17-04-2014 14:31 - Jamil en France: 'Au nom de tous les miens'

Jamil en France: 'Au nom de tous les miens'

Biladi - Le président du parti Tawassoul s’est envolé mardi (15 avril) pour la France. A Paris, il doit être reçu par des responsables du Quai d’Orsay. C’est le premier contact officiel de cette formation politique, d’obédience islamiste, avec les autorités françaises.

Ce n’est certainement pas la première fois que Mohamed Jamil Ould Mansour, président du parti Tawassoul se rend en France. Il y a été bien avant, en 2003, pendant les années de braise où, lui et ses amis islamistes ‘’non conventionnels’’-c‘est-à-dire non alliés automatiques du pouvoir comme ce fut le cas pour presque toute la vieille garde du mouvement islamiste en Mauritanie- étaient pourchassés par le régime du président Ould Taya.

A l’époque son courant s’appelait les “réformistes centristes” et n’avait bien sûr pas encore un cadre politique légal dans lequel ses membres pouvaient exercer leurs activités politiques.

C’était à la faveur de la tentative de coup d’état avortée du 8 juin 2003 que Jamil et son autre ami militant de la même cause, Wadi’a, décidèrent de prendre le chemin de l’exil en Europe. Une expérience qui n’a pas été inutile dans la formation politique dans la mesure où il leur a été permis de voir un autre monde, une autre culture et un autre mode d’appréhender les problèmes.

Plus de dix années plus tard, voilà Ould Mansour devra revenir en Europe, particulièrement à Paris, pas comme exilé fuyant la tyrannie des maitres de chez lui mais en tant qu’invité du gouvernement français. Même si l’un de ses compagnons de route, qui s’est ouvert à Biladi, préfère un peu nuancer, en affirmant que Jamil était venu d’abord à l’ambassade de France à Nouakchott, en simple demandeur d’emploi “afin de pouvoir visiter ses partisans en Europe qui n’ont cessé de solliciter son arrivée chez eux”.

C’est à ce moment, précise notre interlocuteur, que l’ambassadeur français lui a proposé l’organisation de rencontres avec des officiels français. Belle coïncidence ou proposition opportune pour un homme comme Jamil qui ne laisse pas filer les occasions. Surtout par ces temps qui courent, marqués par une certaine animosité du pouvoir du président Aziz à l’égard de Tawassoul.

L’interdiction des activités de l’Association Al Moustaqbal, fondée par Cheikh Mohamed Al Hassen Ould Dedew, père spirituel des ex réformistes centristes devenus Tawassoul, constituerait le début de la répression de courant islamiste dans le pays. Un avertissement ou une alerte captée sur le champ par les intéressés.

Dans des conditions pareilles, une invitation officielle de l’ancienne puissance coloniale tombe comme un cadeau du ciel. D’autant plus que Jamil Ould Mansour répète toujours à ses amis qu’il “est toujours meilleur de pouvoir parler directement de soi-même plutôt que d’être présenté par les autres”. C’est pourquoi, il n’a pas hésité un instant à répondre positivement à l’offre française.

Dans ce cadre, il sera reçu le 23 avril au Quai d’Orsay par une ou deux personnalités au sein de ce ministère. Il pourrait même rencontrer le mauritanien conseiller de Manuel Valls. Ce dernier rendez-vous n’est pas encore confirmé mais les amis de Jamil en France y œuvrent de toutes leurs forces. En tout cas Ould Mansour, qui s’est fait représenter par l’un des dirigeants de Tawassoul aux assises du dialogue entre le pouvoir et l’opposition, doit passer une dizaine de journées en France et en Europe.

Son voyage dans ces contrées pas très favorables à l’Islam et à ceux qui s’y réclament, parait s’inscrire dans une vision stratégique des Islamistes mauritaniens qui, à l’instar de leurs frères tunisiens ou turcs, tentent par tous les moyens de rassurer un occident frileux et craintif de l’Islam…

Mais au-delà des objectifs propres à Tacassoul, est-ce que l’invitation française a un prix politique à payer par Tawassoul par rapport à sa position à l’égard de Mohamed Ould Abdel Aziz et de la participation à l’élection présidentielle imminente ? Aucun prix à payer, jure un dirigeant de ce parti qui explique que la formation islamiste est loin de tout cela et qu’elle est décidée plus que jamais à demeurer au sein de l’opposition au régime.

Quoi qu’il en soit, l’éloquent et désormais expérimenté président du parti Tawassoul est un grand manœuvrier politique qui ne laisse rien au hasard, travaille inlassablement pour “normaliser” sa formation aux yeux des autres et ne rate jamais d’occasion pour confirmer sa foi en la démocratie. Sera-t-il compris par ses interlocuteurs français comme tel ? En tout cas l’ambassadeur de France à Nouakchott ne tarit pas d’éloges sur lui. En public et en privé.

Mohamed Mahmoud Ould Targui



Les articles, commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.



Commentaires : 3
Lus : 2217

Postez un commentaire

Charte des commentaires

A lire avant de commenter! Quelques dispositions pour rendre les débats passionnants sur Cridem :

Commentez pour enrichir : Le but des commentaires est d'instaurer des échanges enrichissants à partir des articles publiés sur Cridem.

Respectez vos interlocuteurs : Pour assurer des débats de qualité, un maître-mot: le respect des participants. Donnez à chacun le droit d'être en désaccord avec vous. Appuyez vos réponses sur des faits et des arguments, non sur des invectives.

Contenus illicites : Le contenu des commentaires ne doit pas contrevenir aux lois et réglementations en vigueur. Sont notamment illicites les propos racistes ou antisémites, diffamatoires ou injurieux, divulguant des informations relatives à la vie privée d'une personne, utilisant des oeuvres protégées par les droits d'auteur (textes, photos, vidéos...).

Cridem se réserve le droit de ne pas valider tout commentaire susceptible de contrevenir à la loi, ainsi que tout commentaire hors-sujet, promotionnel ou grossier. Merci pour votre participation à Cridem!

Les commentaires et propos sont la propriété de leur(s) auteur(s) et n'engagent que leur avis, opinion et responsabilité.

Identification

Pour poster un commentaire il faut être membre .

Si vous avez déjà un accès membre .
Veuillez vous identifier sur la page d'accueil en haut à droite dans la partie IDENTIFICATION ou bien Cliquez ICI .

Vous n'êtes pas membre . Vous pouvez vous enregistrer gratuitement en Cliquant ICI .

En étant membre vous accèderez à TOUS les espaces de CRIDEM sans aucune restriction .

Commentaires (3)

  • antipervers (H) 18/04/2014 01:12 X

    Il est satisfaisant de constater que Tawassoul fait grand cas d’être reçu par « des personnalités » françaises, comme tous les partis en Mauritanie. Et que la France sait écouter tout le monde.

  • hamzaa (H) 17/04/2014 18:39 X

    À bien comprendre les dernières évolutions des frères musulmans, il faut savoir que cette formation obéit aux ordres de la nébuleuse islamiste, et que de surcroît ce coup ci, ils ont fait recours à la France pour savoir quelle doit être leur nouvelle attitude puisqu'ils viennent d'être déclarés bande de terroristes.

    La France est claire, et exige la participation au jeu politique et démocratique en Mauritanie. Donc, Jemil Mansour est invité à Paris pour obéir aux ordres de nos amis Français, et du même coup faire allégeance au Président Mohamed Ould Abdel Aziz.

    À entendre Dedew, dans ses dernières déclarations et on comprend, qu'ils sont cuits. Vive la Mauritanie, libre dans sa foi, vive la Mauritanie forte avec l'islam. À l'opposition démocratique de comprendre que les frérots ne ratent pas ce genre d'opportunité: ils cherchent l'argent, le peuple, et le pouvoir. Ils viennent de perdre les deux premiers, il leur reste de rentrer dans les rangs du pouvoir, et demain ils attaqueront l'opposition, et ils seront le pire ennemi de celle ci.

  • Top Gun (H) 17/04/2014 15:04 X

    Il arrive à concilier genteleman islamiste et le politiquement correct sans souci et ça marche !!!!!