Le 3 Mai, journée internationale de la liberté de presse a été fêtée ici avec faste. Nous avons eu droit à, non pas une journée, mais, toute une semaine de discours, de rencontres, de débats et de dîners.

Le Ministère de la Communication, les institutions publiques, les associations, les syndicats, ont tous eu leur soirée, leur colloque, leur moment de plénitude. Comme l’année dernière, et l’année d’avant, on s’est bien rencontré, on s’est bien félicité, on a bien écouté de beaux discours, puis on s’est séparé, sans que rien de vraiment nouveau n’apparaisse à l’horizon.

On aime le dire : la presse chez nous est des plus libres, l’espace audiovisuel libéralisé a donné une nouvelle marge pour la liberté, les journalistes ne vont plus en prison, l’Etat soutient financièrement les medias. Tout cela est vrai.

Mais d’autres questions se posent auxquelles personne n’apporte de solutions. Les journaux ne se vendent plus, les tirages sont ridicules, les publicités n’arrivent plus qu’au compte-gouttes, le niveau des journalistes s’abaisse de jour en jour, la professionnalisation est devenue un rêve impossible, la rumeur devient événement, une formation au rabais est fournie à l’ENA et ailleurs à des « apprentis-journalistes qui crèveront avant de trouver un boulot décent, parce que justement, les « patrons » de presse ne payent pas.

La presse aujourd’hui ne sait pas où aller parce qu’elle a perdu ses repères, on lui dit « tu es libre !» mais elle ne sait pas profiter de cette liberté : les portes de l’information sont fermées, la publicité, les vrais soutiens n’appartiennent qu’à ceux qui se sont vendus à l’Etat ou aux particuliers, les vrais journalistes émigrent pour bien vivre, Al Jazira, les chaines et les journaux du Golfe leur ouvrent les bras alors qu’ici ….

Au-delà des fêtes, des autocongratulations, l’Etat et les journalistes devraient bien réfléchir ensemble à l’avenir d’un secteur indispensable pour la démocratie et qui est en train de mourir. Des Etats Généraux de la Presse et de la Communication devraient être tenus. Pour tracer des perspectives, ouvrir des voies. Parce qu’il s’agit d’une question urgente et qui intéresse la société tout entière.