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Ould Bellal : “Les présidents mauritaniens engraissent leurs fidèles avant de les sacrifier”
Shems Maarif -- Dans une publication au ton mordant, l’ancien ministre Mohamed Vall Ould Bellal a livré une critique sévère du mode de gouvernance des présidents mauritaniens, dénonçant un système fondé sur le clientélisme, les privilèges et la loyauté intéressée.
Sous le titre métaphorique « Le Bétail d’engraissement », Ould Bellal compare la stratégie des chefs d’État à celle d’un éleveur choisissant des béliers pour les nourrir et les faire prospérer, avant de les mener à l’abattoir.
« Lorsqu’un président accède au pouvoir, il s’emploie à créer des appuis, des relais et des intermédiaires sur lesquels asseoir son autorité. Il sélectionne des “hommes” selon ses goûts et ses critères personnels — non pour leur expérience politique ou professionnelle, mais pour leur audace, leur ruse, leur disponibilité et leur loyauté absolue », écrit-il.
Selon l’ancien ministre, ces hommes « ne proviennent pas nécessairement du milieu politique ou administratif », mais sont souvent choisis « en dehors des élites connues », avant d’être « engraissés » par un système d’avantages : marchés publics, privilèges fiscaux, postes dans les entreprises d’État, projets publics ou attributions foncières.
« Peu à peu, ils prennent de l’ampleur, deviennent des figures influentes, capables de mobiliser des foules et de donner l’impression d’avoir une base populaire. Le président finit par croire qu’ils sont de grands leaders, oubliant qu’il est lui-même la source de leur pouvoir et de leur richesse », poursuit-il.
Mais cette illusion, avertit Ould Bellal, s’effondre à la première crise politique :
« Quand le régime vacille, le président les conduit symboliquement à l’abattoir, tandis qu’eux s’en sortent indemnes, profitant de ce qu’ils ont accumulé sous sa protection, avant de se rallier sans scrupule à son successeur. »
Et de conclure :
« C’est à ce moment-là seulement que le chef de l’État réalise qu’ils ne travaillaient pas pour lui, mais pour eux-mêmes, et que leur fidélité n’était qu’un calcul d’intérêt. »
Par cette métaphore saisissante, Mohamed Vall Ould Bellal dresse un portrait sans concession du système politique mauritanien, où, selon lui, la loyauté ne relève pas de la conviction, mais de l’opportunisme.