Cridem

Lancer l'impression
21-11-2020

16:49

Condamné à 5 ans de prison : le rappeur « Enfant de la rue » crie son innocence

Dans un enregistrement audio, le rappeur mauritanien « Enfant de la rue » clame haut et fort son innocence et crie aux deux poids deux mesures après que la justice mauritanienne l’ait condamné à cinq ans de prison. Rappel des faits…

Le 8 décembre 2019, « Enfant de la rue » accompagne un certain « S.M », chauffeur de son état. « S.M » est envoyé par son patron pour récupérer un colis au garage de Kaédi, à la Socogim K, à Nouakchott, en provenance de Djigueni, une commune du sud de la Mauritanie, située dans la région de Hodh Ech Chargui, à la frontière avec le Mali.

Pour la petite histoire, le colis ne sera pas trouvé. « S.M » et « Enfant de la rue » sont arrêtés sur place par la police. Dans le sillage de cette arrestation, le patron de « S.M » disparait dans la nature…

Ce sera le début des ennuis pour « Enfant de la rue » et « S.M » : bref séjour au commissariat de la police routière, à Nouakchott, 22 jours de garde-à-vue à la Brigade mixte de la Gendarmerie, avant d’être transféré à Néma vers la fin de l’année 2019, puis jugement expéditif devant le Tribunal de Néma, le 2 janvier 2020. Quelques jours plus tard, « S.M » est libéré et quitte Néma.

De son côté, « Enfant de la rue » continue à purger sa peine à la prison de Néma, à l’extrême Sud-Est du pays, à plus de 1200 km de Nouakchott, la capitale mauritanienne.

« Je suis innocent. Je n’ai rien fait et que le monde sache que je n’ai rien fait, je le répète. On m’a fait du tort », rappelle d’entrée de jeu, « Enfant de la rue », populairement connu dans le milieu du rap mauritanien.

« On m’a enfermé en prison, loin de Nouakchott, à plus de 1000 km de Nouakchott, dans une ville qu’on appelle Néma. Je n’ai rien fait, rien, rien, rien…et on m’a condamné 5 ans sans preuves, sans motifs, je n’ai rien fait », ajoute-t-il. « Enfant de la rue » crie au deux poids deux mesures d’autant plus que « S.M » qu’il accompagnait pour récupérer le colis de son patron a bénéficié d’une liberté provisoire à la suite d’un lobbying familial, selon sa version des faits.

« Le président de la République Mohamed Cheikh El Ghazouani a dit dans l’un de ses discours que la Mauritanie est un Etat de droit, de justice et de démocratie. Il a bien prononcé cela et tout le monde l’a entendu. Alors pourquoi me condamne-t-on alors que je n’ai rien fait ? alors qu’on ne m’a pas pris la main dans le sac, alors qu’on ne m’a pas pris avec de la drogue. Je n’ai pas volé. Je n’ai pas violé. Je n’ai rien fait pour subir cette condamnation. Je suis innocent à 1000%, comme celui que j’accompagnais qui a été libéré », lance « Enfant de la rue ».

« Pourquoi moi ? parce que je m’appelle Enfant de la rue. Je mérite un traitement autre que ça. J’ai élevé avec fierté le drapeau de mon pays. Pourquoi la Mauritanie me paye ça. Je n’ai rien fait. Je suis un des fils valeureux du pays. Personne ne peut dire que je lui ai filé de la drogue, que j’ai volé, que j’étais en possession d’une arme. Je n’ai pas commis un acte contraire à la loi. On n’a rien trouvé dans la voiture, rien sur moi, rien sur mon compagnon», ajoute « Enfant de la rue ».

C’est un « Enfant de la rue » plein de rage et d’amertume qui s’est confié dans son audio dans lequel il interpelle le président Ghazouani, tout en déplorant ses conditions de détention. Pour lui, il a été victime d’une arrestation par « erreur », d’autant plus que le « coupable », selon lui, fume tranquillement l’air de la liberté.

Babacar Baye NDIAYE
, pour Cridem - www.cridem.org



 


Toute reprise d'article ou extrait d'article devra inclure une référence www.cridem.org