06-12-2012 08:33 - Ibrahima Sarr s'alliera à l'UFP, mais...[Audio]
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Mohamed Ould Khattat : Est-ce que vous vous allierez avec l’UFP ?
« Nous pouvons faire un bout de chemin ensemble sur certains aspects, mais c’est un mouvement avec lequel j’ai énormément de problèmes. »
Ibrahima Moctar Sarr, 24 octobre 2012
« Je remercie Président Sarr pour son éloquence, son verbe facile, car je sens vraiment qu’il est en train de dire la vérité, et la vérité passe aisément. Ce n’est pas comme le mensonge. » dit un auditeur dans cette seconde partie de l’entretien en direct de près de deux heures sur Radio Nouakchott, où Ibrahima MoctarSarr (IMS), Président d l’AJD/MR continue de surprendre par son franc parler.
- Dans la 1ère partie, IMS résumait le principe retenu par l’AJD/MR de participer à toutes les élections en Mauritanie, il n’est donc pas étonnant qu’il ait été le premier candidat déclaré à la présidentielle de 2009.
Il refuse qu’on lui oppose la non transparence des élections s’il était parti seul contre Aziz. L’opposition, après des boycotts stériles, a finalement participé à toutes les élections du temps de Moawiya et pourtant c’était très nébuleux. Ne lui parlez pas non plus de la constitution pour fustiger la prise d’acte du coup d’Etat du 6 août 2008, une constitution qu’il a combattue avec l’AJD et que les négro-mauritaniens continuent de subir malgré eux. Pourquoi alors l’opposition avait estimé que le putsch du 3 aout 2005 était bon ? Quelle est l’échelle de valeur des changements anti constitutionnels ? semblait se demander IMS en croisant le regard de Khattat.
Cette fois, le Président de l’AJD/MR, mettant en exécution un autre principe de transparence de son parti[ne s’engager dans des alliances que par écrit à rendre public] est revenu en détails sur ses conciliabules avec le Président Mohamed Ould Abdel Aziz qui, au départ, était très réticent à coucher sur papier leurs accords verbaux.
Beaucoup de questions ont été posées par les auditeurs : le dossier du passif humanitaire est-il clôt ? Le combat pour la résolution de la question nationale passe-t-il par une alliance avec la couche harratine ? Quelle doit être la place des langues nationales aux Etats Généraux de l’Education et de la Formation ? ...
Est-ce que vous vous allierez avec l’UFP ?lâche subitement Mohamed Ould Khattat.
« Nous pouvons faire un bout de chemin ensemble sur certains aspects, mais c’est un mouvement avec lequel j’ai énormément de problèmes » harponne IMS qui pourtant entretient d’excellentes relations avec le Président Mohamed Ould Maouloud.
Le journaliste essaie de circoncire le feu à la seule éviction de Sarr de l’Institution de l’Opposition Démocratique par l’UFP au profit de Ba Boubacar Moussa, son Vice-Président. Mais rien n’y fait. IMS minimise cet incident récent et nous ramène au début des années 70 pour expliquer les racines de la rupture de bancs avec certains négro-africains, alliés aux kadihines [communistes arabes NDLR] qui considéraient à l’époque que la question nationale était secondaire après la nationalisation par Moctar Ould Daddah de la Miferma et la création de la monnaie nationale. Ils taxaient de racistes et de nationalistes étroits tous les noirs qui posaient le problème de la cohabitation entre les différentes composantes de la Mauritanie.
IMS reviendra une semaine plus tard sur la même radio pour exposer en pulaar comment ces personnes ont tenté de modifier les statuts de l’Association pour la Renaissance du Pulaar(ARPRIM) pour criminaliser toute dénonciation du racisme d’Etat et tenter de les marginaliser par cette formalisation de leurs fractures idéologiques. Lui et ses amis (Mamadou Samba DIOP dit Mourtoudo, Pr.Saydou KANE,…) finiront par partir.
Mourtoudo qui fera une médiation pour réconcilier son courant idéaliste avec l’aile pragmatique, essuyera des propos désobligeants de la part de l’actuelle honorable députée Kadiata Malik DIALLO. Et Kaya, le frère de l’illustre disparu, ira jusqu’à sortir son couteau pour laver l’affront.
Plus récemment, Lo Gourmo, éminent juriste spécialisé en droit constitutionnel, traitera dans une conférence publique le Président de l’AJD/MR de lièvre [au sens athlétique du terme NDLR] du Général Aziz pour fustiger sa participation à l’élection du 6 juin 2009. Même si c’est placé sous l’angle du dendiraagu[moqueries tolérées entre cousins par famille NDLR], la pilule ne passera pas.
Ajoutez à cela les pamphlets de HadeeWada Tall hébergés sur le site de l’Ufp - un pseudonyme de lièvre ou waccoorewojere - et vous aurez un aperçu du lourd passif entre certains cadres négro-mauritaniens du parti de Maouloud et la vieille garde de l’AJD/MR.
Aujourd’hui, l’histoire a pratiquement donné raison aux idéalistes, la question nationale préoccupe, bien plus que la lutte des classes et la dictature du prolétariat. IRA, TPMN en sont les manifestations radicales. Même l’honorable député Moustapha Ould Abeidarahmane, ancien kadihine, en convient. Le Président du RD fait partie (avec AJD/MR, APP, MPR) de ceux qui ont inscrit dans la constitution le droit à la différence et l’interdiction de l’esclavage lors du dernier dialogue politique non inclusif.
Dès lors, plus rien ne s’oppose aux retrouvailles entre vieux nationalistes, étroits et …élargis !
Puisse cette contribution être vue comme une tentative de crever l’abcès émanant d’un observateur lointain de déchirures que la maturité du combat pour l’égalité et la justice en Mauritanie n’autorise plus.
Quelques extraits des autres sujets abordés
Autodafé de Biram…
IMS : A l’AJD/MR on ne s’est pas fatigué à faire des déclarations comme certains pour condamner parce que Biram n’a pas brûlé le Coran. Ethmane Ibn Afaane, quand il a fait son premier Mashaf, je crois qu’il avait ordonné que tous les autres [corans] devaient être brûlés ou détruits. Un érudit m’a dit que oui mais ça dépend de l’intention. Alors il faut aller chercher dans l’intention de Biram ! (rires) Biram a voulu faire un geste pour provoquer, et d’ailleurs il a réussi. Il y a eu énormément de débats autour de ça..
Passif humanitaire…
IMS : Le dossier du passif humanitaire est entamé, il est très loin d’être clôt. Les déportés, leur situation est désastreuse. Il y en a encore qui sont restés au Sénégal, d’autres sont encore au Mali. Ceux qui sont revenus vivent des conditions très difficiles. La première des choses est qu’ils n’ont pas encore récupéré leurs terres, la terre de leurs ancêtres.
Economie ?
IMS : Le Président dit que les caisses sont pleines...et la ménagère souffre. J’en sais quelque chose parce que je suis en location et j’ai énormément de problèmes pour joindre les deux bouts. Donc je sais très bien que ça ne va pas du tout ! Alors comment expliquer cela ? Le Président en luttant contre la grande gabegie s’est attaqué à la classe moyenne, il a détruit un pouvoir d’achat qui permettait à chacun de nourrir dix familles.
Mali ?
IMS : La Mauritanie doit tout faire de concert avec les pays de la sous-région et éviter de faire cavalier seul pour lutter contre ce fléau très dangereux qu’est le terrorisme. Il y a les Touaregs et le MNLA, le Mali doit recouvrer son intégrité territoriale, c’est la position de notre parti. Et maintenant il faut trouver une solution au problème de cohabitation des maliens, comme moi je le réclame ici en Mauritanie. Dans le dernier communiqué que nous avons publié nous avons demandé que nos frontières soient sécurisées car dans cette affaire la Mauritanie est très impliquée.
…La Mauritanie ne peut pas rester les bras croisés, j’appelle à l’unité, au moins que le front intérieur soit solide.
Renouvellement de la classe politique...
IMS : ça ne se fait pas de manière mathématique ni mécanique, la classe politique se renouvelle naturellement. Nelson Mandela, Abdoulaye Wade, De Gaulle ont quitté le pouvoir à quel âge ? Ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on doit quitter la scène. Non, les jeunes n’ont qu’à faire leurs preuves. Mais dire qu’il faut que les vieux dégagent pour qu’ils viennent, non !
Les vieux pendant quarante ans, ils luttent, ils sont emprisonnés,…ET ils ont des projets et n’ont pas un jeunesse qui prend cela en charge. Alors, il faut bien qu’ils veillent au grain [rires de Khattat]
Ciré Kane