Malijet - Initialement prévu pour 48 heures, la phase initiale du dialogue inclusif inter-malien aura finalement duré une semaine. C’est ce jeudi, à priori, que cette première phase doit prendre fin. Du haut de ses ambitions machiavéliques, le MNLA est en train de montrer à la communauté internationale son vrai visage.

Loin des beaux discours prononcés ça et là, le MNLA a son propre agenda. Lassés de ses sautes d’humeurs, ses alliés l’abandonnent. « Quand quelqu’un nage c’est son ventre seulement qui est dans l’eau sinon on voit son dos », dit l’adage. En effet, après avoir savamment organisé l’installation des groupes armés dans le septentrion malien, le MNLA et compagnies ont tenté de faire du Mali un Etat islamique.

Ce projet ayant échoué, ils ont, dans leur imagination, tracé des lignes et réclamé l’indépendance pour une partie du territoire national baptisée « Azawad». A Ouagadougou, ils ont du se rendre à l’évidence : personne, ni même la communauté internationale ou encore les populations qu’ils prétendent représenter ne veulent la partition du Mali.

Alors, ils ont changé de langage. C’est l’autonomie qui devient le mot à la mode. Mais qu’on ne s’y trompe pas : « autonomie – indépendance », « indépendance-autonomie», c’est juste un jeu de mot pour eux. La feuille de route de la fantomatique Coordination des Mouvements Armés de l’Azawad ne fait pas de doute à ce sujet.

Cet autre « Accord » en devenir est un pis-aller pour eux, faute de pouvoir réaliser leur projet initial. Cet accord est pour eux la dernière carte à abattre. D’où leur tentative de faire tourner en rond et le gouvernement et les médiateurs.

Mais le problème, c’est qu’à Alger, les « dérapages » de Mohamed Djéri Maïga, alors porte-parole de la Coordination des Mouvements Armés de l’Azawad, ont fait grincer les dents. Même dans son propre camp. Dès l’ouverture des pourparlers, il avait claqué la porte arguant qu’il leur était inadmissible que les « milices proches de Bamako » soient associées aux négociations, avant de se ressaisir.

Animé par un excès de zèle, le personnage avait affirmé que les choses allaient trop vite et qu’il fallait des mois, voire une année de négociation pour aboutir à un accord de paix. Mais le vice-président du MNLA semble avoir oublié que depuis deux ans, les populations qu’il prétend défendre souffrent dans leur chaire et que chaque seconde perdue, représente pour elles, un temps infiniment long.

Pour ces « dérapages », M. Mohamed Djéri Maïga, avait été démis de ses fonctions, vendredi dernier et remplacé par Alghabass ag Intalla, secrétaire général du Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad (HCUA). C’était la seule condition pour le MNLA d’avoir, encore, un allié dans les prochains jours.

Car, les autres groupes, notamment le MAA, l’accusent de « faire le jeu de la France » et tentent de constituer une coalition de leur côté. Selon le quotidien national algérien Liberté, les autres membres de la coalition « ayant certainement compris le risque de leur mise en minorité, ont opté pour une posture “modérée”, accommodée aux objectifs du dialogue».

Le journal révèle en outre que le manque de volonté du MNLA d’aller à un dialogue sincère a failli faire capoter cette phase initiale. Mais qu’avec « la sagesse des autres groupes et la diplomatie des partenaires, le coup a été rattrapé et le MNLA est remis à sa place, à sa juste place ».

Mamadou Togola