun remous interne n’a eu lieu au FRUD sur cette question. Les seuls agitateurs sont ceux qui cherchent à faire croire à des divisions imaginaires pour masquer notre cohésion.

-Que pourrait changer l’adoption du nouveau règlement intérieur de l’Assemblée Nationale au point qu’il crée des dissensions au sein de l’opposition ?

-Pour comprendre ce point, il faut d’abord rappeler que les divergences au sein de l’opposition démocratique ne sont pas apparues avec cette réforme du règlement intérieur. Elles existent depuis longtemps et s’expliquent par des causes bien connues : rivalités de leadership, egos mal maîtrisés, visions politiques parfois divergentes et ambitions personnelles qui, lorsqu’elles ne sont pas encadrées par un projet collectif, finissent par provoquer des tensions.

Le FRUD, lui, a toujours défendu l’idée que l’opposition devait se concentrer sur les véritables enjeux pour les citoyens, et non sur des querelles internes. Malheureusement, certains acteurs, incapables d’accepter notre montée en puissance depuis les élections de 2023, s’emploient à semer la discorde en multipliant les faux procès d’intention.

Il est important de préciser que pas un seul poste occupé aujourd’hui par le FRUD n’est le fruit d’un accord de coulisses ou d’un deal avec le pouvoir en place. Tous nos sièges et toutes nos responsabilités proviennent directement du vote populaire et de la confiance que nous ont accordée les Mauritaniens.

C’est pourquoi nous restons attachés à nos valeurs et à l’unité de l’opposition autour des grandes causes nationales. Nous refusons de gaspiller notre énergie dans des polémiques stériles qui ne profitent qu’aux adversaires de la démocratie.

- Les ambitions individuelles et les différends d’egos sont des réalités inhérentes à toute vie politique. Il n’est donc pas surprenant que certaines personnes aient, à un moment donné, envisagé ou souhaité être portées candidates à l’élection présidentielle.

- Les ambitions personnelles font partie intégrante de la vie politique, et elles peuvent même être un moteur lorsqu’elles sont guidées par un projet clair et des valeurs solides. Il n’est donc pas surprenant que certains songent déjà à l’élection présidentielle de 2029.

Au FRUD, nous ne craignons pas les ambitions, à condition qu’elles soient exprimées dans le respect des règles du parti et de sa ligne politique. Ce qui compte, ce n’est pas de déclarer une intention ou de se projeter sur un fauteuil présidentiel, mais d’apporter des projets concrets, une cohérence dans les engagements et une capacité à fédérer l’adhésion populaire.

En clair, on ne devient pas président en se contentant de vouloir l’être. On le devient en présentant un programme crédible, en incarnant des valeurs et en ayant l’expérience et la légitimité nécessaires.

Que chacun nourrisse ses aspirations est légitime, mais la priorité du FRUD reste l’action collective et la défense de notre ligne politique, au service de tous les Mauritaniens.

- Depuis des jours, les habitants de Nouakchott vivent une sérieuse crise d’eau. A votre avis pourquoi les problèmes d’eau et d’électricité sont-ils récurrents dans la capitale ? Le programme d’urgence du gouvernement pour le développement et la modernisation de Nouakchott pourrait-il régler ces problèmes récurrents?

-La situation actuelle est tout simplement déplorable : une crise aiguë d’approvisionnement en une ressource aussi vitale que l’eau, aggravée par des coupures d’électricité répétées.

La situation que vit aujourd’hui la capitale est tout simplement inacceptable. Nouakchott ne dispose d’aucune réserve stratégique d’eau, pas même pour 24 heures. Chaque litre produit est immédiatement consommé, ce qui rend la ville extrêmement vulnérable à la moindre panne ou perturbation de production.

Et cette crise n’est pas un accident isolé : elle revient chaque année, à la même période, ce qui prouve qu’il ne s’agit pas d’un hasard mais bien d’un problème structurel lié à la mauvaise gouvernance, au manque d’anticipation et parfois à une négligence manifeste de la part des autorités compétentes.

Face à cette situation, avec nos collègues de Tawassoul, nous avons organisé un sit-in devant le ministère de l’Hydraulique, suivi d’une rencontre avec Madame la Ministre. Nous avons formulé trois demandes précises :

1. Un plan d’urgence immédiat pour assurer l’approvisionnement en eau et mettre fin à cette crise.

2. Une transparence totale sur l’utilisation des fonds publics alloués à l’hydraulique.

3. Des solutions structurelles et durables, incluant des capacités de stockage, pour que la capitale ne revive plus ce cauchemar.

Quant au programme de modernisation annoncé par le gouvernement, nous restons prudents. Nous jugerons sur pièces à l’échéance annoncée par le Premier ministère. Les promesses, aussi nombreuses soient-elles, ne remplacent pas l’eau dans les robinets ni l’électricité dans les foyers.

Propos recueillis par Dalay Lam



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