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23-11-2025

20:30

L’opposition politique constructive… Des questions essentielles sur le rôle et le sens

LE QUOTIDIEN DE NOUAKCHOTT - Dans les systèmes démocratiques modernes, la force d’un État ne se mesure pas uniquement à l’efficacité de son gouvernement, mais également à la capacité de l’opposition à jouer son rôle de manière responsable et constructive.

Avec l’évolution de la pratique politique dans de nombreux pays, un concept revient souvent au centre du débat : l’opposition politique positive. S’agit-il d’une opposition qui bloque ou d’une opposition qui construit ? S’attaque-t-elle aux personnes ou aux programmes ? Cherche-t-elle seulement le pouvoir ou vise-t-elle l’amélioration des politiques publiques ?

Ces interrogations ouvrent la voie à une série de questions fondamentales : Premièrement, l’opposant s’oppose-t-il à la personne du président ou à son programme ?

La distinction entre la personne et la politique est au cœur de toute maturité démocratique. Une opposition fondée sur le rejet individuel glisse facilement vers le conflit personnel, loin de l’intérêt national. En revanche, une opposition axée sur les programmes, les décisions et les priorités publiques constitue un moteur d’amélioration et de transparence. Jusqu’à quel point les oppositions actuelles basent-elles leurs critiques sur des critères objectifs et des propositions alternatives ?

Deuxièmement, l’électeur vote-t-il pour une personne ou pour un programme ?

Dans de nombreux contextes, le choix électoral repose surtout sur la personnalité, l’image sociale ou la proximité émotionnelle avec un candidat. Le programme devient alors un élément secondaire, parfois ignoré. Cette réalité interroge le niveau de culture politique, mais aussi la manière dont les campagnes sont menées. Si l’électeur vote pour une personne plutôt que pour un projet, comment évaluer les résultats une fois l’élection terminée ?

Troisièmement, pourquoi les candidats non élus ne proposent-ils pas leurs programmes au président élu pour qu’ils soient intégrés aux politiques publiques ?

Souvent, les programmes électoraux disparaissent immédiatement après les élections, bien qu’ils contiennent parfois des propositions innovantes. Dans une logique d’opposition constructive, ces programmes devraient être transformés en recommandations adressées au président élu, enrichissant ainsi la vision nationale. Pourquoi cette culture du partage de solutions reste-t-elle rare ? Et pourquoi l’intérêt national ne primerait-il pas sur la rivalité électorale ?

Quatrièmement, le candidat cherche-t-il avant tout le “fauteuil” ou l’application d’un programme ?

C’est là l’essence même de la pratique politique. Si l’objectif est uniquement le pouvoir, les discours et les promesses restent des outils électoraux sans continuité. Mais si le but est réellement la mise en œuvre d’un projet politique, alors la coopération devient possible : au sein du gouvernement ou depuis l’opposition constructive. Un candidat convaincu de la pertinence de son programme peut le défendre, même sans victoire électorale, en le proposant comme contribution aux politiques nationales.

En définitive, une démocratie saine a besoin d’une opposition responsable autant que d’un gouvernement performant. L’opposition constructive n’est ni faiblesse ni renoncement ; elle est un signe de maturité politique et de priorisation de l’intérêt général. Poser ces questions avec sérénité permet d’enrichir le débat public, de renforcer la transparence et de rapprocher davantage les citoyens de l’action politique.

Alioun Mohamed M’Leiwih

Rédacteur en chef / Brakna Post





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