24-09-2008 21:32 - Ewlade Leblade : L’histoire d’un trio qui a fait tomber les masques de la société mauritanienne !

Ewlade Leblade : L’histoire d’un trio qui a fait tomber les masques de la société mauritanienne !

Ewlade Leblade, c’est Sidi Brahim Mohamed alias Izak Ice, Mamoudi Ould Sidi alias Hamada et enfin Sidi Mohamed Ould Mbareck alias M.D. Trois vies différentes, un même destin : celui de faire plaisir. Et, un jour, de se lancer à la conquête du monde à l’image de Daara-J ou autres groupes de Rap Africains.

La sortie en 2007 de leur premier album «Adat’ne » les a imposés sur la scène musicale mauritanienne. Véritable révélation de la musique mauritanienne en 2007, Ewlade Leblade n’en finit pas d’émerveiller, à chaque concert, le public mauritanien. Ils sont aimés et adulés comme des «gourous ».

Sidi Brahim Mohamed alias Izak Ice

Ce natif de la ville de Rosso Mauritanie a grandi à Nouakchott. Chez lui, la musique n’est pas une histoire de famille. Sachant que les études ne vont pas lui réussir, il les abandonne très vite. A cause de la musique ! Et bonjour les ennuis avec sa famille qui ne l’excusa pas de cette désinvolture qu’elle considéra comme étant un acte de défiance.

Leur opposition n’y fit rien. Car, son destin était déjà fait. Et, il était écrit sur la table d’airain qu’il en serait ainsi. Indésirable, il quitte Nouakchott et sa famille en destination de Rosso, sa ville natale. Bien vite, il se découvre une prédisposition pour le Rap. Déjà, à partir de 1996, il commençait à flirter avec le milieu du Rap, à Nouakchott. Et, c’est contre le gré familial qu’il se lance dans la musique.

A Rosso, il retrouve ses repères et commence à se faire découvrir.  C’est dans cette ville méridionale de la Mauritanie que vont se dessiner les prémices de sa carrière musicale. Pendant son séjour, il y fit la connaissance d’un certain groupe de Rap du nom de «Salamen ». Il chante à l’occasion des concerts de Rap qui se font ça et là à Rosso. Il alterne podiums sur podiums. C’est dans cette atmosphère qu’il va réussir à se creuser son propre sillon.

Le succès et la gloire commençaient à germer dans son esprit lorsqu’il voyait le défunt «Black Muslim » sur scène, un groupe de Rap qu’il admirait éperdument. Aujourd’hui, ironie du sort, c’est l’un des membres du groupe (Khadim) qui est devenu son manager. Il rêvait de grandeur en assistant aux concerts de «Black Muslim ».

Entre 1995 et 1996, il se glisse sur le tatami du «mouvement Hip Hop ». Sa voix forte et sa grande taille ont fait de lui un Rappeur complet. De nature joviale, sociable et surtout tranquille, il se préserve de toute arrogance et de toute altération. Ce longiligne n’est pas du genre à reculer devant l’adversité de la vie. Ce n’est pas un hasard s’il croit dur comme fer que la célébrité et la notoriété sont au bout de l’effort. C’est parce qu’il se nourrit de la sève de son guide, le prophète Mohamed (Psl).

Un musulman convaincu, il l’est. Sa force réside en sa foi. Sa seule obsession : la perfection musicale. Sobre, il l’est et l’a toujours été. Le vent de notoriété qui a soufflé sur «Ewlade Leblade » ne l’a pas emporté. C’est un homme introverti ! Hier banni par sa famille, il a su aujourd’hui se forger une nouvelle image. Avec son talent, il a fini par convaincre les siens.

Mamoudi Ould Sidi alias Hamada

Lui aussi, il est natif de Nouakchott où il a grandi au quartier populaire du 5ième arrondissement. Il a très tôt flirté avec l’école buissonnière. En 1999, en classe de 3ième année Collège, il commence à sécher les cours. A cause, lui aussi, du virus de la musique. Il fréquente Papis Koné, le guitariste solo du groupe «Walfadjri », le temps de comprendre comment cela fonctionne, côté musique.

Son premier morceau qu’il va composer s’intitulera «Touvlaha tetemacha-i » qui parle de l’amour fondé sur l’intérêt. Il découvre alors sa passion pour le Rap. Bye bye l’école ! Débute une nouvelle vie pour lui. Plus tonitruante, celle-là. En 2000, il fit la connaissance de Izak Ice et de Sidi Mohamed Ould Mbareck. Partageant les mêmes idées et les mêmes préoccupations, ils forment leur propre groupe de Rap «Hassanya Clan». Ils abandonnèrent cette appellation à connotation raciale.

Au studio «Afric Médias », dans le cadre de la préparation de leur maquette, ils adoptent comme nom de groupe «Ewlade Leblade », un nom qui continue à marquer les esprits. Il aurait dû être douanier, mais il avait envie de faire de la musique. Il défie le roc parental. Il troque sa «daraa» contre les jeans, casquettes, tee-shirts et autres colliers en argent. Il hume l’air frais des mélodies made in USA, notamment celles de 2 Pac très aromatiques pour s’en débarrasser. Le petit maure se métamorphose. Il ne sera pas épargné par l’accoutrement américain. C’est le début de l’aventure.

Il heurta sa famille en premier lieu son père qui avait du mal à accepter le choix que sa progéniture avait fait. Exit les malentendus entre lui et sa famille qui pensait que leur fils flânait avec des personnes malveillantes. Aujourd’hui, à son grand bonheur, les temps ont changé et ses parents ont fini par abdiquer. Issu de famille modeste, il sait qu’il devra son salut qu’à la musique.

Dans ses textes, il cogne sur les dérives de la société et pointe un regard critique par rapport à la situation sociale du pays. Hamada est un artiste qui voue son existence à la musique. Il a réussi à briser les stéréotypes culturels qui ont toujours cloué au pilori certains talents. Il a réussi en s’en défaire. Il n’hésite pas à cracher sur le feu lorsqu’il voit certaines souffrances humaines. Aujourd’hui, il est devenu plus mature. Les textes qu’il écrit parlent de nous, de nos réalités. Là-dessus, il fait mouche !

Sidi Mohamed Ould Mbareck alias M.D

Certainement, il doit être fier d’être l’aîné du groupe et de partager avec Izak Ice et Hamada le même destin et les mêmes préoccupations. Né en 1978 à Kaédi, au Sud de la Mauritanie, il a grandi à Nouakchott entre le 5ième et le 6ième arrondissement. Ses parents sont originaires de Mbout. Il n’est pas allé très loin dans les études. Non pas parce qu’il les détestait, mais à cause de certaines contingences sociales et familiales. Turbulente et tonitruante, telle était son enfance. Dans un monde de plus en plus intrépide, comment faut-il faire, se demande-t-il, pour assurer sa survie ?

Il devient encaisseur entre 1993 et 1994. Derrière ce bout de bois de Dieu, s’est toujours dissimulé un éternel bosseur qui a toujours su compter sur lui-même et sa propre détermination. Issu de famille peu aisée, il quitte très tôt le foyer à la recherche de l’argent et de la réussite. Il voyage et découvre un jour Nouakchott. Volontariste et de carapace dure, il s’arme de courage et d’abnégation. Nouakchott est une ville où on réussit facilement quelque soit l’activité qu’on y exerce, se dit-il. Il achète des fringues qu’il revend. Ça y est !

À le voir à cette époque, on aurait parié que rien ne le prédisposerait à faire de la musique. C’est donc par hasard qu’il y est venu, sans la moindre connaissance de la réalité de ce milieu comme la plupart des jeunes. Contrairement à Izak Ice ou Hamada, il reçut la bénédiction de ses parents. Il démarra sur les chapeaux de roues. Et tout marcha comme sur des roulettes. Aujourd’hui, ces parents ne vivent plus. Ceci a participé à forger son âme. Lorsqu’il en parle, c’est l’émotion. Il devient maussade.

Après la mort de ses parents, il se lança très tôt dans le business. Parallèlement, il fréquente les concerts de Rap et se fait des amis rappeurs. Il commence à chantonner et à écrire des textes. Il se dit qu’il peut devenir lui aussi rappeur comme Method Man qui l’émerveilla, son idole. Ne dit-on pas que le destin ne tient à rien. Il se découvre des aptitudes musicales et se lance dans le Rap. Il se sent pousser des ailes et commence à rêver, lui qui n’a jamais décroché aucun diplôme.

Aujourd’hui, avec Hamada et Izak Ice, ils forment le trio d’Ewlade Leblade qui a réussi à faire tomber les masques de la société mauritanienne. Mais que de chemin parcouru avant d’en arriver là. Lui-même, Sidi Mohamed Ould Mbareck, le reconnaît. Fichtre ! Fini l’époque des vaches maigres. Avec Ewlade Leblade, il vit dans le bonheur et s’estime le plus heureux sur la terre.

Babacar Baye Ndiaye

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