13-06-2013 10:42 - Diffamations et rumeurs contre les symboles de l’Etat : Le silence, un destructeur de confiance

Diffamations et rumeurs contre les symboles de l’Etat : Le silence, un destructeur de confiance

L’opinion publique mauritanienne assiste depuis un certain nombre de temps, à une série de suspicions et d’accusations à peine voilées, touchant à l’honneur de personnalités importantes de l’Etat, dont le président de la République lui-même, ou encore un ancien consul à Bissau, et aujourd’hui sur la sellette, le gouverneur de la BCM, le ministre de la Justice et le procureur de la République.

Si le président Aziz a été prompt à déposer plainte en France contre un député euro des Verts pour « diffamation », certains trouvent inexplicables qu’il puisse garder le silence face à ses « diffamateurs » internes.

Le silence face à l’ignominie est-il la bonne arme de déculpabilisation, si l’on sait que le « non-dit est un poison, une violente muette » non seulement contre soi , mais contre l’opinion qui a droit à la vérité. Alors, quand est-ce que le voile sur toutes ces affaires scabreuses, trafic de drogue, blanchiment, corruption, seront-elles levées ? Si la parole est d’argent, le silence est-il toujours d’or ?

Un grand penseur disait :

« il existe un silence tyrannique, sous forme de –je ne veux plus qu’on parle de ça- ; outrepasser cette injonction oblige à une intrusion dans un espace de silence imposé ; respecter ce souhait…c’est nier un ressenti personnel qui peut-être en désaccord avec sa vision des choses. C’est une manipulation affective assez vicieuse ».

Certes, le président Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas dit « je ne veux plus qu’on parle de ça », du moins publiquement, pour faire taire les rumeurs que son opposition fait courir sur son compte et que presque la quasi-totalité des médias, ont repris.

Non seulement, les accusations portées par ses détracteurs qui l’accusent d’implication dans le trafic de drogue et de blanchiment d’argent, sont devenues le principal argument politique développé contre lui, mais les médias audiovisuels s’en sont emparés pour en faire des objets de débat. Si au moins, Ould Abdel Aziz avait dit quelque chose, n’importe quoi, ce serait au moins plus rassurant que son silence obstiné face à de si graves rumeurs.

Ainsi, personne ne comprend qu’il puisse penser répondre par un procès à un député français qui l’a accusé des mêmes griefs et faire le dos rond devant l’étalage intra muros qu’en font ses adversaires politiques. Et comme la nature a horreur du vide et que le président Mohamed Ould Abdel Aziz semble avoir opté pour l’indifférence finale, la rumeur et les ragots brodent dans l’imaginaire pour créer une « vérité » même factuelle.

L’opinion a elle aussi horreur du silence et préfère de loin, les supputations aux allures du réel que l’angoissante absence de réponse.

Pourquoi, le président Mohamed Ould Abdel Aziz ne répond-il pas à ses accusateurs, par un démenti officiel, ne serait-ce que par respect pour les Mauritaniens ? Penser que ne pas répondre à une infamie est la meilleure façon de ne pas la répandre, et que tout le monde le comprendrait ainsi, n’est pas la bonne solution, pour un Chef d’Etat objet d’accusations aussi graves.

Si réellement, il s’agit de diffamation, pourquoi ne pas confier l’affaire à un pool d’avocats et envoyer tous ces colporteurs de médisance devant les tribunaux ? Ce serait en tout cas plus glorieux que de les laisser poursuivre leurs œuvres, avec ce sentiment exhaltant des détenteurs de la pure vérité. En se défendant contre les médisances, Mohamed Ould Abdel Aziz ne se défendra pas lui-même, mais la République et les symboles de l’Etat qu’il représente.

Si l’on ne peut tolérer un tel silence de la part du président de la République face à la lame inflexible des accusateurs, on ne peut en faire autant pour son entourage.

Hier, un journal de la place a explicitement accusé le Gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie, le ministre de la Justice et le Procureur de la République de Nouakchott de complicité dans l’affaire de la GBM et de celui de l’homme d’affaires, Ould Debagh. Il y est question d’une villa achetée à 45 Millions d’UM en faveur du ministre de la Justice par le Gouverneur de la BCM, d’une connivence achetée du Procureur de la République. Il y est question même d’un numéro de compte et de l’indication du lieu où se situe cette villa.

L’opinion attend une réponse de ses responsables. Le silence ne peut continuer à planer sur de si graves accusations portées par des personnes qui semblent disposer de tous leurs moyens de preuve. S’il y a diffamation, il doit y avoir plainte, puis procès, pour le triomphe de la vérité et le maintien du prestige de l’Etat. Les Mauritaniens n’acceptent plus de vivre dans un tel climat où des interrogations aussi vitales pour la Nation restent sans réponse.

JOB.




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Commentaires (4)

  • sammbasy (H) 13/06/2013 17:24 X

    Attention, ne semez pas la confusion, les choses sont très claires : l'opposition a fait exactement ce que fait cet article, à savoir demander un éclaircissement sur toutes ces accusations rapportées par la presse (d'abord par la presse) :

    "les enregistrements, les malles, le Malien Hamed Amar, les audiences avec des personnes accusées d'être liées au narco-trafic dont Antonio Ndiay reçu en 2010 par Aziz au Palais ... les libérations narco-trafiquants condanmés etc ...).

    Donc, comme vous le dites, nous tout le monde veut être édifié sur ces accusations, mais l’opposition n’a accusé le pouvoir que de son silence face à telles graves accusations !

  • hasnie (H) 13/06/2013 15:13 X

    Quand on n'a rien à se reprocher,on n'a nullement besoin de gueuler monsieur! Aziz en tant que président de la république ne peut répondre à cette série noire de rumeurs, de délations et d'histoires de bonnes femmes. Quant aux accusations qui se veulent sérieuses, telles celles du député français, Noël Samère, je pense que le président dans ce cas précis, a saisi la justice et l'affaire est en cours. Mais comme la liberté est un luxe, certains en abusent mais ça leur passe comme le temps, mon brave!

  • mine-you (H) 13/06/2013 12:07 X

    JOB ,
    Pourquoi parlez-vous de diffamation ? Vous en êtes sûre ? Si c’est le cas l’opinion nationale attend que vous l’éclairer sur ces affaires graves pour le pays.

    L’opposition n’accuse pas, elle s’inquiète comme vous de ce silence coupable de Ould Abdel Aziz, après les révélations de la presse sur des rencontres avec des trafiquants de drogue recherchés par Interpole et par la justice Mauritanienne il y a quelques mois, après les rencontres avec le Bissau Guinéens inculpé depuis par la justice Américaine de trafic de drogue, après les enregistrements audio appelés par la presse nationale de « Ganagate », après encore d’autres révélations ( aéroport de Nouakchott, amnistie de trafiquants, etc).

    S’il avait s’agit de la seule image personnelle de Ould Abdel Aziz ça aurait laissé indifférent l’opposition et certainement beaucoup de mondes, là il s’agit de la Mauritanie donc l’opposition a le devoir et l’obligation à ne laisser ternir l’image du pays . C’est d’ailleurs le devoir et l’obligation de tout patriote sincère.

  • yahyasowa (H) 13/06/2013 11:16 X

    Personnellement je pense le contraire, toutes ces ONG, Associations qui prétendent défendre l’intérêt général pour quoi ne porteraient- elles pas plainte contre toutes ses personnes, parce que la Mauritanie n'appartient pas à ould abdel aziz, la banque centrale n'appartient pas non plus a ould raïs et encore moins le ministère de la justice au ministre de la justice.

    si ces ONG et Associations ne le font pas pour quoi alors l'opposition ne le fait pas elle même si elle a la preuve de ces accusations?