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Mémoire du livre, mémoire des voix... Ahmed Mahmoud Jemal Ahmedou
Rimnow -- Comme chaque année, le Musée-Bibliothèque Mémoire de la Mauritanie et du Sahara a accueilli, en marge de la 16ᵉ édition des Traversées Mauritanides, un groupe remarquable d’écrivains dont les signatures ont enrichi le livre d’or.
Pascal Paradou, journaliste et adjoint au directeur de RFI, compte parmi les grandes voix du paysage francophone. Producteur de De vive(s) voix et créateur du Prix RFI Théâtre ainsi que du cycle Ça va, ça va le monde !, il fait rayonner les littératures et les arts oraux bien au-delà des ondes.
Laura Pinto, réalisatrice de la même émission, œuvre quant à elle à valoriser la langue française, le conte, la poésie et les cultures orales, en tissant des ponts entre voix, territoires et imaginaires.
La romancière camerounaise Hemley Boum, Prix des Cinq Continents 2025 pour Le Rêve du pêcheur, explore l’exil, la mémoire, l’identité et la condition féminine, confirmant la solidité d’une œuvre majeure dans la littérature francophone contemporaine.
Raphaëlle Red, autrice franco-allemande, s’est imposée avec Adikou (Prix Première 2024), roman déjà en traduction internationale, révélant une voix neuve, libre et résolument cosmopolite.
Éditrice et romancière, Anne-Sophie Stefanini porte le Prix Voix d’Afriques et une œuvre sensible marquée par l’histoire et les héritages politiques (Nos années rouges, Cette inconnue, Une femme a disparu).
Serge Basso de March, poète et dramaturge, déploie une langue humaniste et ludique, traduite et jouée sur plusieurs scènes européennes.
Écrivain-voyageur, Guillaume Jan signe une œuvre nourrie d’errance et d’humanité — Traîne-Savane, Samouraïs dans la brousse, Alias Lejean et Congo, puissant roman-fleuve où s’entrelacent imaginaires, mémoire et fleuve intérieur.
Enfin, la voix de Mariem Mint Derwich a résonné avec force poétique : une parole mauritanienne et franco-mauritanienne habitée par le métissage, l’exil et la liberté, portée depuis Mille et un je.
Ce fut un moment de littérature, d’écoute et de partage où Nouakchott s’est faite carrefour de voix, de mots et de mémoires croisées. Des frères et amis étaient présents autour du petit déjeuner : le Doyen Gabriel Hatti, Mohamed Mahmoud Lekhal dit Meyloud, Ahmed Lefghih, M’Rabih Rabou Cheikh Bounene, Taleb Khyar Mohamed Bouya , Abdelkader Mohamed , Lefghih M’Borik — conservateur du musée L’Ouguiya — ainsi que Diallo Bios, directeur du salon culturel, qui, nostalgique de ses années de journalisme, a animé un débat riche, vivant et généreux.
Ainsi s’achève cette matinée où le livre a tenu lieu de pont, de miroir et de lumière. Ici, au cœur du désert, les voix du monde se sont retrouvées — et quelque chose, dans le silence après les mots, continue de vibrer.