16-06-2013 10:05 - De l’analogique au numérique : le passage obligé
Le passage de l’analogique au numérique est, à juste titre, considéré comme l’une des plus importantes mutations scientifiques et comportementales de l’ère technologique.
Ce passage, que chaque pays tente de négocier en s’adaptant au mieux aux conditions de ses organes régulateurs, constitue d’une part un défi d’ampleur mondiale et, de l’autre, un enjeu majeur sur la voie de mise à niveau des économies du Sud et sur celle de leur mise en réseau avec la dynamique d’industrialisation massive, et de plus en plus sélective, des pays de l’hémisphère Nord.
Au niveau africain, la tendance d’intégration qui se profile derrière cet immense projet et l’intervention, de plus en plus accrue, de la cybernétique et de la robotique dans nos habitudes, consacrant nos caractéristiques irréversibles de société de l’information, sont autant de facteurs incitatifs de nos Etats à rattraper leur retard dans ce domaine, que de raisons pour la communauté internationale de les y aider.
C’est dans cet ordre d’idées, soubassement de la norme internationale, que l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) a mis à profit la conférence tenue à Genève en 2006 pour fixer au mois de Juin 2015 et au niveau mondial, la date limite pour opérer le passage obligé de l’analogique vers le numérique.
Mais puisqu’il semble, par ailleurs, que l’Afrique évolue sur ce registre à deux vitesses différentes, la date de décembre 2012 a été retenu pour les pays de la communauté Est africaine, mesure probablement justifiée à l’aune de facteurs et de contingences politiques, plutôt qu’à celle d’indicateurs de développement, de performances économiques et de proximité avec l’Europe dont jouissent des pays comme le Maroc, l’Algérie et la Tunisie.
A ce sujet, le doute n’est point permis et une certaine volonté d’orienter les premiers financements et investissements vers cette région de l’Afrique, on ne peut plus évidente.
Une politique de déséquilibre périlleux quand on connait, par exemple, le niveau de sous développement structurel de l’Afrique de l’Est et quand on sait que le passage de l’analogique vers le numérique, consiste en deux étapes successives : l’échantillonnage et la Conversion Analogique Numérique (CAN). Un processus qui nécessite des moyens colossaux, une main d’œuvre hautement qualifiée et une prédisposition manifeste au changement des mentalités et du comportement.
Pour se conformer aux recommandations de l’UIT et à l’instar des pays de même niveau de développement, la Mauritanie vient de lancer le processus de mise en place de sa CAN en créant sa propre commission nationale de numérisation. Une commission qui doit, en premier lieu et si elle obéit aux mêmes critères que ses consœurs un peu partout dans le monde, réaliser une analyse du cadre institutionnel et juridique pour ouvrir la voie aux réformes sans heurter la législation en la matière désormais à vocation internationale.
Il revient ensuite à cette commission de définir une stratégie de mise en œuvre des décisions gouvernementales afin de les traduire en contenu de réalisations concrètes sur la voie de la numérisation et sur celle, plus complexe, de son assimilation par le consommateur.
Il lui revient enfin de définir, en collaboration avec les départements ministériels concernés, les règles du marché interne et de proposer les mécanismes et outils lui permettant de se connecter aux marchés extérieurs en épousant les contours de leurs exigences et de leurs normes.
Une dynamique à large spectre d’incidences et d’effets induits qui concerne aussi bien les importateurs des équipements, les fournisseurs de services, le Fisc, la presse et le consommateur, que les organes de régulation et le législateur.
Du point de vue coûts et étant entendu, qu’à terme, nous devons changer nos équipements analogiques pour des équipements numériques, ceux-ci seraient vraisemblablement disproportionnés par rapport au pouvoir d’achat d’une grande majorité de consommateurs.
Une réalité têtue qui a conduit à la conclusion selon laquelle une période provisoire de cohabitation entre l’analogique et le numérique doit être observée pour permettre le remplacement progressif des équipements du premier par ceux du second. Une solution d’autant plus consensuelle que les infrastructures seront réalisées sur fonds des Etats et sur ceux d’une certaine forme de coopération.
A titre d’exemples de cette cohabitation entre l’analogique et le numérique, les téléspectateurs qui voudront regarder une télé numérique de haute qualité vont devoir s’équiper d’adapteurs. Dans le domaine des médias, les équipements de production, d’émission et de réception sont eux aussi concernés. Les postes récepteurs dont dispose le public devront donc être adaptés aux nouvelles normes ou déclassés.
M.S.Beheite
