Cridem

Lancer l'impression
06-11-2025

05:03

A la mémoire d’un homme, combattant et passionné du développement communautaire

Cheikh Tijani Ould Bleyil (31 décembre 1956 – 5 octobre 2025)

C’est avec une profonde tristesse et une immense émotion que la Commune de Dar El Avia, la société civile mauritanienne et l’ensemble de ses proches pleurent le rappel à Dieu de Cheikh Tijani Ould Bleyil, survenu le 5 octobre 2025. 

Né le 31 décembre 1956 dans la commune rurale de Dar El Avia, il s’en est allé après une vie entière dédiée au service de sa communauté, à la promotion du développement local et à la défense des droits humains.

Homme de convictions et de devoir, Cheikh Tijani Ould Bleyil aura marqué plusieurs générations par son engagement sincère, son sens aigu de la justice sociale et sa capacité rare à rassembler autour des causes justes.

Ex-maire de la Commune de Dar El Avia, il a incarné une conception noble et humaine de la politique : celle d’un instrument au service du bien commun. Sa gestion, empreinte de proximité et d’écoute, a laissé une empreinte durable dans la mémoire de ses concitoyens, qui voyaient en lui un leader visionnaire, accessible et profondément attaché à ses racines.

Professionnellement, Cheikh Tijani Ould Bleyil fut un praticien chevronné du développement communautaire. Il a commencé sa carrière en tant que technicien à l’Armée de l’Air Mauritanienne. Il fut l’un des pionniers qui ont développé la flotte militaire Mauritanienne.

Il intégré ensuite la Société Nationale de l’Industrie et des Mines (SNIM) avant d’œuvré auprès d’institutions de référence en développement local telles que World Vision Mauritanie, l’ONG Actions et l’IMF de Djikké, où il a contribué à la mise en œuvre de programmes d’appui aux populations vulnérables, à la promotion de l’agriculture durable et à l’autonomisation économique des femmes et des jeunes. Par son expertise, son pragmatisme et son humanisme, il a su traduire les grands principes du développement en actions concrètes et durables, souvent dans des contextes difficiles.

Militant infatigable de la société civile, Cheikh Tijani Ould Bleyil a apporté un soutien technique et logistique déterminant à la création et à la formalisation de nombreuses coopératives agricoles et artisanales, ainsi qu’à la constitution des unions de coopératives. Il croyait profondément à la force du collectif, à la solidarité locale et à la dignité du travail. Sa vision reposait sur une conviction simple mais puissante : le développement ne peut être véritable que lorsqu’il émane des communautés elles-mêmes, de leur savoir-faire et de leur volonté de se prendre en main.

En parallèle, il fut un ardent défenseur des droits humains, notamment à travers son implication au sein du FONADH (Forum national des droits de l’homme) et du Collectif intercommunal de défense des propriétés foncières des autochtones des communes de Dar El Avia, Ould Birom et Dar El Barka. Par son courage et son intégrité, il s’est battu pour la reconnaissance et la protection des droits fonciers, la justice sociale et la paix entre les communautés. Grace à son leadership et son rôle de Muslih, sa voix, toujours ferme mais empreinte de respect, a souvent su apaiser les tensions et rappeler l’importance du dialogue.

Sur le plan politique, Cheikh Tijani Ould Bleyil fut un homme de principes et de conviction. Membre successif du parti d’opposition Action pour le Changement (AC), puis de l’Alliance Populaire Progressiste (APP), il avait récemment rejoint le parti Insaf, dont il fut l’un des visages les plus respectés au niveau local, régional et national. C’est sous cette bannière qu’il fut investi à la Mairie de Dar El Avia, où il s’est distingué par sa rigueur, sa probité et son engagement pour un développement équitable.

Au-delà du responsable public, du militant et du professionnel, Cheikh Tijani était un père et un frère attentif, un ami fidèle et un homme de foi, toujours guidé par des valeurs de simplicité, de respect et de service. Ceux qui l’ont connu garderont le souvenir d’un homme bienveillant, discret mais déterminé, profondément attaché à la terre et aux siens.

Bientôt un mois depuis son décès, et avec sa disparition, la Mauritanie perd l'un de ses bâtisseurs silencieux, un acteur du développement durable, un défenseur du vivre-ensemble et de la dignité humaine. Mais son œuvre, ses valeurs et son exemple continueront d’inspirer tous ceux qui croient, comme lui, en une société plus juste, plus solidaire et plus humaine. Car le vrai pouvoir ne vient pas des trônes ou des soit disant grandes familles, mais de celles et ceux qui changent le monde en silence. Et lui, il avait ce pouvoir.

Le combat du défunt Cheikh Tijani continuera à travers tous les membres de sa famille, ses amis et anciens collaborateurs. Nous bâtirons sur ses œuvres pour l’atteinte des objectifs qu’il s’est fixé pour sa famille, sa communauté et son pays. Il était et il restera une référence pour moi mais également pour plusieurs de par ses valeurs, sa modestie, sa détermination, son pragmatisme, son professionnalise, sa rigueur dans le travail, sa sociabilité, son ouverture sur l’autre, sa foi et son sens communautaire de vivre-ensemble.

Que son âme repose en paix, lui qui était un symbole de citoyenneté. L’état Mauritanien doit lui rendre l’hommage et le respect qu’il mérite pour se rattraper et compenser le manque, l’oubli et la négligence de sa prise en charge pendant sa maladie.

Qu’Allah, dans Son infinie miséricorde, l’accueille parmi les siens et lui accorde le repos éternel dans le Virdaws.





Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité


 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org