11-06-2013 13:53 - Moussa Ould Hamed à Taqadoumy : «Notre ligne éditoriale procède d’une conviction réelle»
Moussa Ould Hamed est le directeur de publication de l’hebdomadaire indépendant Biladi un journal qui s’intéresse de près à la situation politique du pays et qui n’hésite pas à chaque fois que le besoin se fait sentir de mener enquête sur les sujets les plus sensibles. Au lendemain du saccage des locaux qui abritent le siège de son journal, il répond aux questions de Taqadoumy.
Taqadoumy : L’hebdomadaire Biladi dont vous êtes le directeur vient d’être saccagé, à quoi assimiliez- vous l’acte d’intrusion au sein de vos locaux ?
Moussa Ould Hamed (M.O.H) : Sincèrement, je suis surpris et étonné qu’on nous attaque de cette manière : Il n’y a pas d’événements récents qui justifient cela.
Mais au point ou nous en sommes, je n’ai que des hypothèses en ce qui concerne le sens de cette intrusion : soit c’est un acte destiné à nous donner un avertissement ; soit c’est le fait d’une personne ou de personnes qui chercheraient quelques documents ; archives dont je ne sais lesquels. Bon cela, c’est des hypothèses, toujours est-il que nos bureaux ont été saccagés. Je n’ai pas constaté en tous cas, pour le moment, une disparition de documents.
Taqadoumy : Y-a-t-il pas lieu d’établir un lien entre l’intérêt accordé par votre journal aux enregistrements sonores dits du Ghanagate et au procès Aziz Mamère sur lequel vous vous êtes appesantis en allant jusqu’à publier la liste de témoins de deux partis ?
M.O.H : Peut-être qu’il y a un lien. Moi personnellement, comme responsable de la publication, j’ai reçu beaucoup de mails qui m’insultent et qui me reprochent ce qu’ils estiment être un manque d’objectivité dans cette affaire que vous appelez Ghanagate. J’ai reçu en maintes occasions des coups de fil qui ne sont pas très cordiaux ni avec moi ni avec l’équipe rédactionnelle de Biladi. Faut-il en conclure qu’il y a un lien entre le Ghanagate et l’intrusion ? Je dirai que c’est une piste d’explication parmi tant d’autres.
Taqadoumy : Avez reçu aussi des coups de fil suite à la publication de la liste des témoins concernant le procès Aziz /Mamère ?
M.O.H : Les coups de fil peu amènes qui proviennent des gens qui protestent contre une analyse ou un élément donné d’une information passée dans le journal - que j’ai toujours pris avec beaucoup de sportivité d’ailleurs - concernent surtout les enregistrements sonores.
Taqadoumy : A votre avis, qui est derrière ces coups de fil, avez-vous essayé de les identifier?
M.O.H : Je ne me suis jamais intéressé à les identifier, mais tout de même je sais que ce sont des gens qui, apparemment, travaillent dans un cadre organisé et qui sont chargés un peu d’essayer d’intimider ceux qui osent aborder certains sujets tabous.
Taqadoumy : A présent que compte faire Biladi ? Faire profil bas en attendant que l’orage se calme ou continuer sur sa lancée ?
M.O.H : Absolument pas. Notre ligne éditoriale procède d’une conviction réelle. Nous ne l’avons pas adoptée pour mettre les bâtons dans les roues à untel ou untel autre mais parce que tout simplement nous croyions au rôle de contre pouvoir que peut et que doit jouer la presse dans notre pays et au rôle que peut remplir cette même presse en ce qui concerne l’information. On ne s’en cache pas : nous avons une ligne éditoriale à laquelle nous tenons, quelques soient les brimades, quelques soient les obstacles et autres actes d’intimidation… nous allons maintenir cette ligne éditoriale-là .
Propos recueillis par Samba Camara
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