21-08-2008 15:39 - Ibrahima Moctar Sarr au Quotidien de Nouakchott

Ibrahima Moctar Sarr au Quotidien de Nouakchott

« Notre position c’est que nous avons dit que nous prenons acte de ce qui s’est passé »


Le suspens est levé, le président de AJD/MR de retour d’un voyage à l’étranger, s’exprime à travers nos colonnes pour lever toute équivoque sur la position de son parti
Le Quotidien de Nouakchott : Votre absence du pays durant le putsch, a fait l’objet de toutes les spéculations. Maintenant que vous êtes de retour, pouvez-vous clarifier votre position par rapport au coup de force des militaires qui viennent de mettre sur pied un Haut Conseil d’Etat?
Ibrahima Moctar Sarr : On a souvent critiqué la position de l’AJD/MR en disant que le parti n’a pas condamné le coup, beaucoup de nos adversaires cherchent à nous plonger. Mais cela ne nous dérange nullement, parce que pour ceux qui connaissent l’AJD/MR, ils savent que notre formation politique a toujours été ferme sur ses positions, n’a jamais faillit d’un iota. D’abord quelle est notre position ?
Notre position c’est que nous avons dit que nous prenons acte de ce qui s’est passé. Il y a eu que les militaires ont déposé Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Nous considérons que ces militaires, ce sont eux qui avaient mis ici Sidi Ould Cheikh Abdellahi. Ils ont fait une très mauvaise transition. Ils ont placé leur homme, mais comme il ne joue plus le rôle qu’ils attendaient de lui, ils l’ont simplement déplacé.

Donc, c’est les mêmes qui étaient là, c’est les mêmes qui sont là et on ne sait pas ce qu’ils vont faire demain. Par conséquent nous, nous estimons que c’était deux éléments d’un même système qui étaient en compétition pour le contrôle du pouvoir.

L’AJD/MR a publié plusieurs déclarations à ce sujet. Dans la première déclaration nous nous interrogions de savoir ce qui va se passer au sommet, qu’est ce qu’ils sont entrain de faire.

Dans la deuxième déclaration, nous avons estimé que ce qui se passe au sommet est un conflit entre deux pôles d’un même système, c’est même le système de Maaouya qui n’avait pas bougé, et pour l’AJD/MR, ce n’était pas son combat. C’était très clair.

Maintenant qu’il y a eu ce putsch, nous avons pris acte que l’un a terrassé l’autre. Ce que nous attendons maintenant, c’est que les militaires qui étaient là hier et qui sont là aujourd’hui, ce qu’ils avaient refusé de faire est ce qu’ils vont le faire maintenant. La classe politique, qui avait donné carte blanche hier à ces militaires pour faire ce qu’ils ont fait est ce qu’elle va continuer encore à agir de la même façon ou être ferme cette fois-ci pour que les militaires aillent dans le bon sens pour faire une véritable transition.

Alors, pour ceux qui ont lu la transition en dérive que j’ai publié dans Nouakchott-Info repris par CRIDEM depuis mai 2006, j’avais prévu tout ce qui est arrivé aujourd’hui. Par conséquent il ne faut pas qu’on nous accuse de quoi que ce soit. Nous allons pleurer quoi ? Pleurer une démocratie qui pour nous n’a jamais existé, une démocratie de façade ? Nous avions estimé que l’homme qui est arrivé au pouvoir c’est le produit de l’armée. Nous allons demander à ce que cela soit restauré. C’est hors de question.

Donc nous ce que nous demandons c’est que ces militaires qui sont encore là, qui sont revenus, nous disent ce qu’ils entendent faire maintenant. Nous ne les soutenons pas dans la phase actuelle, nous ne soutenons pas l’armée dans la phase actuelle. Nous sommes prêts maintenant à nous engager dans une nouvelle transition si nous sommes d’accord avec eux sur un programme et sur la durée de mise en œuvre de ce programme. C’est tout, c’est cela notre position.

Donc nous ne sommes ni pour x ni pour y. Nous sommes pour la Mauritanie avec des gens qui sont capables de prendre en charge ces vrais problèmes. Voilà la position de l’AJD/MR.

Le Quotidien de Nouakchott : Vous êtes prêts à travailler avec les militaires mais sous condition. Peut-on avoir une idée des conditions que vous posez ?

Ibrahima Moctar Sarr : Mon parti a des propositions, d’ailleurs qu’elle a essayé de refondre avec d’autres partis de l’opposition démocratique, à savoir : le RFD, HATEM et le MDD. Nous avons préparé, élaboré une plateforme en 35 points que nous avons proposé aux nouvelles autorités pour reprendre la situation en main. Je ne peux pas rentrer dans les détails parce qu’elles sont entrain d’étudier ces points où il y a des aspects politiques, mais aussi des aspects programmatiques. Nous attendons leur réponse pour voir si nous pourrons nous engager ou pas.

Le Quotidien de Nouakchott : Avez-vous eu des garanties qu’ils vont étudier cette plateforme ?


Ibrahima Moctar Sarr : Oui, le président qui m’a reçu personnellement trois fois, m’a donné des garanties que tout ce qui est faisable le sera. Il est animé d’une volonté de faire face à tous les défis et à tous les problèmes, je le crois. Mais nous attendons des choses plus pratiques.

Le Quotidien de Nouakchott : Le président du HCE, a promis de poursuivre le rapatriement des réfugiés au Sénégal et au Mali, et même d’améliorer les conditions d’accueil. Qu’en pensez-vous ?

Ibrahima Moctar Sarr
: Il y a deux aspects qui m’ont plu dans l’attitude du Haut Conseil d’Etat, c’est qu’ils ont voulu laisser les libertés continuer à s’exprimer même si quelque part on a vu récemment des manifestations interdites, des meetings annulés comme celui du FNDD, tout cela sont des choses que nous condamnons, mais quand même pour l’essentiel, après les coups d’Etat ce n’est pas généralement ce qu’on voyait.

On a bon espoir que les institutions démocratiques vont continuer à fonctionner et que cela va s’améliorer. Sur un autre plan quand j’ai vu le président, j’avais attiré son attention sur les déportés qui sont rentrés et qui sont extrêmement fatigués et récemment il y a eu des missions qui sont allées dans la vallée pour faire le point de la situation et je crois que des solutions seront trouvées pour les soulager.

Le Quotidien de Nouakchott : Le mot de la fin


Ibrahima Moctar Sarr
: Je pense que le Haut Conseil d’Etat et la classe politique doivent prendre au sérieux la situation dans laquelle nous nous trouvons. Nous sommes dans une situation extrêmement difficile. Sur le plan interne, c’est la déliquescence de l’Etat, les forces politiques sont divisées sur l’appréciation du problème et le plan externe nous courons des menaces de sanctions de la communauté internationale.

Il faut nécessairement qu’on arrive à trouver un modus vivendi, une feuille de route qui puisse convaincre l’opinion internationale pour qu’on puisse reprendre les choses correctement cette fois-ci.

Propos recueillis par Moussa Diop

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