Nommé ministre délégué chargé de la Modernisation de l’Administration en août 2008, remercié en mars 2010, Wagne Abdoulaye Idrissa revient dans la cour des grands. L’intéressé a pris ses fonctions d’ambassadeur de Mauritanie à Paris ce 17 juillet 2014.

Sa désignation comme ambassadeur est liée en partie à la volonté des autorités qui visent à calmer les ardeurs des Negro-mauritaniens de France mobilisés contre le recensement des citoyens qu’ils jugent inique.

Certains observateurs de la scène politique nationale laissent entendre d’ores et déjà que le nouvel ambassadeur va s’investir corps et âme pour satisfaire le président de la République, car Wagne Abdoulaye Idrissa doit son entrée sur la scène politico-diplomatique au chef de l’Etat Aziz et à lui seul.

Issu d’une famille maraboutique du sud de la Mauritanie, Wagne naquit à Thialgou en 1961, décroche le bac en 81 et s’envole pour la Russie d’où il sortira ingénieur agro-économiste en 88.

En 1995 il intègre l’Université Senghor d’Alexandrie en Egypte, y glane un diplôme d'études professionnelles approfondies (D.E.P.A) en gestion d’environnement en 97.

La même année, il intègre le circuit du travail. Employé cinq ans durant dans le cadre du Programme de lutte contre l'abandon des terroirs villageois de l'Assaba, appelé aussi Programme Assaba, il y occupera différents postes.

Que retenir de son passage au Programme Assaba? N’allez surtout pas demander aux habitants de Kiffa, capitale régionale de l’Assaba, où la plupart des gens ne se souviennent pas de Wagne Abdoulaye Idrissa, qui cultiverait le goût de la discrétion.

En 2003, Wagne - que certains collaborateurs de travail décrivent comme un cadre compétent, un homme pieux, généreux - est désigné consultant national chargé de la préparation du Projet d'appui aux communes de l'Assaba qui serait en fait un prolongement du Programme Assaba.

En 2005 il se retrouve à l’Agence d'Exécution des micro-projets et passe en 2007 à Intermon Oxfam où il s’engage comme consultant.

En août 2008, l’homme qui jusque-là n’a jamais été véritablement un fonctionnaire de l’Etat se retrouve nommé - comme ça - ministre délégué chargé de la Modernisation de l'Administration et des nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Sa nomination il la doit au général Mohamed Ould Abdel Aziz auteur d’un coup d’Etat dénoncé par une frange importante des cadres du pays mais que Wagne à l’instar de bon nombre d’autres personnes a décidé d’accompagner.

Son expérience en tant que ministre délégué sera de courte durée. En effet le 31 mars 2010 un remaniement ministériel partiel décide de la suppression du portefeuille du ministère délégué chargé de la Modernisation de l'Administration et des nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication dont les deux composantes seront rattachées aux ministères de l’Emploi et celui de la Fonction publique. Conséquence, l’expert agro-économiste devenu ministre à la faveur d’un putsch se retrouve sans emploi.

Chassé par la porte, Wagne Abdoulaye Idrissa rentre par la fenêtre en juillet 2011 date à laquelle il est nommé chargé de mission à la Présidence de la République. Le 17 février 2014, il est désigné ambassadeur de Mauritanie en France mais reste en R.I.M.

Quelques jours seulement après sa nomination, il entame - en compagnie du général Dia Adama Oumar - une tournée pour vaincre les réticences des populations de certaines localités du Brakna opposées à l’implantation du projet agricole dit projet Rahiji qui s’apparente à une expropriation des terres de populations en question.

Enfin le 17 juillet 2014, Wagne Abdoulaye Idrissa prend ses fonctions d’ambassadeur. A-t-il suffisamment appris à manœuvrer au cours de sa tournée avec le général Dia au Brakna? Quoiqu’il en soit gageons que la vie pour lui à Paris ne serait facile que si les autorités aux doléances des émigrés mauritaniens mobilisés, depuis bientôt deux ans, contre le recensement des citoyens qu’ils jugent discriminatoire.

SC