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18-10-2025

16:28

Naufrage mortel d’un chalutier mauritanien : une ONG met en cause des intérêts européens

OUEST FRANCE - Cinq marins mauritaniens ont perdu la vie après la collision, en septembre, entre deux navires de pêche au large du cap Blanc dans la zone économique exclusive (ZEE) mauritanienne, l’une des zones de pêche les plus denses d’Afrique de l’ouest. L’enquête d’une ONG met en lumière les failles d’un système où des opérateurs européens sous pavillon africain contournent les règles, sans contrôle ni transparence.

Le 12 septembre 2025, le chalutier Tafra 3, battant pavillon mauritanien mais d’origine espagnole, a sombré au sud-ouest du cap Blanc après une collision avec le navire-usine Right Whale sous pavillon gambien. Selon les autorités mauritaniennes, vingt et un marins ont été secourus et cinq pêcheurs mauritaniens sont morts. Le parquet de Nouadhibou a ouvert depuis une enquête judiciaire.

Selon les premiers éléments recueillis, le Right Whale aurait percuté le chalutier alors que celui-ci virait ses engins de pêche.

Le capitaine et le second du navire-usine ont été placés en garde à vue. Les médias galiciens ont de leur côté recueilli les témoignages de marins espagnols rescapés, évoquant un écart de " cinq minutes " entre le choc et le naufrage.

« Responsabilité diffuse de l’Union européenne »

Un mois plus tard, la Coalition pour des accords de pêche équitables (Cape/CFFA) publie une enquête soulignant les liens européens des deux navires. Selon l’ONG, le Tafra 3 appartenait à un armement espagnol repavillonné en Mauritanie, tandis que le Right Whale, enregistré à Malte avant d’arborer le pavillon gambien, serait contrôlé par des investisseurs européens et russes.

Le rapport pointe des pavillons de complaisance permettant à certaines sociétés européennes de continuer à exploiter des ressources mauritaniennes malgré les restrictions de l’accord de pêche entre l’Union européenne et la Mauritanie.

Sans accuser d’acteurs directement, Cape/CFFA estime que cette chaîne d’intérêts " souligne la responsabilité diffuse de l’Union européenne " dans un système jugé opaque. Les autorités mauritaniennes, elles, poursuivent leurs investigations pour établir les causes exactes de l’accident et d’éventuelles fautes de navigation.

Mélanie CHARTIER





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