15-06-2009 09:57 - Elections présidentielles : J – 34, Le Fndd sans les islamistes soutient ...

... la candidature unique de Ould Boulkheir.
Après 10 jours de tergiversations, de réflexion et de patience, 4 sur 5 des partis politiques rassemblés au sein du Fndd ont décidé d’investir, le président de l’Assemblée Nationale et leader de l’ex-coalition anti-putsch, notamment de l’App, Messaoud Ould Boulkheir, comme candidat unique de cette force politique, aux futures élections présidentielles du 18 juillet prochain.
Le parti des islamistes, Tewassoul, a décidé d’aller en solo à cette consultation électorale des plus rudes de l’histoire politique du pays. A la lecture des gros gabarits politiques lancés dans cette compétition électorale, à l’instar d’Ahmed Ould Daddah, pour le Rfd, de Mohamed Ould Abdel Aziz, pour l’Upr, d’Ely Ould Mohamed Vall (indépendant), d’Ibrahima Moctar Sarr de l’Ajd/Mr,
Tout autre candidat risque de passer inaperçu, à moins qu’il s’agit d’une spéculation politique destinée à garantir des prébendes dans l’avenir, grâce à un soutien monnayé au second tour, qui devra être vivement sollicité par les qualifiés d’un second tour quasi-inévitable.
L’interprétation de ce tableau électoral très effervescent, laisse penser qu’un second tour se jouerait entre Ould Abdel Aziz et Ould Daddah, sinon opposerait, Aziz à Ely Ould Mohamed Vall. Les autres prétendants pourront réaliser des scores honorables, mais, la règle du jeu électoral, leur imposera de passer au trafic politique pour bien monnayer leur soutien au second tour. Ould Boulkheir pourra toujours créer la surprise, et sa qualification au premier tour, le donne, directement futur président de la République. Un vœu utile qui complète la série des présidents maure, négromauritanien et harratine.
Selon la première hypothèse, où Ould Abdel Aziz se trouverait en confrontation avec Ould Daddah, il n’est pas impossible de voir Ely Ould Mohamed Vall apporter son soutien au candidat du Rfd. Réaction tout à fait logique, qu’on peut déduire des invectives voilées que Ould Abdel Aziz et Ould Mohamed Vall, se renvoient mutuellement, le premier avant sa démission et le second, depuis la signature de l’ACD.
A moins que les deux officiers, appartenant au même ensemble tribal, n’enterrnt la hache de guerre et que sous les pressions des notables de leur tribu, ils conviennent sur une formule de convivialité politique dans l’avenir, notamment, une implication dans la gestion des affaires de l’Etat, une fois Ould Abdel Aziz élu président. Le Fndd, dont les partis politiques ont habitué les mauritaniens à des positions surprises, aux seconds tours des élections présidentielles, s’ils ne partiront pas en rangs dispersés pour maximiser leurs chances politiques, ont de fortes chances d’apporter leur soutien à Ould Abdel Aziz.
Il ne s’agirait tout de même pas d’un soutien pour l’homme, mais d’un marché politique, en vertu duquel le Fndd (à entendre par là l’App, l’Ufp, l’Unad et Adil), aura une présence prépondérante au sein du régime de Ould Abdel Aziz. L’incertitude dans le refus du Fndd de soutenir Ould Daddah, s’expliquerait surtout par les réserves historiques qui ont toujours caractérisées les rapports entre Rfd et les partis du Fndd.
En effet, ces grandes forces politiques n’ont jamais partagé le même combat, qu’en cas de force majeure, pour affronter le même ennemi. On se souvient bien que le Rfd et les autres partis, actuellement mobilisés au sein de l’ex-coalition anti-putsch, avaient pris des chemins séparés à plusieurs reprises, après avoir mené un combat unifié. La première fois, c’état au sein de la défunte Cfcd, lors des présidentielles de mars 2007. Ould Daddah, Ould Boulkheir, Ould Maouloud et Ould Mansour ont été chacun investi par son parti pour briguer le suffrage des électeurs.
Au second tour, Ould Boulkheir rallia Sidi Ould Cheikh Abdallahi, alors, que la logique politique le donnait, à coup sûr, du côté Ould Daddah. L’Ufp et Tawassoul ont soutenu Ould Daddah, qui malheureusement ne leur a pas rendu la monnaie de leur décision courageuse. Le parti de Ould Maouloud s’est trouvé écarté de la gestion de l’institution de l’opposition, alors que les islamistes se sont vus destitués de la mairie de Tevragh-Zeina, qui finalement est tombé, contre mauvais calculs, dans l’escarcelle du Prdr.
La seconde fois que le Rfd et ses partis mènent la même lutte, c’est tout récemment quand le parti d’Ahmed Ould Daddah et le Fndd, se sont vus obligés de mettre main dans la main pour faire échouer le coup d’Etat du 6 août dernier et obtenir le report des élections présidentielles du 6 juin 2009. C’est dire que le mariage de raison, mais également le divorce contre le gré, qui ont toujours caractérisé les relations entre le Rfd et ses partis, ont toujours fait, qu’il y a par la suite, des prises de position contre nature, qui faussent le jeu de la logique politique.
Ce conduit à supposer qu’au cas d’un second tour entre Ould Abdel Aziz et Ould Daddah, c’est le Général Mohamed Ould Abdel Aziz qui l’emportera, malgré l’antipathie qu’il fait parmi l’opposition, vue dans son angle global. Pour ce qui est de l’Ajd/Mr et de Tewassoul, ces deux formations politiques fortement présentes sur l’échiquier politique national, peuvent apporter toutes les deux leur soutien à Ould Abdel Aziz.
En effet, en faussant route dernièrement à Ould Daddah, Ibrahima Moctar Sarr, peut toujours persévérer dans cette logique politique que son parti a fait sienne, en investissant son président comme candidat à une élection présidentielle largement contestée et unilatérale. Mohamed Jemil Mansour, qui a toujours gardé un froid avec Ould Daddah, depuis de la destitution de son maire Coulibaly Ndaw de la Mairie de Tevragh-Zeina, peut lui aussi soutenir Ould Abdel Aziz, étant donné que l’autre partie avait montré son irrespect des accords, notamment ceux de la Cfcd, en vertu desquels, le Rfd devait éviter son complot municipal, transformé malheureusement en un coup de poignard contre soi-même.
Dans la seconde hypothèse, le duel des titans opposera Ould Abdel Aziz à Ely Ould Mohamed Vall. Dans ce tableau électoral, l’analyse ne serait point aisée, car, les deux hommes ont certes des qualités, mais aussi des défauts. Mais, devant le refus poli de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, de Messaoud, de Ould Daddah et des autres d’apporter leur soutien à Ely Ould Mohamed Vall, notamment en se lançant eux-mêmes dans la compétition présidentielle, montre, qu’il y a là des grandes réserves, qui pourraient trouver leur explication politique, dans le silence observé par le Colonel, face à une crise politique qui a failli entraîner le pays vers l’inconnu.
Mais, sur un autre angle, le mutisme d’Ely, n’a pas été sans efficacité, étant donné que cet ancien chef d’Etat, à mis à contribution, sa grande renommée à l’étranger auprès de la communauté internationale, pour que celle-ci, puisse œuvrer inlassablement dans le déni du coup d’Etat du 6 août dernier. Toujours est-il que, devant ce dilemme politique, c’est le plus offrant, entre les deux ex-officiers, en termes de gestion collégiale du pays, qui pourra bénéficier du soutien du Fndd. A ce stade, Ely l’emportera à coup sûr, étant plus appliqué au respect de la parole et de la loi.
Ould Abdel Aziz, homme, jouissant certes d’une grande popularité, a montré qu’il a toujours tendance à confondre légalité et force, manifestant un penchant exagéré à ce second aspect. Mais, il peut toujours rectifier le tir, en montrant aux autres soutiens politiques potentiels que, la triste page du passé est à jamais tournée et qu’il veillera dans l’avenir à être moins menaçant, plus ouvert, plus convivial et plus scrupuleux dans le respect de ses obligations.
Toutefois, son expérience riche en rebondissements, risque de sombrer totalement son image aux yeux de partenaires politiques locaux qui sont très édifiés sur son parcours et qui, surtout, ne sont pas prêts à se faire toujours piéger. L’autre point où il ne faut pas avoir de doute, c’est le soutien de Ould Daddah à Ely Ould Mohamed Vall. La tendance Rfd de Kane Hamidou Baba ne changera pas de tactique politique, étant donné que sa fronde est synonyme de son soutien, pour une raison ou pour une autre, des orientations défendues par le coup d’Etat du 6 août, et donc de Ould Abdel Aziz.
Ce n’est tout de même pas le cas du Rfd, vu de l’angle d’Ahmed Ould Daddah, qui semble avoir juré de prendre sa revanche, soit par l’élection de son président à la magistrature suprême, soit par la défaite cuisante de Ould Abdel Aziz, qui est incontestablement, aujourd’hui, la source de tous les maux de division et de déperdition politique au sein de ce grand parti de l’opposition. Ahmed serait donc plus décidé à aller avec le diable qu’avec celui qui a cherché par tous les moyens de l’humilier.
Une autre hypothèse, que nous n’avions pas évoquée, mais qui reste dans le domaine du possible, c’est l’arrivée de Messaoud Ould Boulkheir au second tour de l’élection présidentielle. Si cela arriverait à se réaliser, grâce au soutien des partis puissants comme Adil (Sidioca, Ould Waghf), l’App, l’Ufp, l’Unad, le président de l’Assemblée Nationale passera sans aucune difficulté au deuxième tour, car c’est bien l’homme politique qui n’a pas foncièrement d’ennemis et qui sait pardonner quand il le faut.
D’ailleurs, ses chaleureuses accolades avec Ould Abdel Aziz lors de la signature de l’Accord Cadre, en sont une véritable preuve, de l’esprit de tolérance dont jouit l’illustre combattant Ould Boulkheir. Le problème du candidat unique du Fndd, réside donc dans le seul premier tour, le reste étant un simple exercice, où tous, quelques soient leurs positions politiques, trouveront place dans le futur pouvoir.
Avec l’engagement massif des troupes et sympathisants de Sidioca, de l’Ufp, de l’App, l’Unad, Messaoud Ould Boulkheir pourrait créer la grande surprise et son ère inaugurera sans aucun doute une période de vaches grâces à ce pays, où après l’arrivée d’un négromauritanien au palais ocre, un harratine y élit domicile. Un très beau tableau qui permet à la Mauritanie de tourner encore une autre page de son triste passé politique et socioéconomique.
Mohamed Ould Mohamed Lemine