17-04-2014 13:58 - Boghé : D’une seule voix dit non à l’extension du CPB dans l’opacité devant une mission du MDR [PhotoReportage]

Boghé : D’une seule voix dit non à l’extension du CPB dans l’opacité devant une mission du MDR [PhotoReportage]

Elfoutiyou - Une réunion s’est tenue le dimanche 13 avril 2014 à la Maison des Associations de Boghé consacrée au projet d’extension du casier pilote de Boghé. Le conclave présidé par le Hakem de Boghé, Hmada O Khatra, a regroupé une mission dépêchée par le MDR avec les propriétaires terriens et les élus locaux, le maire Hamadi Hachimiyou Dia et le député, Sow Moctar Aliou).

L’Etat Mauritanien à travers le ministère du développement rural a décidé l’aménagement d’une superficie de 3000 hectares dans le casier pilote de Boghé (CPB).

Les populations bénéficiaires avaient applaudit l’annonce par le ministre du développement rural de cette décision du chef de l’Etat de mettre en valeur les trois mille hectares non exploités du CPB. Une vieille requête des producteurs agricoles.

«C’est du poison qu’on veut nous avaler»

Cependant, le démarrage des travaux d’aménagement de cette superficie de 3000 hectares vers la fin du mois de mars 2014 à l’insu autorités administratives (Wali et Hakem), du maire de Boghé et des producteurs agricoles avait suscité une levée de boucliers des propriétaires terriens. Les responsables de la STAM, l’entreprise chargée des travaux avaient été sommés d’arrêter les travaux par les autorités locales en attendant une clarification des choses.

Le MDR a alors dépêché une mission « de second couteaux » composée de Bâ Moussa, chef de service de la cartographie, Traoré Moussa et N’Gaîdé Amadou respectivement, chef de la mission de contrôle de la DAR et son adjoint. Au cours du conclave qui a duré plus de trois tours d’horloge, les uns et les autres (techniciens et propriétaires terriens) se sont exprimés sur toutes les zones d’ombre du projet.

Les missionnaires du MDR ont tenté avec d’énormes peines de dissiper les inquiétudes des propriétaires terriens mais, il n’est pas sûr qu’ils aient atteint leur objectif. Les débats ont surtout tourné autour de la question primordiale d’inventorier le patrimoine foncier de chaque exploitant d’abord, le coût financier du projet, les compétences de l’entreprise adjudicataire du marché, les délais (18 mois) pour mettre en valeur 3000 hectares, les voies moyens d’associer les bénéficiaires du projet, la qualité du contrôle, les études de faisabilité entre autres.

Face à ces différentes interpellations, les missionnaires du MDR ont éprouvé toutes les peines pour convaincre les paysans de Boghé à avaler les thèses du MDR sur le projet. Pour bon nombre d’intervenants, c’est tout simplement un scandale, qu’une entreprise traverse tous les postes de contrôle jusqu’à Boghé sans que les autorités ne soient au courantes. Et pour ces dernières, notre sécurité n’est pas assurée.

Les intervenants, le député Sow Aliou Moctar et le maire de Boghé, Dia Hamadi Hassimiyou en premiers, ont fustigé la démarche de la STAM tout en saluant la décision du président de la république de mettre en valeur les 3000 hectares. Le nouveau député du département a indiqué avoir rencontré le MDR pour attirer son attention sur les failles du projet, notamment l’absence d’études de faisabilité et la nécessité d’associer l’expertise locale (les ingénieurs retraités de Boghé) dans la mise œuvre du projet.

Mais pour N’Gaîdé Hamat Moussa, un cadre du MDR à la retraite, il a fallu 48 mois à la société SATOM, une filiale du groupe Vinci créée en 1951 pour réaliser l’aménagement d’une superficie de 1200 hectares du CPB au début des années 1980. Il (N’Gaîdé) ne comprend pas comment, la STAM pourrait réaliser un aménagement de 3000 hectares en seulement 18 mois. Les travaux risquent simplement d’être bâclés et on aura dépensé de l’argent pour rien affirme M. N’Gaîdé.

L’agronome à la retraite a également mis le doigt là où ça fait mal et gênant pour nos gouvernants. Les conflits d’intérêt notamment entre la direction de l’aménagement rurale (DAR) qui assure la mission de contrôle et la SNAT (maître d’ouvrage) qui sont deux entités étatiques coiffées par le ministre du développement rural, Brahim O M’Bareck.

Quant à son aîné, N’Diaye Daouda qui préside comme lui l’une des grandes organisations paysannes, a été plus virulent dans ses critiques vis-vis des concepteurs du projet. « Aucune enquête n’a été faite pour ce projet ; ni une enquête sociale, ni enquête sanitaire, ni une enquête environnementale » a-t-il martelé avant de conclure en affirmant « c’est du poison qu’on veut nous avaler ».

Il s’étonne que des sociétés expérimentées comme la SONADER soient écartées de la conception et de la mise en œuvre de ce projet d’extension du CPB. Le sage a toutefois rassuré les propriétaires terriens en affirmant que la SONADER dispose d’un plan cadastral du CPB et d’un support du plan parcellaire déjà mis en œuvre et de la superficie qui n’a pas été encore exploitée. Dans tous les cas affirme M. N’Diaye, ce plan est disponible chez certaines personnes encore en vie.

Des réponses vagues, incomplètes et floues

Dans les réponses adressées aux propriétaires terriens, les missionnaires du MDR ont indiqué que le financement du projet s’élève 7 234 267 880, 97 Ouguiyas. Après quelques hésitations, ils ont fini par avouer que l’adjudication s’est faite via une convention entre le MDR, représentant le gouvernement Mauritanien et la SNAT qui a sous traité avec la STAM, une société Marocaine et non suivant une procédure d’appel d’offre.

Les missionnaires du MDR ont affirmé que la STAM a commis une grosse faute en commençant les travaux sans obtenir une autorisation préalable. Le démarrage effectif des travaux d’aménagement était prévu en juin 2014 a dit le chef de la mission de contrôle.

Cependant, comme la STAM n’a pas avancé dans un autre projet à Foum Leghleîta, les responsables de l’entreprise ont opté pour venir à Boghé pour avancer sur les travaux d’extension a-t-il indiqué en ajoutant que la STAM n’avait pas d’autorisation pour commencer le chantier à Boghé.

S’agissant du délai de 18 mois qui ne convainc pas les bénéficiaires du projet, les responsables de la DAR qui ont la charge du contrôle rassurent en affirmant que la qualité des travaux dépend plus des moyens de l’entreprise que du timing et les avancées technologiques en plus ces dernières années sont autant de facteurs qui font gagner du temps à une entreprise. Ce qui n’était pas le cas, il y’a quelques années.

La STAM en plus, est une entreprise qui jouit d’une compétence et d’une bonne réputation en matière d’aménagement témoigne un cadre à la SONADER présent à cette réunion. La DAR aura la charge du contrôle et elle sera épaulée par le laboratoire national d’analyses fait savoir le responsable de la mission de contrôle.

La SNAT se défend en vain

Le représentant de la SNAT a tenté en vainement de soigner l’image de sa société auprès de l’assistance qui a émis de vives critiques à l’égard des travaux que celle-ci a réalisée à Aéré M’Bar et Beylane. Il rejeté la responsabilité de l’échec des travaux de réalisation de l’aménagement du périmètre de Aéré M’Bar sur l’étude hydrologique faite par la DAR.

A l’issue de ce conclave marathon, les propriétaires terriens sont restés sur leurs fins sur beaucoup de points essentiels. Le flou et le doute malheureusement persistent dans les esprits de ces personnes sensées être les bénéficiaires. Le Hakem dans son mot de clôture a réitéré la volonté du gouvernement Mauritanien de mettre en valeur les terres cultivables de façon générale et le CPB en particulier dans le but de réduire la pauvreté et la dépendance alimentaire de notre pays vis-à-vis de l’étranger.

Il a demandé aux propriétaires terriens de penser à ceux qui vivent parmi eux n’ont pas de terres avant de décliner une proposition consistant à la mise en place d’une commission composée des deux présidents des groupements coopératifs agricoles du CPB, du maire de la commune, de la SONADER et de la DAR pour réfléchir sur les voies et moyens d’inventorier les terres avant le démarrage des travaux d’aménagement des 3000 hectares. (Affaire à suivre).

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Source : Elfoutiyou
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Commentaires (1)

  • soueidaty (H) 18/04/2014 09:49 X

    Faut espérer que STAM ne fasse un estampillage (STAM PILLAGE). STAM a été introduite comme cheval de Troie en Mauritanie. Il faut suivre cette affaire de très près comme du lait sur le feu.