28-12-2009 09:06 - Révélations accablantes sur la Somelec : des implications tout azimut

La recrudescence de la crise de l’électricité pendant l’été a toujours poussé les citoyens à se poser de nombreuses questions, restées sans réponse sur le rôle de la Somelec et l’incapacité de celle-ci d’accroitre et de développer sa production, pour mieux accompagner l’expansion de la capitale.
Le site Alakhbar révèle l’existence de nouveaux rapports compromettants, de la gestion de la société,, établis par le gouvernement avec d’autres documents officiels qui montrent aujourd’hui les raisons de cette crise pérenne d’électricité en Mauritanie.
Des rapports administratifs révèlent un accroissement considérable des dettes de la Somelec qui dépassent actuellement 8,3 milliards d’Um pour le compte de banques secondaires, auxquelles s’ajoute aussi une perte accrue de l’énergie. La lecture des rapports officiels fait découvrir également d’importants détournements au sein de la société et abordent sa situation fiscale, ainsi que ses relations avec les banques.
Des groupes électrogènes dans les maisons de « grands »
Selon les rapports précités, plusieurs groupes électrogènes d’une valeur estimée à 36 millions d’Um ont été installés par la Somelec dans les villas de hauts responsables de ce pays en 2006.
Il s’agit des maisons de l’ancien Premier ministre Sidi Mohamed Ould Boubacar, de l’ex Directeur Général de la Sureté Nationale (l’actuel chef d’état-major de l’armée, le Général Mohamed Ould Ghazouini), l’ex chef d’Etat-major de la garde républicaine (le président Mohamed Ould Abdel Aziz), ainsi que du directeur du cabinet du président du Conseil Militaire pour la Justice et la Démocratie (Cmjd), Mohamed Lemine Ould Dahi. Toutes ces installations ont été faites sans la constitution préalable d’un dossier juridique.
Des intérêts et des manque-à- gagner
Les rapports évoquent aussi l’accumulation des arriérés d’imposition sur la société qui ont atteint au 30 septembre 2007, 1,8 milliards d’Um, alors que les avancements et les indemnités non justifiées au profit de cadres de la société ont été évalués à 279 millions d’Um.
Selon les rapports adressés aux hautes autorités du pays, le montant net perdu est de 261 millions d’Um, partagé entre des intérêts non justifiés et des surfacturations, sinon pour le compte de services faits à des conseillers fictifs et des dépenses de majoration sans justifications au profit de malades à l’étranger, ou pour des abonnements d’appui…
Le gaspillage de l’énergie
Sur la base de ces rapports qui expliquent la situation de la Somelec en 2007, la société est également victime d’un gaspillage considérable de l’énergie, estimé à 21,5%, dont des pertes constatées lors des distributions, des facturations et même pour les cas de recouvrement d’impayés. Les données montrent en effet qu’un taux élevé du recouvrement des factures, dont le seuil minimal ne doit pas dépasser les 80% sont considérablement inférieures à ce seuil. Les rapports abordent également le rôle capital dévolu au gouvernement pour réduire les pertes d’énergie, notamment à travers le règlement des consommations propres de l’administration.
Les prérogatives sur les offres d’appel alourdissent les charges
A propos des appels d’offres signés par la Somelec, le rapport fait remarquer que l’attribution des réformes n’est pas déterminée pour la commission des marchés et de l’exploitation. Le document compromettant pour la société parle de violations des procédures et de grands détournements, en plus d’abus flagrants de compétences, ainsi que des cas de pratiques illégales pour légitimer les marchés publics.
Le rapport évoque par ailleurs plusieurs offres d’appels octroyés par complaisance à un établissement non enregistré auprès de la Direction générale des impôts en Mauritanie.
Sur la base des études faites sur les dépenses de la Somelec, le document récapitule un ensemble d’irrégularités dans la gestion de la société dont des taux d’intérêts exorbitants que les banques lui imposent, en plus du détournement de certains employés de l’entreprise de ses équipements techniques, en particulier les groupes électrogènes.
Une grande partie des pertes d’énergie sont dues essentiellement à des détournements qui se traduisent par des différences énormes et flagrantes sur les quantités d’énergie distribuées et celles qui ont été fournies (voir tableau)
Tableau récapitulatif de l’énergie perdue en Kw
Centre Q distribuée Q facturée Q perdue taux
T Zeine 58.233.172 45.314.347 12.918.825 22,18%
Capitale 10.671.687 8.788.396 1.883.291 17,65%
Sebkha 16.087.891 12.144.563 3.943.328 24,51%
El Mina 40.468.303 35.040.841 5.427.462 13,41%
Arafat 9.732.670 6.755.672 2.976.998 30,59%
Ksar 22.891.157 17.845.114 5.046.043 22,04%
Teyarett 13.396.455 10.830.388 2.566.067 19,15%
Toujounine 23.887.359 19.051.104 4.836.255 20,25%
Riadh 11.405.890 6.168.669 5.237.221 45,92%
Ndb 40.273.839 31.902.373 8.371.466 20,79%
L’intérieur 31.428.234 24.755.041 6.673.193 21,23%
Total 278.476.657 218.596.508 59.880.152 21,50%
Les compteurs font la différence
La Somelec souffre de la perte de 59.880.152 Kw (selon les données commerciales), ce qui avoisine 21,5% de sa production et accroit le déficit qui apparait souvent sous forme de coupures courantes d’électricité. Pour ce qui est de la direction technique de la société, celle-ci parle d’énergie perdue estimée à 92.699.691 Kw, ce qui représente une différence de l’ordre d’un tiers.
Suivant les interprétations faites par des parties au sein du gouvernement, l’anomalie dans le volume des quantités produites s’explique par l’existence de plusieurs stations de distribution ne disposant pas de compteurs (15 sur 306), mais aussi l’utilisation de compteurs qui ne répondent pas aux normes. Selon les données commerciales et techniques, la capitale Nouakchott vient en tête des régions où les pertes de courant sont fréquentes et énormes, suivie de Nouadhibou puis des régions de l’intérieur du pays.
Le document retrace en plus de ce qui précède, les conséquences de la perte d’énergie qui se traduit par une régression des recettes, qui engendre à son tour des difficultés financières et des blocages de l’investissement, en plus de la dégradation des prestations fournies aux abonnés. Tout cela s’accompagne de l’argumentaire administratif qui prétexte cette mauvaise gestion par la vétusté du réseau électrique de l’Etat et par la négligence notoire auprès des employés de la société, mais aussi chez les consommateurs dont certains se spécialisent dans les fraudes du courant, parfois par complicité avec les propriétaires des niches.
Face à cette gabegie de grande envergure, le rapport recommande immédiatement la lutte contre les détournements, les arriérés et la motivation des employés, surtout pour les non permanents, pour éviter qu’ils ne recourent à la corruption,. En plus de la prise en considération de la situation de la Somelec par le gouvernement, en tant que société stratégique.
Selon le rapport, 20% de ceux dont la consommation en électricité est supportée par le budget de l’Etat ont perdu leurs fonctions sur la base desquelles la consommation a été prise en charge. Certains ont même modifié l’adresse de leur lieu d’habitation, objet de la prise en charge. Ce qui revient à dire que l’Etat prend en charge encore la consommation de personnes qui n’en ont pas le droit, pour la simple raison qu’ils résident à des adresses d’anciens responsables.
En plus de tout ce tableau noir de la Somelec, le retard de paiement alourdit les charges de l’Etat car les dettes de la société sur les secteurs publics et parapublics sont estimées à 3 milliards d’Um.
Demain, on reviendra sur les autres points saillants du rapport sur la Somelec, notamment le tableau récapitulatif des dettes publiques impayées jusqu’à cette date, dont sont redevables des partenaires fictifs dont des hommes d’affaires célèbres, les emprunts pris à tort et à travers ; le cas de malades non soignés et des annonces non publiées pour ne citer que ces aspects. (À suivre)