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SANS DÉTOUR | Mauritanie : quand la plume perd son goût
Orbite News 24 -
L’intelligence artificielle transforme profondément le rapport à l’écriture, et la Mauritanie n’échappe pas à ce bouleversement. Une génération de jeunes, fascinée par les prouesses des machines, s’improvise désormais écrivains. En quelques clics, naissent des textes fluides et bien structurés — mais sans âme, sans cette vibration humaine qui fait la vérité d’une œuvre.
Autrefois, écrire était un acte de patience et d’exigence. La plume exigeait du silence, du temps, de la lecture et un engagement sincère avec le monde. Aujourd’hui, beaucoup se contentent de bricoler des phrases, de rafistoler des idées glanées ici et là, confiants dans le vernis de la forme plutôt que dans la profondeur du sens. Les “plumes de l’IA” ont l’élégance du vide : elles savent composer, mais ignorent le goût.
Les bibliothèques, jadis temples de la pensée, accueillent désormais plus de productions artificielles que de textes habités. On y trouve des œuvres lisses, sans aspérités, où l’on admire la technique mais où l’on ne sent plus le cœur. Ces nouveaux artistes de la préciosité littéraire manient les mots comme des bijoux, sans jamais leur donner de vie.
Le danger n’est pas la technologie elle-même, mais le renoncement qu’elle favorise : celui de la réflexion, de l’effort et du style personnel. La Mauritanie, héritière d’une tradition poétique et orale d’une rare richesse, doit veiller à ne pas troquer la sincérité contre l’apparence.
Car la littérature n’est pas affaire d’algorithmes, mais de souffle. Ce n’est pas la perfection d’une phrase qui émeut, mais la fragilité d’une voix humaine qui cherche à dire vrai. Tant que l’écriture sera confiée à des programmes sans âme, les bibliothèques risquent de se remplir — mais le cœur de la lecture, lui, restera vide.
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