Modernisation de la ville de Nouakchott où l’appât des chantiers du président Aziz ? Nouakchott est devenue une ville spéciale dont l’expansion, l’apport en termes économiques et la portée politique ne sont plus à démontrer. C’est fort de ce constat que le président Mohamed ould Abdel Aziz en fin politicien a fait d’une pierre deux coups.

Il tente non seulement à en faire une cité moderne, mais entend satisfaire la demande socio-économique avec de nombreux ouvriers sur ce que d’aucuns appellent « les chantiers d’Aziz ». Même si pour y parvenir il tente de gagner l’estime de certaines autorités religieuses telles des imams avec l’affectation de terrains. Des terrains souvent appartenant à des tiers et qui font déjà des émules.

Une stratégie de parti qui s’avère gagnante avec le plein feu lancé en grande pompe sur les travaux à la veille de l’élection présidentielle finalement largement remportée par lui. Néanmoins, d’interminables écueils continuent de se dresser sur le chemin de ce bilan de campagne qui l’aurait élu.

Les tergiversations, les tâtonnements et autres retournements de situation qui accompagne ce bilan en demi-teinte des chantiers d’Aziz entamés depuis 2009, nourrissent les suspicions des uns et des autres.

Nombreux sont en effet les habitants de Nouakchott et autres qui doutent de la bonne foi de notre président de moderniser Nouakchott malgré les travaux à différents endroits de la capitale et à croire son porte parole, M. El Houssein Ould Ahmed El Hady dans les colonnes du journal de campagne du Président, « le bilan de notre candidat est largement positif, bilan en termes de santé, d’infrastructures, d’éducation, de lutte contre la gabegie et l’utilisation rationnelle des moyens publics ».

Il a noté que concernant la santé, « les investissements sont passées de 700 millions pour passer à 4 milliards », même s’il est passé largement à côté du renforcement de l’unité nationale « à travers le règlement du passif humanitaire, le retour des rapatriés et leur insertion dans la vie active », car rien de tout cela n’a été fait.

Idem pour l’éradication de l’esclavage qui même si la volonté politique existe, la Mauritanie vit encore cette tare de l’esclavage qui est devenu tellement banal qu’il ne mérite plus d’intérêt sauf pour ceux qui luttent contre sa pratique.

Les manquements constatés par tout le monde sur les deux cas précités sonnent comme une gifle contre justement un homme et son staff, face à des citoyens qui ont perdu patience et qui ruminent leur mise à l’écart.

Une mise à l’écart aux allures d’une « mise à mort » programmée par un système qui veut faire table rase d’un passé douloureux, mieux il veut éviter le débat sur la question, à l’image du ministre de l’intérieur et de la décentralisation, interpellé sur le fait par un député de l’AJD/MR (voir Cridem du 8/7/2012). Mohamed Ould Ahmed Salem Ould Mohamed Rare de répondre au député qu’il « plaide pour sa communauté au détriment de l’unité nationale ».

Se singularisant par ce fait que la Mauritanie ce n’est pas encore « nous dans nous ». Ce feuilleton identitaire qui ressemble à une fable interminable, ne semble militer à des retrouvailles sereines et pérennes.

A l’intérieur du pays, on connait le lourd tribut payé par le mauritanien lambada face à un chômage qui gagne du terrain avec les nombreuses compressions dans certaines sociétés minières dont les travaux avancent à pas de caméléon.

Si l’opération de charme du président Aziz se poursuit pour Nouakchott avec la démolition des anciens blocs, l’extension de nouveaux quartiers, il semble compter beaucoup sur la modernisation de la capitale pour épater ses habitants. Une opération qui pourrait bien réussir si la rareté des finances publiques ne bloque les ambitions de notre homme.

Des ambitions déjà confrontées à un défi de taille pour décrocher la qualification de la modernité de la ville : la salubrité. A différents endroits, Nouakchott ville en chantier est un dépotoir à ciel ouvert où les déchets domestiques sont mélangés dans un total irrespect des normes de traitement. La gabegie ne commence-t-elle pas par l’absence de dispositif approprié à faire face ? C’est une question.

ADN