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18-12-2025

16:00

Feuille de route consolidée de l’opposition : Sans tabou !

Le Calame -- L’opposition démocratique a signé, il y a quelques jours, sa plateforme consolidée pour le dialogue politique en gestation et dont la phase préparatoire fut achevée en Octobre passé. Le facilitateur du dialogue, Moussa Fall, avait remis au président de la République Mohamed Ould Ghazouani son rapport, fruit de plus de sept mois de rencontres et d’écoute avec les acteurs de la scène politique, de la Société civile, des anciens candidats à la présidentielle et autres personnes-ressources.

L’homme avait affiché son optimisme et salué la volonté de réussir le projet, exprimée par l’ensemble des personnes qu’il avait eu à rencontrer et l’engagement réaffirmé du président de la République à mettre en œuvre les résolutions consensuelles obtenues.

En attendant la suite du processus, les partis et groupements de l’opposition ont consolidé leur feuille de route qu’ils avaient déposée auprès du coordinateur du dialogue. Ce document comporte l’ensemble des thématiques devant être discutés par les participants.

Très didactique, il les répartit en cinq parties : unité nationale et cohésion sociale, État de Droit et démocratie pluraliste, Gouvernance, diaspora et migration. Il liste également six secteurs à débattre : justice, éducation, santé, économie, défense et sécurité, media.

Pour chaque thème, l’opposition a dressé un diagnostic sans complaisance avant de préconiser des solutions. Abordant l’ensemble desquestions qui préoccupent, à des degrés divers certes, l’ensemble des Mauritaniens, le document parait très exhaustif.

L’unité nationale, la cohésion sociale, l’État de Droit, la démocratie pluraliste et la gouvernance occupent les trois premières parties. Comme on le sait ces thématiques sont rabâchées par l’ensemble des acteurs politiques ; les gouvernements en ont fait leurs étendards mais les problèmes du passif humanitaire, de l’esclavage et ses séquelles, de la marginalisation de certaines composantes nationales, de l’absence de répartition équitable des revenus tirés des ressources du pays, de l’État de Droit garantissant l’égalité des droits et de chances de tous les citoyens devant la loi, sources de frustrations et de parfois de jalousie, continuent à entraver la construction d’une véritable conscience citoyenne.

"La Mauritanie avant tout !"

Le président Ghazouani est d’ailleurs revenu sur ce dernier thème lors de son discours de N’Beïket Lahwach et lors du Forum de la jeunesse, il y a quelques semaines. « La Mauritanie avant tout ! », a-t-il lancé, tout comme Trump au lendemain de son élection au premier mandat. Comme le note la plateforme de l’opposition, les frustrations et marginalisations dont se plaignent plusieurs composantes du pays constituent de grosses épines que le Président doit ôter des pieds de son gouvernement. Un véritable État de Droit doit être protecteur de tous les citoyens, sans aucune exclusive.

C’est pourquoi il s’avère urgent de réformer beaucoup de secteurs, celui de la justice en particulier. Cela dit, il est fort à parier que tous les acteurs politiques adhèrent à ces propositions, la similitude des thèmes proposées par l’ensemble de la scène politique, majorité comme opposition, et relevées par le coordinateur du dialogue, permet d’être optimiste.

L’opposition a pris le président au mot, lui qui veut un dialogue sans sujet tabou. Reste à savoir si les extrémistes tapis dans les arcanes du pouvoir accepteront de débattre, sans passion, certains sujets considérés jusqu’ici comme des lignes rouges : passif humanitaire, forces de défense et de sécurité, exclusion de certaines composantes du pays.

Concernant ledit passif, la question que l’on se pose est de savoir si le dialogue débattra du règlement humanitaire entamé par la présidence de la République et qui semble patiner, alors que le sujet figure dans les propositions de tous les acteurs rencontrés par Moussa Fall.

Enfin, le thème des media est majeur : Radio et TV doivent refléter le pluralisme culturelle et linguistique du pays. Quand il était président de la HAPA, l’actuel ministre de la Culture avait attiré l’attention des responsables des media publics et privés sur le manquement à cette obligation.

Du coup, les adresses à la Nation du président de la République et certaines mesures ne sont pas perçues par les non-locuteurs de l’arabe ou du hassaniya. Le volume horaire ou le temps d’antenne réservées aux autres langues nationales demeure trop faible et cela nuit au développement de la conscience citoyenne. La multiplication des radios et télévisions publiques n’a pas contribué à vulgariser la diversité dans le secteur des media.

Dalay Lam



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