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Édito: Transparence, l’heure des comptes !
La Dépêche -- La publication du rapport de la Cour des comptes a provoqué un véritable séisme dans les cercles du pouvoir. Le président Mohamed Ould Ghazouani, désormais libéré de l’horizon électoral, a choisi de briser l’omerta. En donnant suite aux conclusions accablantes du rapport, il engage une bataille à haut risque : celle de la transparence.
Ce n’est jamais un choix facile. Lutter contre la corruption, ce fléau enraciné au cœur de l’appareil d’État, c’est risquer de faire tomber bien plus que quelques têtes. Derrière chaque fonctionnaire épinglé se profile souvent un parrain, un mentor ou un allié politique. Et les réseaux sont profonds, puissants et tenaces.
Malgré cela, le président semble décidé à aller jusqu’au bout. Là où d’autres auraient esquivé ou temporisé, lui affirme vouloir laisser la justice faire son travail. Ce geste – encore isolé, mais lourd de symboles – pourrait marquer un tournant. Il répond aussi à une attente populaire forte : celle de voir enfin les privilèges indus et l’impunité systémique remis en cause.
Mais le chemin sera long. La corruption n’a pas attendu l’ère Ghazouani pour gangrener l’administration. Elle n’a pas non plus disparu depuis son arrivée au pouvoir. L’affaire inachevée de la Commission d’Enquête Parlementaire en témoigne. Aujourd’hui, ce sont trente noms qui émergent. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.
Pour que cette opération ne soit pas un simple coup de communication, il faudra aller plus loin. Refuser les compromis, affronter les résistances internes, démanteler les rouages ancrés. C’est à ce prix que le pays pourra espérer redresser la barre et restaurer la confiance. Car au-delà des chiffres et des procédures, c’est la République elle-même qui vacille sous le poids de l’injustice et des inégalités.
Le pari de la transparence est donc double : restaurer l’intégrité de l’État et répondre à la colère sourde d’une population frustrée, et appauvrie, par les excès d’une minorité qui se croit intouchable. C’est aussi une question de crédibilité, tant sur le plan national qu’international. Les bailleurs de fonds observent, les partenaires évaluent.
Face à cela, le président Ghazouani doit inéluctablement choisir son camp. Toute tentative d’atténuer ou de maquiller la réalité ne ferait que précipiter la perte de ce qu’il tente de sauver : son image, et celle de l’État.