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06-12-2021

23:16

Mauritanie: les ONG agissent auprès des populations clés atteintes du VIH (1/4)

RFI Afrique - En Mauritanie, 23,4% des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes (HSH) vivent avec le VIH, alors que le taux de prévalence n’est que de 0,3% dans la population générale.

Pénalisés et stigmatisés, ils n’osent pas se rendre dans les structures de soin. Reportage auprès de cette communauté discriminée. Dans un petit deux-pièces d’un quartier populaire de Nouakchott, dix amis, tous artistes et homosexuels, cohabitent après avoir été rejetés de chez eux.

Charihan, 25 ans, a déjà été victime d’insultes et de violences.

« J’ai tout le temps peur, même pour la plus simple des maladies comme un bouton ou une infection, je ne peux pas aller à l’hôpital et je vais le cacher, ce qui peut même amener des complications jusqu’au décès ! C’est pourquoi nous les homosexuels, nous avons souvent des IST, des infections sexuellement transmissibles et on le cache jusqu’à ce que ça se développe et que ça devienne une infection parfois incurable », explique-t-il.

Le code pénal punit de la peine de mort tout « acte contre nature avec un individu de son sexe ». Même si la loi n’est pas appliquée, ce groupe de jeunes homosexuels préfère consulter et se faire dépister du VIH au sein d’une association communautaire, sans jugement ou discrimination.

Khatré travaille chez SOS pairs éducateurs. Lui aussi homosexuel, il est fier d’aider sa communauté. « Il n’y a aucun complexe dès que l’on est ensemble. Aucune personne extérieure ne peut nous juger. On apporte un soutien psychologique et médical. Que la personne soit homosexuelle, cela ne nous regarde pas. On se bat pour l’accès aux soins. On ne se bat pas pour nos libertés en Mauritanie, une République islamique », soutient-il.

Khatré a aidé Ali, Sénégalais de 41 ans réfugié en Mauritanie, à découvrir sa séropositivité et le motive à bien prendre son traitement antirétroviral depuis 2015 malgré les difficultés. « Je change l’emballage du traitement. Je me protège, je cache beaucoup de choses. C’est très lourd de garder ce secret sur la conscience », confie-t-il.

Malgré la criminalisation des homosexuels, Abdallahi Ould Sidi Ali, du secrétariat exécutif national de lutte contre le VIH-sida, assure que les organisations de la société civile peuvent intervenir sans entrave. « La Mauritanie tire son code pénal du droit musulman. Mais elle a signé des conventions universelles sur les droits humains, et il y a une scission des pouvoirs judiciaire, exécutif et politique. Cela permet d’agir auprès de ces populations pour améliorer la riposte contre le VIH-sida », affirme Abdallahi Ould Sidi Ali.

Sans le respect des droits humains, il est impossible d’éliminer le VIH-sida d’ici 2030, rappelle Onusida.

De notre envoyée spéciale à Nouakchott, Théa Ollivier





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