Cridem

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29-12-2025

11:50

Une fin d’année qui s’achève comme elle a commencé…

LE RÉNOVATEUR QUOTIDIEN - Il fut un temps où, en Mauritanie, le simple mot 31 suffisait à déclencher une ferveur presque festive.

Si autrefois l’approche du 31 s’apparentait à de longues soirées quasi orgiaques, à des accoutrements à la mode made in France ou en jean made in America, les marchés débordaient d’objets, de décorations et de gourmandises, rappelant ce qu’ils deviennent aujourd’hui à l’approche de nos grandes fêtes religieuses.

La fin d’année était un moment à part, chargé de bruits, de lumières et d’attentes, où chaque coin de rue semblait s’animer d’une énergie collective irrésistible.Les grands « boum- boom » résonnaient toute la nuit, et les veillées s’étiraient jusqu’au petit matin, même dans les bourgades les plus reculées du pays. 

On se congratulait, on s’échangeait des vœux, on copiait, parfois sans trop les questionner, des rituels venus d’ailleurs. La musique envahissait les maisons et les rues : Bob Marley, Michael Jackson ou Bembeya Jazz accompagnaient ces moments de liesse.

C’était une fête du corps et de l’esprit, une parenthèse où le temps semblait suspendu, où l’on célébrait à la fois la fin d’un cycle et l’espoir d’un renouveau.Mais au fil des années, cette tradition héritée de l’Occident s’est lentement érodée. Les célébrations se sont faites plus discrètes, presque timides.

Les rues et les marchés, jadis grouillants de monde, semblent aujourd’hui plus calmes. La musique et les festivités bruyantes ont cédé la place à la retenue et à la sobriété. Ce n’est pas seulement une question de bruit ou de fête : c’est tout un rapport au temps, à la joie collective et à l’imitation culturelle qui a changé. La société elle-même semble s’interroger sur ce qu’elle veut célébrer et pourquoi.Les temps ont changé, et avec eux les consciences.

Nos enfants ont compris que le Père Noël n’appartient pas à notre histoire, qu’il est un personnage importé, sans racines dans nos traditions, nos récits ou nos valeurs profondes. Peut-être est-ce là une chance : celle de redécouvrir ce qui nous appartient vraiment, de réfléchir à la manière dont nous voulons transmettre la joie et le sens de la fête à la génération suivante.

Aujourd’hui, une fin d’année qui finit comme elle a commencé : sobre, réfléchie, presque austère. Loin des artifices, elle nous renvoie à nous-mêmes, à notre identité, et à la nécessité de réinventer nos propres façons de marquer le temps qui passe.

Une fin d’année sans bruit excessif mais riche de sens, où le plus précieux n’est pas la musique ou le feu d’artifice, mais la mémoire des instants partagés, et la certitude que chaque année nouvelle reste, avant tout, une page à écrire à notre manière.





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