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La Cour tranche : Tawassoul a validé un texte inconstitutionnel
Shems Maarif -
Quand les députés du parti Tawassoul ont voté en faveur du nouveau règlement intérieur de l’Assemblée nationale, une partie de l’opposition a crié à la trahison. Certains y ont vu un simple désaccord stratégique ; d’autres, plus lucides sans doute, ont dénoncé une manœuvre politique dangereuse, en rupture totale avec les principes que Tawassoul prétend défendre. Les faits leur donnent aujourd’hui raison.
Alors que l’opposition dans son ensemble dénonçait un texte jugé déséquilibré et favorable à la majorité, Tawassoul a fait cavalier seul. En votant pour ce règlement, sans coordination réelle avec ses alliés, le parti a brisé l’unité de l’opposition et envoyé un signal confus : peut-on prétendre défendre la démocratie tout en validant un texte contesté jusque dans ses fondements ?
Le parti a tenté de justifier son choix en évoquant « l’intérêt général » et « l’importance du règlement pour les Mauritaniens ».
Mais cet argument, répété à l’envi, ne résiste pas à l’épreuve du droit. Car la suite a été implacable : la Cour constitutionnelle a rejeté plusieurs articles du règlement, les déclarant non conformes à la Constitution. C’est une délégitimation claire et cinglante du texte que Tawassoul a soutenu.
Peut-on encore parler d’erreur de jugement ? Ou faut-il appeler cela par son nom : une faute politique ? En soutenant un texte inconstitutionnel, Tawassoul a prêté sa voix à une tentative de réécriture des règles du jeu parlementaire au profit de la majorité. Ce n’est pas une posture d’opposant responsable, c’est un acte de complaisance politique, qui affaiblit la parole de l’opposition et brouille ses combats.
Tawassoul devra répondre de ce choix, non seulement devant ses partenaires, mais aussi devant ses électeurs. Car si l’on peut toujours expliquer un vote, on ne peut pas justifier l’approbation d’un texte que la plus haute juridiction du pays juge contraire à la Constitution.
L’histoire politique mauritanienne retiendra cette séquence. Et chacun y verra, selon sa lecture, un moment de lucidité… ou de reniement.