13-04-2011 20:57 - Base militaire US en Mauritanie : La question revient sur le tapis.
Il a suffi d’une information parue ces jours-ci dans le périodique marocain «Maroc hebdo», vite démentie côté officiel mauritanien, relatif à un supposé accord de la Mauritanie pour une base américaine sur son sol, pour que la question revienne au devant de l’actualité. Le gouvernement dément, alors que l’ambassadrice américaine à Nouakchott est entrée deux fois en une semaine au palais présidentiel.
Le débat sur les pourparlers secrets entre Nouakchott et Washington pour la mise en place d’une base militaire US en Mauritanie alimente de nouveau l’actualité nationale. Tout est parti d’un entrefilet paru dans un hebdomadaire marocain relatif à des confidences portant sur l’accord des autorités mauritaniennes pour l’installation d’une base militaire américaine sur le territoire.
Un démenti officiel aurait naturellement été apporté à de telles assertions, soutenant qu’il n’existe aucun contact entre les deux pays à ce propos.
Seulement, la présence de plus en plus assidue de l’ambassadrice américaine au palais présidentiel, en dit long sur les intentions tues. En effet, l’Amérique d’Obama et la Mauritanie de Mohamed Ould Abdel Aziz partagent tout de même la même verve combattive contre les éléments d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi). Une convergence de priorité qui pourrait déboucher sur des accords militaires poussées et, pourquoi pas, sur une base militaire US.
La question du terrorisme ne pourrait pas en effet avoir été occultée au cours des fréquents têtes-à -têtes entre le président Mohamed Ould Abdel Aziz et la diplomate américaine. Il faut dire que le souhait d’un pied à terre pour les armées américaines au Sahel est aussi vieux que les évènements qui ont endeuillé l’Amérique un 11 septembre 2001.
La région nord africaine, véritable foyer de terrorisme, fait partie des zones rouges sur la visière du Pentagone, au même titre que l’Afghanistan et le Pakistan, et les velléités de l’Oncle Sam de s’y installer restent aussi vivace.
En effet, aux lendemains des attaques terroristes du 11 septembre, le gouvernement des Etats-Unis et le Pentagone, soucieux de mettre en avant un plan militaro-sécuritaire pour l’Afrique sous prétexte de lutte contre le terrorisme, n’avaient cessé de lorgner vers la Mauritanie, après les refus de l’Algérie, du Maroc et de la Libye de prêter leur sol pour un tel projet.
Aujourd’hui, avec les évènements en cours en Libye, sous tendue par de fortes présomptions sur le réarmement des terroristes d’Aqmi à partir des charniers libyens, la question devient d’autant plus posée que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz fait du terrorisme une question prioritaire.
La base envisagée serait purement destinée à la logistique pour le ravitaillement des forces américaines d’intervention rapides sur la côte ouest africaine dans la guerre contre le terrorisme. La mise en place d’un tel projet aurait gagné en urgence eu égard aux évènements en cours en Libye, avec les informations relatives au suréquipement des combattants affiliés à Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi).
Le démenti rapide des autorités mauritaniennes face à de telles informations est d’autant plus compréhensible que l’installation d’une base américaine sur leur sol serait lourde de conséquences pour le pays. Outre la foudre de contestation qu’il essuierait de la part du monde arabo musulman et africain, mais surtout de ses voisins, surtout l’Algérie, la Mauritanie deviendrait une cible légitime du terrorisme islamique radical.
Ce serait en tout cas le plus beau cadeau que le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz offrirait à son opposition, étant entendu que c’est toute la Mauritanie qu’il aurait eu sur le dos. Il faut se rappeler que la question avait suscité en 2007 et 2008 une véritable levée de boucliers au sein de l’opinion nationale et de l’élite politique. Ahmed Ould Daddah avait qualifié à l’époque la création d’une base militaire américaine sur le sol mauritanien de contraire à l’indépendance et à la souveraineté nationale du pays.
Cheikh Aïdara