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25-04-2021

16:29

Irak : un incendie dans un hôpital de Bagdad fait au moins 82 morts, le ministre de la santé suspendu

Le Monde - Un incendie qui a ravagé dimanche 25 avril l’unité de soins intensifs d’un hôpital à Bagdad, a fait au moins 82 morts et une centaine de blessés, selon les derniers chiffres fournis par le ministère de l’intérieur.

Le bilan pourrait encore s’alourdir. L’incendie a provoqué la colère des Irakiens et des appels à la démission du ministre de la santé, Hassan Al-Tamimi, qui a finalement été suspendu par le premier ministre.

Ce sont des bouteilles d’oxygène « stockées sans respect des conditions de sécurité » à l’hôpital Ibn Al-Khatib qui sont à l’origine du drame, ont expliqué des sources médicales à l’Agence France-Presse (AFP).

De nombreuses victimes se trouvaient sous respirateur quand les bonbonnes d’oxygène ont explosé, provoquant un incendie qui a rapidement dévoré les faux plafonds en matériaux inflammables, ont rapporté pompiers et médecins.

La défense civile a aussi apporté des éléments d’explication :

« L’hôpital n’avait pas de système de protection contre les incendies, et les faux plafonds ont permis la propagation du feu jusqu’à des produits hautement inflammables. La plupart des victimes sont mortes parce qu’elles ont été déplacées et privées de ventilateurs, tandis que d’autres ont été étouffées par la fumée. »

Des vidéos mises en ligne sur les réseaux sociaux montraient des pompiers tentant d’éteindre l’incendie au milieu d’une cohue de malades et de proches tentant de s’échapper du bâtiment, situé dans la périphérie sud-est de Bagdad.

Trois jours de deuil national

Plusieurs heures après l’incendie, le ministère de la santé s’était targué d’avoir « sauvé plus de 200 patients », en promettant « un bilan précis des morts et des blessés plus tard ».

Après ce drame, le hashtag « Démission du ministre de la santé » était en tête des mots-clés sur Twitter en Irak. C’est un « crime » contre « des patients harassés par le Covid-19 qui ont mis leur vie entre les mains du ministère de la santé, et qui au lieu d’être guéris ont péri dans les flammes », a dénoncé la commission gouvernementale des droits humains qui a aussi demandé au premier ministre de limoger le ministre de la santé.

Le chef du gouvernement irakien, Moustafa Al-Kazimi, a répondu en annonçant « une enquête » – comme l’ont également réclamé le président de la République, Barham Saleh, et le chef du Parlement, Mohammed Al-Halboussi. Le ministre de la santé, suspendu, sera interrogé dans ce cadre. Le gouverneur de Bagdad, Mohammed Jaber, sera lui aussi entendu, de même que le patron de la santé pour l’est de Bagdad, le directeur de l’hôpital et les chefs de la sécurité et de l’entretien technique. « Les résultats de cette enquête seront présentés sous cinq jours au gouvernement », selon un communiqué du bureau de M. Kazimi. Ce dernier a également déclaré que personne ne serait relâché « avant que ceux qui ont fauté soient jugés ». Il a en outre décrété trois jours de deuil national.

Nouvelle épreuve

L’Irak est le pays arabe ayant enregistré le plus de contaminations par le SARS-CoV-2 – plus d’un million d’Irakiens ont été contaminés depuis l’apparition, en février 2020, du nouveau coronavirus dans le pays, parmi lesquels 15 000 personnes sont mortes. C’est une nouvelle épreuve pour ce pays de 40 millions d’habitants dont le système de santé ne s’est jamais relevé de quatre décennies de guerres à répétition et qui manque cruellement de médicaments, de médecins et d’hôpitaux, mais qui, probablement en raison de sa population, l’une des plus jeunes au monde, enregistre un nombre de décès dus au Covid-19 relativement bas.

En manque d’équipement médical pour recevoir des malades – qui généralement préfèrent installer une bouteille d’oxygène chez eux plutôt que de se rendre dans des hôpitaux délabrés –, l’Irak a malgré tout lancé sa campagne de vaccination. Il a reçu en tout près de 650 000 doses de différents vaccins, la quasi-totalité sous forme de dons ou grâce au programme international Covax visant à garantir un accès équitable aux vaccins.

Près de 300 000 personnes ont déjà reçu au moins une première dose, selon le ministère de la santé, qui ne cesse de faire campagne pour convaincre une population très sceptique à l’égard du vaccin et qui boude les masques depuis le début de l’épidémie.

Le Monde avec AFP





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