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19-11-2025

19:52

La France est préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest [en]

AFRIQUE DE L’OUEST ET SAHEL

INTERVENTION DE M. JÉRÔME BONNAFONT,

REPRÉSENTANT PERMANENT DE LA FRANCE AUPRÈS DES NATIONS UNIES

AU CONSEIL DE SÉCURITÉ

New York, le 18 novembre 2025

Monsieur le Président,

Je remercie Monsieur le Secrétaire général et Monsieur le Président de Commission de la CEDEAO, le Docteur Omar Alieu Touray, pour leurs interventions. Par vos remarques, vous avez, l’un et l’autre, non seulement posé le diagnostic mais aussi proposé des pistes d’actions concrètes pour notre Conseil.

Je salue aussi l’organisation par la Sierra Leone de cette réunion, au moment où la situation en Afrique de l’Ouest et au Sahel mérite toute l’attention de ce Conseil, au moment où vous-même, Monsieur le Président de la République, déployez des efforts au nom de la CEDEAO pour renouer le dialogue et trouver des chemins d’apaisement.

Je salue enfin la participation des représentants des pays de la région, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso, le Ghana, à nos côtés.

Monsieur le Président,

Le Sahel, plusieurs l’ont dit, est devenu le foyer principal des violences terroristes, victime à lui seul de près de la moitié des décès liés au terrorisme recensés dans le monde l’an dernier. Des branches des principales mouvances jihadistes, l’Etat islamique et Al Qaeda, y sont implantées, et leur progression fait peser une menace croissante non seulement sur les Etats du Sahel central mais aussi sur le Golfe de Guinée, comme en atteste la multiplication des attaques dans les pays côtiers.

La situation sécuritaire et humaine est devenue particulièrement préoccupante au Mali où le JNIM a décrété début septembre un blocus énergétique sur Bamako. Nous condamnons avec fermeté les violences intolérables perpétrées par les groupes terroristes et la menace que fait peser le terrorisme sur la stabilité de la région comme sur la paix et la sécurité internationales.

Cette situation appelle une réponse collective. Au-delà de la nécessaire action contre les groupes terroristes, la priorité doit être donnée au rétablissement du dialogue régional et de la confiance, plusieurs intervenants l’ont indiqué. La fragilisation de l’architecture institutionnelle régionale ces dernières années a rendu la région plus vulnérable.

Il est nécessaire d’enrayer cette dynamique et de retrouver la voie de la coopération et du partage d’informations face à la progression de la menace terroriste. La France salue les efforts que vous menez en ce sens, Monsieur le Président de la République, Monsieur le Président de la Commission de la CEDEAO.

La détérioration rapide de la situation au Sahel nous rappelle que les solutions exclusivement militaires ne sauraient suffire, surtout quand elles sont entachées de violences envers les populations.

Pour être efficaces, les efforts de lutte contre le terrorisme doivent suivre une approche globale, permettant de lutter non seulement contre les terroristes, leurs financements, leurs accès aux armements, leurs idéologies qui révoltent la conscience humaine, leurs crimes qui ne sauraient rester impunis, mais lutter tout autant contre les causes de ce fléau et les facteurs de recrutement.

Cette approche inclut la préservation des droits et libertés fondamentaux, le renforcement des structures de gouvernance et de l’Etat de droit, l’appui à la résilience des communautés les plus vulnérables, des politiques de développement inclusives, ainsi que la lutte contre la désinformation et la diffusion de contenus extrémistes.

Monsieur le Président,

Les Nations unies fournissent un cadre cohérent pour la lutte contre le terrorisme, comprenant les sanctions mises en place par ce Conseil, les analyses et recommandations de la direction exécutive contre le terrorisme (DECT) et les programmes de renforcement des capacités conduits par l’ONUCT.

Les Nations unies prévoient également des cadres de coopération, comme celui proposé par la résolution 2719. La mise en œuvre d’un tel cadre appelle une unité de vue entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, ce qui requiert en premier lieu un accord de la région sur les besoins et la réponse à apporter à la menace.

Monsieur le Président,

La France poursuivra son soutien aux programmes des Nations unies pertinents et son action en faveur du développement des capacités africaines de lutte contre le terrorisme. Mon pays continuera de collaborer avec tous les partenaires de la région qui le souhaitent, dans un cadre respectueux du droit international.

La France, dont les armées ont payé, aux côtés des armées sahéliennes, un lourd tribut humain à la lutte contre le terrorisme au Sahel, est liée à la région par des liens humains forts. Elle restera à ses côtés et est prête à l’appuyer pour relever les défis communs dans le respect vigilant de la souveraineté de chacun et du droit.

Je vous remercie.





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