28-03-2010 16:30 - Gouvernement élargi : « C’est parti, les pourparlers entre la majorité et l’AJD/MR ont débuté ».

La révélation est d’Ibrahima Moctar Sarr, président de l’AJD/MR lors d’une intervention devant son nouveau siège central situé à Sebkha, non loin du ministère de l’équipement et des transports devant un parterre de militants et de sympathisants venus écouter une conférence animée par le Pr Bâ Fara sur le thème des langues nationales. C’était le jeudi 25 mars passé.
A ces pourparlers, a indiqué le président de l’AJD/MR fortement applaudi par l’assistance, le parti est représenté par Bâ Mamadou Bocar son deuxième vice-président. Ces pourparlers, soulignons-le, déblaient le terrain à un probable arrimage de l’AJD/MR à la Coalition des partis de la Majorité présidentielle qui vient d’être fraîchement formalisée en prélude à la formation future d’un gouvernement élargi.
Pour cela, la formation politique a besoin apparemment d’être rassurée sur certaines questions qui lui tiennent à cœur.
Chat échaudé craint l’eau froide.
Sur le règlement du passif humanitaire, le parti note les réparations des préjudices subis mais estime que « la nature de ces préjudices ne se limite pas aux seuls aspects matériels ». D’autant, précise t-il, que la déclaration de politique générale du gouvernement n’évoque pas le devoir de vérité, de justice et la réhabilitation des martyrs du génocide perpétré par le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Pour ce qui est de l’esclavage, l’AJD/MR veut tirer au clair la discrimination positive évoquée par le gouvernement. Serait-elle réservée aux anciens esclaves ou non ?
Parce que, selon le parti, il ne le dit pas et n’évoque pas non plus l’application stricte de la loi criminalisant l’esclavage. Le négociateur en chef du parti, M. Bâ Mamadou Bocar a pour tâche d’aborder toutes ces questions avec ses interlocuteurs de la CPM, y compris la question des terres et l’application de la réforme foncière dans l’équité et la justice qui ne doivent pas être occultées.
D’autres points cruciaux seront également discutés, notamment : la question culturelle, le rôle des langues nationales et leur présence dans les médias officiels, le problème des rapatriés du Sénégal, la politique étrangère. Sur cette dernière question, l’AJD/MR estime qu’elle ne semble pas avoir évolué par rapport aux régimes précédents.
Et pour cause, précise t-elle, « en dehors du gel des relations avec Israël, rien de nouveau ne préfigure d’une orientation correcte de la politique étrangère du pays, qui soit fondée sur ses intérêts ».
Elle note dans ce cadre que le rôle de trait d’union du pays entre le monde arabe et le monde africain noir n’est pas évoqué de manière conséquente. Construire le grand Maghreb est à conjuguer avec une reprise effective avec la CEDEAO. Toujours dans le cadre de cette politique étrangère, le parti note que l’avènement des Etats-Unis d’Afrique n’est toujours pas à l’ordre du jour.
En outre, elle dit attendre avec impatience les états généraux sur l’éducation nationale pour apporter sa contribution. Sur la question de l’Etat civil, quand bien même, la nécessité de le préserver de toute forme de falsification s’impose, le parti souhaite que cette mesure de redressement ne donne pas l’occasion à des décideurs mal intentionnés de poursuivre des objectifs inavoués.
A cet effet, l’AJD/MR ne manque pas de rappeler l’exemple des évènements de 1989 où des archives d’état civil avaient été détruites par des représentants de l’autorité. « En cherchant des sénégalais, ce sont des mauritaniens qu’on a trouvé pour les déporter », martèle le parti.
Entente ou pas, l’AJD/MR quitte l’institution de l’opposition.
Par ailleurs, le président de l’AJD/MR, Ibrahima Moctar Sarr, a dit que son parti est « inquiet au plus haut point » du fait que la déclaration de politique générale du gouvernement n’ait pas repris les engagements du président de la République -à l’époque président du Haut Conseil d’Etat (HCE)- d’appliquer tous les points de consensus des Etats Généraux de la Démocratie, organisés durant la transition.
Ces points, estime l’AJD/MR, répondent pour l’essentiel à leurs préoccupations de l’heure, à savoir : l’application effective de la loi criminalisant l’esclavage ; la prise en compte des rapatriés du Sénégal ; la régularisation de la situation des militaires exclus de l’armée ; le règlement définitif du passif humanitaire ; l’officialisation des langues nationales ; le service militaire obligatoire ; la réforme et la modernisation de l’institution militaire pour une armée républicaine en dehors du champ politique.
« Nous savons que le président de la république est un homme de parole. Par conséquent, les questions liées au calendrier, aux stratégies et à la gestion des impondérables, doivent faire l’objet de concertations pour permettre à tout un chacun d’apporter sa contribution dans le relèvement des défis », note l’AJD/MR. Reste à savoir le résultat de ces pourparlers. L’AJD/MR aura-t-elle gain de cause? En tout cas de l’issue des discussions engagées, dépendra de l’entrée ou non du parti à la CPM.
Dans le cas où elle n’intégrerait pas cette coalition de la majorité présidentielle, elle ne compte pas rester dans l’institution de l’opposition, selon Ibrahima Moctar Sarr qui va rendre sa démission du poste de secrétaire général et rendre le véhicule de fonction mis à sa disposition. D’aucuns pensent que ce poste reviendra à l’UFP compte tenu de la nouvelle loi sur l’institution de l’opposition prise par l’assemblée nationale après des querelles âpres au sein de ce regroupement.
Moussa Diop