AFRICA N°1 Nouakchott. Les mauritaniens aux urnes le 6 juin prochain, ce sera le premier tour de l’élection présidentielle. Le récit de Salem Mejbour Salem :

La décision vient d’être prise par le gouvernement issu du coup d’état militaire du 6 aout de l’année dernière qui renversa l’ancien président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. Son tombeur le général Mohamed Ould Aziz a invité son premier ministre Ould Laghdaff à prendre les mesures nécessaires pour faire respecter l’échéance.

Du 27 décembre 2008 au 5 janvier courant, le pouvoir actuel avait organisé des assises nationales sous le vocable d’états généraux de la démocratie. C’était pour jeter les bases de la période transitoire précédant le scrutin présidentiel. Les participants dont le RFD d’Ahmed Ould Daddah, l’ajd /mr de Ibrahima Moctar Sarr et les soutiens de la junte militaire, avaient proposé un calendrier fixant le premier tour le 30 mai et en cas de deuxième, le 13 juin 2009.

Proposition finalement remise en cause par le gouvernement à l’issue de sa session hebdomadaire du jeudi 22 janvier. Aucune explication n’a été cependant fournie sur cette modification de l’agenda électoral initial.

En revanche, selon des informations de sources sûres contactées par AFRICA N°1, l’actuel président du haut conseil d’état l’organe au pouvoir, le général Aziz sera candidat à la prochaine présidentielle. Commentaire d’un sympathisant du général : Aziz a déjà offert le pouvoir à certains aux prix de sa vie et aidé d’autres à y accéder et à chaque fois, il a été trahi. Maintenant, ça suffit.

Cela dit, les partisans de l’ancien président Ould Abdallahi, réunis dans le cadre d’une coordination de partis politiques et de centrales syndicales, entendent bouder l’élection présidentielle tout comme ils avaient boycotté les états généraux de la démocratie, avant de les qualifier de véritables mascarades.

Le président déchu a tenté en vain de regagner Nouakchott le mercredi dernier. Des gendarmes en faction à 50 km à l’est de la capitale politique mauritanienne, se sont opposé à son cortège soigneusement organisé à l’image de celui d’un chef d’état en exercice. Or pour les gendarmes, qui au demeurant, obéissent aux ordres de leur hiérarchie, la Mauritanie a changé de président depuis le 6 aout 2008. Si vous le souhaitez vous pouvez continuer sur Nouakchott, mais avec un seul véhicule, lança l’un des gendarmes à l’adresse de l’ancien président.

Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi qui se considère toujours président de la république légitime a rejeté ces injonctions avant de rebrousser chemin en direction de son village natal de Lemden à 250 km de Nouakchott sur la nationale1.
Sidi qui vit dans cette minuscule localité désertique depuis plus de 90 jours, devait livreraux mauritaniens des propositions de sortie de crise devant se traduire par notamment le départ des militaires du pouvoir et la tenue d’élections présidentielles et législatives anticipées sous sa supervision en tant que chef d’état.

Un projet qualifié de diversion par la junte militaire et ses partenaires politiques au sein du parlement. Un parlement dont l’écrasante majorité a béni la destitution de Sidi. Son ami et président de l’assemblée nationale Messaoud Ould Boulkher qui ne reconnaît pas la légitimité du pouvoir actuel déclare desormais les hostilités au général Aziz et réitère son soutien à Ould Abdallahi.

Nouakchott salem mejbour salem AFRICA N°1.