10-11-2008 12:36 - Etats généraux de la démocratie : Ould Abdel Aziz se frotte les mains.

De source généralement bien informée à la présidence de la République, les récentes rencontres entre le président du Haut Conseil d’Etat, le général Mohamed Ould Abdel Aziz et les leaders de l’opposition qu’il a reçus successivement au palais présidentiel, s’inscrivent dans le cadre de la volonté du chef de l’Etat de chercher à convaincre ses interlocuteurs de participer aux Etats généraux de la démocratie que le comité interministériel chargé du dossier prépare activement.
On le sait, si pour le RFD la plateforme signée avec l’AJD/MR, Hatem de Saleh Ould Hanena et le MDD reste toujours valable, il n’en est pas de même pour Ibrahima Moctar Sarr qui a déjà clamé haut et fort que son parti ne se sent plus lié à cette plateforme pour cause de violations d’accords passés avec son partenaire principal, le RFD, dont certains des cadres se sont retrouvés nommés à des postes au premier ministère.
Habile manœuvre du HCE qui n’ignorait pas l’accord passé entre les différents partis qui composent cette coalition de l’opposition. Accord qui interdisait aux différents membres d’entrer dans un quelconque gouvernement.
Le pacte a été respecté sous l’ère de Sidi Ould Cheikh Abdellahi sans défaillance, mais n’a pas résisté à la stratégie du « diviser pour mieux régner » du général Mohamed Ould Abdel Aziz. Manque de pot pour le RFD, le climat de suspicion savamment entretenu par ses adversaires politiques au sein du FNDD a fini par rendre méfiant même ses alliés au sein de l’opposition. Et pour cause, si des militants ou des sympathisants du RFD sont entrés au gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf, ces nominations avaient déjà , en leur temps, suscité des tirs à boulets rouges sur cette formation politique tant et si bien, que malgré les sanctions prises à l’égard des fautifs, la confiance de ses partenaires s’est émoussée.
Ce qui a facilité sans encombre le débauchage de Hatem. C’était au lendemain de la signature de la plateforme en 35 points exigeant surtout un délai de transition de 12 mois et la non candidature des militaires membres de la junte au pouvoir aux élections présidentielles futures. Le parti n’a pas résisté aux propositions alléchantes de postes ministériels qui lui ont été faites et par conséquent n’a pas hésité, un instant, à violer le pacte qui le liait à ses partenaires pour aller faire son entrée dans le gouvernement de Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
Il faut dire aussi qu’une telle attitude découle d’un manque de confiance de Saleh Ould hanena vis-à -vis du parti de Ould Daddah, car il a encore en mémoire les conditions dans lesquelles le bureau de l’Assemblée nationale avait été renouvelé sans que son parti n’y soit représenté. Il a fait porter le chapeau d’une telle situation au RFD. Quant au Mouvement pour la Démocratie Directe (MDD), le parti a choisi contre mauvaise fortune, de faire bon cœur. Il ne s’est pas exprimé sur la question et continue de faire profil bas au sein de l’institution de l’opposition dont il est membre.
Une option qui porte ses fruits A partir de ce constat, peut-on poser la question de savoir ce que vaut maintenant cette plateforme en 35 points. Serait-elle devenue caduque ? A l’heure actuelle, on peut le dire sans risque de se tromper, qu’elle l’est bel et bien au grand soulagement de Ould Abdel Aziz qui n’est pas mécontent de voir ainsi ses initiateurs divisés sur la question. Surtout que le président de l’AJD/MR a clamé son intention de faire d’autres propositions à la junte. Négocier séparément avec ses interlocuteurs semble être désormais son option dès lors que le pacte a volé en éclat.
Le général a désormais les coudées franches qui vont obliger Ahmed Ould Daddah à revoir sa stratégie pour déjouer celle de son adversaire du HCE. Car, pour l’heure son allié de l’AJD/MR, notamment Ibrahima Sarr, que des militants accusent d’avoir inféodé la formation politique au RFD, a des problèmes internes à gérer. Le FNDD non plus, resté sourd à ses appels du pied, voudrait plus le voir échouer dans toutes ses entreprises plutôt que de se concerter avec lui sur une sortie de crise qui ne met pas en avant la libération de Sidi Ould Cheikh Abdellahi et sa réinstallation dans ses fonctions. Or des sorties de crise on en a échafaudé plusieurs mais aucune ne paraît intéresser le président du HCE. Comment pourrait-il en être autrement, quand toute la classe politique est divisée ?
Moussa Diop