09-11-2010 15:33 - Sarr Ibrahima Moctar : 'L’AJD/MR n’est pas encore dans la majorité'.

Sarr Ibrahima Moctar est le président de l’Alliance pour la justice et la démocratie/Mouvement pour la rénovation. Il répond aux questions de Biladi.
Biladi : Les sites électroniques (Taqadoumy et Sahara Média) annoncent que votre parti est exclu de l’Institution du chef de file de l’opposition, info ou intox?
Ibrahima Moctar Sarr (I.M.S) : En effet par décision en date du 31 octobre 2010 et suite à une réunion du Conseil de supervision de l’institution (dont je ne saurais vous dire la composition ni les membres présents), le chef de file de l’opposition M. Ahmed Ould Daddah nous a notifié qu’il mettait fin aux fonctions de trois responsables de l’AJD/MR et des trois autres du Mouvement démocratie directe (MDD) de M. Amar Ould Rabeh.
Biladi : Selon les médias cités un peu plus haut vous êtes exclus de l’Institution du chef de file de l’opposition parce que vous êtes de la majorité, est-il vrai que vous avez rejoint le camp du pouvoir?
I.M.S : Je ne pense pas que le fait que nous n’ayons plus de responsabilités administratives, nous excluait ipso-facto de l’Institution de l’opposition qui est un outil à la disposition de toute l’opposition démocratique. Je dois constater cependant que c’est la première fois qu’une telle mesure a été prise à l’endroit des membres d’un parti d’opposition démocratique qui n’a pas rejoint le pouvoir.
Par le passé tous les partis qui avaient quitté l’institution, il s’agit en particulier de Tawassoul, Hatem et l’UFP (ce dernier n’avait pas d’ailleurs d’élément au sein de l’Institution) avaient rejoint le pouvoir en place et de ce fait s’excluait automatiquement.
Pour cette fois ce n’est pas le cas, je ne parle pas pour le MDD, l’AJD/MR n’est pas encore dans la majorité présidentielle même si je l’affirme encore, nos discussions sont très avancées et qu’il est possible qu’on règle les détails de cet accord. Notre volonté est de pouvoir accompagner le président de la République, pour les efforts qu’il a entrepris pour redresser la situation du pays.
Mais si d’aventure les petits détails s’avèrent être de grands détails, rien n’est encore joué. Dans ce cas nous resterons ce que nous garderons que nous avons toujours eu depuis le coup d’État que nous n’avons pas aidé à se réaliser par ailleurs mais que nous avions bien prévu.
Biladi : Quelles sont les raisons qui ont poussé les partis de l’Institution à se passer de vos services?
I.M.S : Il faut dire que depuis plus de deux ans on parlait déjà du départ d’Ibrahima Moctar Sarr de l’Institution parce qu’un certain parti avait revendiqué le poste de secrétaire général. Cela a occasionné la modification de la loi instituant l’Institution de l’opposition. Depuis les choses ont traîné à cause de divisions au sein de l’opposition mais aussi parce que M. Ahmed Ould Daddah lui-même n’a pas voulu prendre une décision dans ce sens en attendant que les choses se normalisent.
Je ne sais pas s’il y a des éléments nouveaux qui ont motivé sa décision actuelle, notre statut d’opposant n’ayant pas changé, le seul élément nouveau étant peut-être nos dernières sorties dans le mémorandum sur le cinquantenaire où nous réclamions le changement du nom de la Mauritanie et son hymne national, je ne pense pas que cela ait pu irriter des opposants.
A l’AJD/MR nous notons cependant que même si le chef de file a les prérogatives qu’il a prises parce que conférées par la loi, la manière utilisée n’est pas élégante et ne correspond pas au style qui lui était reconnu. Nous sommes des chefs de partis avec lesquels il a partagé beaucoup de choses, il pouvait nous appeler et nous faire part de la décision du Conseil de supervision, si c’est bien ce dernier qui l’a décidé.
Biladi : Redécoupage électoral, règlement du passif humanitaire, abolition de l’esclavage, rôle de l’armée dans une démocratie…toutes ces questions sont au cœur de l’accord de Dakar, elles sont aussi au cœur des préoccupations de l’AJD/MR. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à ne pas rallier la Coordination de l’opposition démocratique qui exige aujourd’hui l’application de l’accord de Dakar?
I.M.S : Nous n’avons pas attendu les accords de Dakar pour poser les problèmes que vous évoquez et n’oubliez pas que ces accords ne nous concernent pas puisque nous y avons été exclus.
Biladi : Quelle appréciation faites-vous, aujourd’hui, sur la situation économique, sociale, politique du pays?
I.M.S : Referez-vous à notre mémorandum.
Propos recueillis par Samba Camara