11-06-2013 20:46 - « Le Débat » sur TVM, pourvu que ça dure !
L’émission animée sur la TVM un dimanche sur deux par notre confrère Yedaly Fall reçoit très souvent sur le plateau des acteurs politiques ou de la société civile pour débattre de questions touchant à la vie de la nation…
Au cours de la dernière émission il était question notamment de la CENI controversée et de ses moyens d’organiser des consultations électorales dans un contexte de contestation et de crise politiques. Ce débat a mis face à face deux défenseurs du camp de la majorité et deux de l’opposition.
Et comme on devait s’y attendre l’argumentaire s’est articulé plus autour des réalisations ou des problèmes, selon que l’on se situe dans l’un ou l’autre des deux camps. Sans avoir à revenir sur les contenus des joutes qui l’ont caractérisée,
rappelons que la particularité de l’émission de Yedaly Fall est qu’elle
est faite en langue française.
Certains y verront, plus par chauvinisme que par réalisme, une mise en marge de ceux qu’ils considèrent comme l’écrasante majorité des téléspectateurs et citoyens mauritaniens. Car pour eux ceux-ci doivent recevoir les émissions de leur télévision nationale comme de leur radio nationale d’ailleurs dans la langue officielle : l’arabe
« Le débat », l’émission de Yedali Fall survivra-t-il dans cette jungle idéologique alors qu’il reste le seul moyen de donner la parole à un public qui scrute les petites occasions de s’exprimer mais qui bute presque toujours à la barrière de la langue.
Certes à la TVM il existe El Hiwar qui est une émission en arabe recevant parfois des invités francophones à qui dérogation est faite de s’exprimer dans la langue « étrangère » alors que leurs autres co-invités sont astreints à n’émettre leurs idées, si cartésiennes fussent-elles, qu’en arabe (de préférence ?) la langue qui doit ses lettres de noblesse à un certain Sibeweyhi…
Aux francophones, qui passent pour être entrés dans ces émissions en arabe par effraction, on permet de s’exprimer en français comme si ce qu’ils disaient n’intéressaient et ne concernaient qu’eux. Mais, plus d’une fois, ceux qui rechignent à l’idée qu’une émission puisse être faite en français sur la TVM ont réussi à faire annuler et supprimer des émissions produites télévision nationale. « Mauritanie Plus » de notre confrère Bios Diallo est passée par là !
«Le Club de la Presse » aussi. A propos de cette dernière, on se rappelle même qu’une émission de programme enregistrée en français de Cheikh Ould Zeine Lessem, fut purement et simplement par un directeur zélé qui voulait le convaincre de censurer certains des propos tenus durant cette émission qui n’était pas en direct mais enregistrée.
Et dire qu’au mois de mai passé des armées de journalistes se sont employés à se féliciter que les autorités ont accordé à l’expression une liberté inédite !
Ils ont oublié, nos confrères, que leurs journaux, leurs sites et même leurs radio et télévisions privées ne sont pas encore à la hauteur de la véritable demande de liberté d’expression. La véritable liberté d’expression doit transcender le confinement linguistique dans lequel une certaine opinion veut installer les mauritaniens sous prétexte e conformisme constitutionnel.
En quoi une seule émission, qui de surcroît n’advient que deux fois par mois gênerait-elle l’arabité d’une TVM très peu à cheval sur le respect de la diversité dans tous ses états ?
« Le débat » reste le seul espace au sein des médias publics à regrouper autour d’une même table les différents acteurs politiques pour donner leurs avis sur les questions nationales. C’est le lieu ici de plaider pour qu’au moins cette émission puisse continuer son chemin et offrir la parole aux acteurs politiques et aux membres de la société civile afin d’échanger de manière sereine et responsable.
Kissima
