23-10-2008 12:31 - Crise politique:Le parti réaffirme sa position.

Lundi 20 octobre, le siège central du RFD grouillait de monde. Motif, le parti avait convoqué une réunion des membres de son Bureau Exécutif. Prenant leur mal en patience, de petits groupes en pleines discussions, se formaient dans les couloirs du siège.
On commente et discute l’actualité politique nationale en aparté, dans ces couloirs du siège et sous la tente où devrait se tenir la réunion.
Il y a d’abord que le leader de l’AJD/MR, Ibrahima Moctar Sarr, venait de déclarer à la veille de la réunion de l’instance du RFD, que son parti ne se sentait plus désormais lié à la plateforme commune en 35 points soumise au HCE par l’institution de l’opposition démocratique pour une sortie de crise.
La nomination d’un responsable politique de son principal allié au poste de conseiller du Premier Ministre a été la goutte d’eau qui a fait débordé le vase. Le leader de l’AJD/MR s’en est largement expliqué par voie de presse. A ce coup de froid vient s’ajouter l’annonce de l’échec, à Paris, de la première réunion de consultations entre l’Union européenne et une délégation mauritanienne conduite par le Premier Ministre de la junte au pouvoir, M. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf. Une annonce tombée à quelques minutes de la réunion du Bureau Exécutif laissant pantois plus d’un militant du parti.
Le retour ou non de Sidi.
Dans l’attente de l’ouverture des travaux, les discussions s’animent dans les couloirs. Certains n’hésitent pas à pointer du doigt le chef de la junte militaire, le général Mohamed Ould Abdel Aziz qu’ils accusent de vouloir plonger le pays dans l’abîme rien que pour assouvir son dessein de diriger le pays coûte que coûte. « Comment soutenir une junte sourde aux appels de la communauté nationale et internationale pour un retour rapide à la légalité constitutionnelle ? », s’interroge un responsable du Bureau Exécutif.
Un autre lui rétorque : « Si le retour à la légalité constitutionnelle s’entend par le retour de Sidi à son fauteuil de président, non ! Les militaires ont raison de ne pas accepter cela parce que ce n’est pas dans l’intérêt de la Mauritanie qu’il revienne aux affaires ».D’autres s’en prennent aux occidentaux, particulièrement la France, à laquelle ils reprochent de vouloir installer une guerre civile chez nous. « Ils veulent de Sidi, qu’ils le prennent et l’installent à l’Elysée autant qu’ils voudront et qu’ils nous foutent la paix », lance à haute voix un militant très en colère, poste radio à la main.
La ligne politique du RFD n’est pas en reste, elle a eu également droit à des échanges de points de vues, parfois acerbes. Un membre du Bureau Exécutif avoue ne plus comprendre la ligne politique de son parti encore moins sa stratégie actuelle. « Ce n’est pas normal, tous nos alliés objectifs nous ont quitté, il faut franchement qu’on nous explique réellement ce qui se passe », ironise t-il sourire aux lèvres. Un autre pointe du doigt quelques autres responsables politiques du parti qui, à l’en croire, travaillent contre les intérêts de la formation politique et les soupçonne de semer la zizanie en son sein.
Diplomatie, l’Algérie indexée.
Dans ces discussions, notre diplomatie a eu droit à quelques piques. Pour ces responsables politiques du RFD, si la Commission Paix et Sécurité de la Commission de l’Union Africaine a pu lancer un ultimatum à la junte sans difficulté, c’est parce que le pays n’a jamais eu d’orientations diplomatiques claires. « On a laissé l’Algérie nous damer le pion au sein de l’U.A, de sortes qu’ils sont parvenus à tourner au ridicule toute notre diplomatie. Nos échecs sur ce terrain sont éloquents aujourd’hui », estime un ancien diplomate de carrière membre de ce parti.
Selon lui, il ne fait pas de doute aujourd’hui qu’Alger a mis en branle toute sa machine diplomatique et son influence dans les instances internationales pour s’opposer à la junte. « Nous avons toujours pratiqué une diplomatie qui ne correspond pas à nos intérêts géostratégiques, maintenant nous en payons le prix puisque nos échecs diplomatiques se succèdent en Afrique de l’Ouest et en Occident. Et ce n’est pas fini, car si l’on n’y prend garde la prochaine bataille diplomatique pourrait être le Conseil de Sécurité », murmure t-il à ses interlocuteurs avant de s’engouffrer dans le siège central.
Débats francs et sereins.
C’est dans cette atmosphère bon aloi que la réunion du Bureau Exécutif s’est ouverte peu après 11 heures, sous une tente dressée dans la cour du siège.Apparemment la salle de conférence ne pouvait pas contenir tout le monde. D’où la solution de la tente pour avoir plus d’espace et installer confortablement tous les membres présents, nous explique t-on. Les débats bénéficiaient d’une sonorisation que quelques militants curieux mis à l’écart écoutaient. Une prise de photos ne nous a pas été permise. Le Permanent du parti a opposé un niet estimant que la réunion était interne. Notre présence n’avait pas été souhaitée d’ailleurs pour l’occasion.
Il n’empêche, durant les débats, la plupart des interventions ont porté sur l’organisation du parti, sa situation dans le pays profond, les dernières décisions prises lors du dernier congrès et qui n’ont pas été encore appliquées etc… La circulation de l’information a été déplorée par d’autres orateurs. D’autres intervenants s’en sont pris à la ligne et la stratégie du parti estimant que ses principes ont été dévoyés. Au finish, les membres du Bureau Exécutif ont réitéré la position du parti par rapport à la crise actuelle qui secoue le pays.
Moussa Diop