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Le député Sidi Maouloud : « En politique, les convictions ont déserté, le clanisme règne »
SHEMS MAARIF - Dans une récente interview diffusée sur les réseaux sociaux, le député Sidi Maouloud a vivement critiqué la majorité présidentielle, mettant en doute la sincérité de ses engagements idéologiques et dénonçant l’opportunisme politique qui, selon lui, gangrène la scène mauritanienne.
S’appuyant sur un exemple historique, l’élu a rappelé qu’en 2005, toutes les mairies du Hodh El Chargui étaient dirigées par des élus du PRDS, parti alors au pouvoir. « Moins de deux ans plus tard, ces mêmes communes — plus de 200 — ont basculé en faveur de candidats dits “indépendants”, proches du nouveau pouvoir de l’époque », a-t-il souligné.
Pour lui, cette mutation spectaculaire illustre clairement l’absence de fidélité politique et de convictions profondes.
« C’est vous dire que les convictions ne sont pas le fort de cette majorité », a-t-il lancé avec une pointe d’ironie.
Mais le député ne s’est pas arrêté là. Dans la suite de l’entretien, il a fait part de sa frustration face à l’attitude d’une partie de l’électorat, qu’il juge contradictoire. « Lors des discussions, beaucoup reconnaissent les échecs du pouvoir actuel. Mais, une fois dans l’isoloir, ils votent pour lui », déplore-t-il.
Selon lui, ce décalage entre le discours et le vote est souvent dicté par des considérations identitaires, communautaires ou claniques, bien loin des enjeux politiques réels. Il rapporte des arguments fréquemment entendus :
« Mon cousin est candidat » ou « L’autre appartient à un clan rival, on ne peut pas le laisser gagner ».
Pour Sidi Maouloud, tant que les Mauritaniens continueront de voter selon des logiques de proximité familiale ou de rivalité tribale, aucun changement structurel ne sera possible. Il appelle à rompre avec cette culture du repli et du favoritisme, qui empêche l’émergence d’un vote basé sur les idées, les programmes et la compétence.