06-05-2013 16:04 - Agence Nationale pour l’éradication des séquelles de l’esclavage, l’insertion et la lutte contre la pauvreté ‘Tadamoun’: Une solution qui arrive à point nommé
La création de l’Agence Nationale Tadamoun est une véritable révolution. Elle s’opère en un moment ou les points de vue multiples et multiformes que soulève la question de l’esclavage donc, de la pauvreté et de l’ignorance, sont la preuve que l’avènement de cette Agence ne laisse indifférent aucun mauritanien concerné, passionné ou intéressé par la question de l’Esclavage.
Elle arrive à point nommé pour que la problématique de l’esclavage, de la pauvreté et de l’insertion ne continu pas à être l’apanage de certaines officines intérieures et extérieures qui la manipulent, avec d’avantage de hargne contre notre pays, si l’on considère les motivations politiciennes qui animent ces officines, plutôt comme épouvantail politique où comme cheval de Troie, que par solidarité ou sympathie avec les mauritaniens qui en souffrent.
Tadamoun devrait être à même de répondre aux exigences de l’heure sans complaisance ni complexe, sans excès ni extrémisme eu égard aux immenses résultats attendus de sa création.
Les responsables chargés de conduire un outil aussi vital pour le devenir de notre nation, doivent s’armer de courage, de compétences et d’un regard lucide tout en affichant déjà , la rage de vaincre, car l’échec n’est pas permis. Au regard de l’ampleur des taches qui l’attendent l’Agence doit agir de manière méthodique, sans improvisation et sans amateurisme.
Elle devra de toute urgence mettre en place un plan stratégique global de référence qui précise la périodicité des actions prioritaires à mener pour embrasser la problématique de l’esclavage et de la pauvreté dans toute sa diversité. Il est tout à fait évident qu’une structure de cette dimension s’accommoderait mal de laxisme et d’improvisation.
C’est pourquoi, Tadamoun, doit rompre avec toutes les méthodes utilisées jusqu’ici, car elles ont montré leur limite, l’Agence doit au contraire agir vite, intelligemment et efficacement en prenant les mesures concrètes qui peuvent être facilement décryptées comme étant des signaux forts reflétant la volonté politique réelle et sans équivoque des pouvoirs publics d’en finir, une fois pour toute, avec la pauvreté, l’esclavage et ses séquelles. C’est en fait ce que les communautés de pauvres et d’exclus et particulièrement la communauté des Harratines attendent de l’Agence et de l’Etat.
Ainsi, un combat sur tous les fronts s’impose. Sur la base d’un programme savamment élaboré les principales actions devraient porter sur les plans : juridique, administratif, social et religieux, avec des campagnes d’explication à l’intérieur comme à l’extérieur si nous voulons porter un grand coup et passer à l’offensive, plutôt que de rester sur la défensive qui est une position peu crédible et par définition précaire…
Parmi les grands axes qui peuvent constituer une première phase d’action on peut citer:
1. Une large campagne nationale de sensibilisation et d’explication des motifs qui ont présidé à la création de l’Agence ; pour que chaque foyer sans exclusive sur notre territoire national, s’approprie l’Agence, ses missions et ses objectifs ;
2. Un Etat des lieux (Etats généraux sur l’esclavage et la pauvreté) sans complaisance ni complexe, mais également sans excès ni extrémisme pour identifier les zones de première intervention en impliquant, dans la longue marche de la lutte pour l’éradication des séquelles de l’esclavage et de la pauvreté, les anciens esclaves au premier chef, les acteurs sociaux et politiques nationaux et la société civile mauritanienne. Seuls ces interlocuteurs sont à même d’appréhender les problèmes mauritaniens dans leur complexité et dans leur diversité et y apporter les remèdes crédibles.
3. L’élaboration des programmes d’urgence pour atténuer les inégalités économiques en réduisant l’écart croissant qui se creuse entre les pauvres et les nantis de notre pays. Ce qui favoriserait l’émergence d’une classe moyenne gage de stabilité politique et garantie de l’éradication effective de la pauvreté et des séquelles de l’esclavage. Un appoint des amis de notre pays devrait consister essentiellement à aider financièrement la mise en pratique des remèdes crédibles préconisés.
4. Une forte mobilisation de moyens humains et financiers pour agir objectivement dans le domaine de l’éducation, de l’alphabétisation, de la santé, de l’habitat, de l’emploi, de l’Eau, d’électricité etc. Autrement dit, l’accès à toutes les formes de services de base.
5. Une large campagne médiatique (émission de télévision, de radios, de presse écrite officielle et privée) A laquelle les populations ciblées participent pour relever les défis et parer aux manquements socio-économiques qui caractérisent les foyers et autres creusés de pauvreté et de perception des séquelles de l’esclavage.
6. L’élaboration d’un vaste programme d’éradication à terme des adwabas, aboutissant à une insertion progressive dans la vie active des cités de leurs habitants, car les adwabas constituent un cantonnement et un isolement des haratines et autres pauvres. Il ne s’agit pas pour ces populations d’abandonner leur terre et/ou leur bétail, mais pour faire disparaitre progressivement la notion de Edebaye, sa vie et sa culture comme ghetto. Ce sont là quelques orientations que l’Agence pourrait inclure dans un avant - projet de plan d’urgence.
Nouakchott le, 02 Mai 2013
Dr. Tijani Ould Boilil