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18-10-2025

05:00

Cheikh Bouya étrille le Programme d’urgence pour Nouakchott : « Ni modernisation, ni développement, ni urgence »

Shems Maarif -- Lors d’une émission télévisée consacrée au Programme d’urgence de développement de la ville de Nouakchott, le député Cheikh Bouya a exprimé de vives critiques à l’encontre de ce plan, qu’il a jugé confus, insuffisant et déconnecté des réalités urgentes de la capitale.

« Dès son annonce, nous avons cru qu’il s’agissait d’un programme de modernisation de Nouakchott », a-t-il déclaré. Mais très vite, selon lui, des voix officielles sont venues rectifier : il ne serait pas question de modernisation, mais de développement. Une nuance que le député juge loin d’être anodine, d’autant que le Premier ministre lui-même aurait reconnu, toujours selon Cheikh Bouya, que le programme « n’apportera pas de solution aux problèmes de la ville ».

Pour le député, cette déclaration est en contradiction avec la logique même du développement urbain : « Le développement d’une ville doit précisément viser à résoudre ses problèmes », a-t-il martelé. Il a également contesté le qualificatif « d’urgence » donné au programme : « Urgence et développement ne vont pas de pair. Et un programme dit d’urgence qui s’étale sur plusieurs années, comme l’a évoqué le Premier ministre, n’a plus rien d’urgent. »

Dans une conclusion sans appel, Cheikh Bouya a estimé que le programme « n’est ni un plan de modernisation, ni un plan de développement, ni un programme d’urgence — et encore moins un projet ambitieux ». Il a aussi regretté qu’il ne couvre que 7 secteurs sur les 31 identifiés comme prioritaires, ce qui selon lui reflète son manque d’envergure.

Le député s’est montré particulièrement virulent envers les concepteurs du programme, qu’il accuse d’avoir ignoré les priorités fondamentales des habitants de Nouakchott. Il a fustigé l’absence de réponse à des problèmes aussi critiques que l’insécurité : « Pas un seul commissariat prévu, alors que la capitale est en proie à une montée inquiétante de la criminalité », a-t-il déploré.

Il a également pointé du doigt la pénurie d’eau potable, les coupures d’électricité quasi quotidiennes, et le manque d’équipements médicaux de base dans les hôpitaux, notamment les scanners.

En somme, Cheikh Bouya voit dans ce programme une vitrine vide, déconnectée des souffrances quotidiennes des citoyens. À l’en croire, il s’agit d’un projet qui porte mal son nom, et qui, au lieu de répondre à l’urgence, semble en réalité s’en éloigner.

Poussant plus loin sa critique, le député a affirmé que ce programme n’est rien d’autre qu’une opération de communication politique, sans substance réelle, et un prétexte — selon ses termes — « pour permettre à certaines entreprises bien choisies de s’enrichir, loin des véritables priorités des habitants de Nouakchott ».

Et de conclure, avec amertume :« Le seul vrai caractère d’urgence dans ce programme… c’est peut-être de le repenser entièrement. »



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